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Soins à l’ombrele médicament de la pharmacie à la cellule
Souvent décriée ou fantasmée, la prise en charge sanitaire en milieu carcéral a mauvaise réputation. L’équipe de Porphyre s’est laissé enfermer au centre pénitentiaire d’Avignon – Le Pontet (Vaucluse). Une journée pour observer et partager l’expérience de l’unité de soins. Le bilan est assez surprenant.
Messieurs, mesdames du médical, encore merci de toute votre attention et écoute avec moi, je vous quitte mais pas avec ma mémoire et mon cœur, j’aurai toujours une pensée pour vous et leur dirai à l’autre prison que vous êtes comme ma famille… » Signé :« M., un jeune VIH-VHC qui se sentait bien avec vous. » Ce mot a été envoyé par un ancien détenu transféré en centrale*. Visiblement émue, l’infirmière cadre Monique Santacreu déchiffre patiemment les quelques phrases truffées de fautes. Puis les range dans un classeur, parmi d’autres lettres de détenus, archivées tels des trésors. « Ce sont ces courriers qui nous portent, ils parlent de la manière toujours digne dont les détenus sont traités ici. » Autant de témoignages qui contredisent l’idée ancrée d’une prise en charge sanitaire toujours déplorable en milieu carcéral. Des expériences positives existent. Au centre pénitentiaire du Pontet en tout cas.
Une enclave hospitalière. Ici, rien n’est gris. En ce matin de novembre, les locaux peints de couleurs vives du centre pénitentiaire du Pontet se réchauffent sous un ciel azur, baigné de soleil. L’ambiance est calme, l’accueil des surveillants cordial, on est définitivement loin de Prison Break et autres stéréotypes télévisés. Pour les non-initiés, pénétrer l’univers carcéral reste néanmoins impressionnant : miradors, filets antihélicoptères, dédales de portiques… Nous progressons sous escorte sécuritaire, au rythme des portes blindées, verrouillées derrière nous dans un bruit sec. Sitôt franchie la porte de l’unité de consultations et de soins ambulatoires (UCSA), l’ambiance se relâche. « On a des services accueillants, des locaux impeccables, on ne se sent pas en prison », remarque Monique Santacreu. Si ce n’est les barbelés par la fenêtre, « l’infirmerie », comme on la nomme ici, ressemble en tout point à un service de soins. Et pour cause, conformément à la réforme de 1994 (voir encadré), elle n’est autre qu’un service de l’hôpital public déporté géographiquement. Deux services plus précisément, une partie somatique, qui s’occupe des soins du corps, rattachée au CH d’Avignon, et une partie psychiatrique, rattachée au CH spécialisé de Montfavet. Chaque entité a ses salles de consultation, auxquelles s’ajoutent un cabinet dentaire, une salle de radiologie, une pharmacie interne. « L’idée est d’assurer au maximum les soins à l’intérieur tout en offrant une qualité équivalente à l’extérieur », explique le Dr Alain Wajsbrot, responsable de l’unité. L’objectif est ainsi de réduire les consultations des détenus à l’hôpital extérieur, appelées « extractions », qui nécessitent une logistique lourde : prise de rendez-vous, jour et heure de convocation inconnus du malade, accompagnement par deux surveillants, isolement maximal du détenu pour éviter la rencontre avec d’autres patients et la stigmatisation des menottes… Extractions qui faute de plateau technique suffisant à l’intérieur de la prison restent systématiquement nécessaires pour l’ophtalmologie, les scanners ou la cardiologie. Mais la majorité des soins courants sont assurés à l’UCSA par deux équipes de soignants, payés par l’hôpital, qui travaillent main dans la main (voir encadré). « En particulier pour les addictions prises en charge ici, dans l’unité somatique, ce qui n’empêche pas une prise en charge psy », précise le chef du service, spécialisé en addictologie. Bilan d’entrée, soins quotidiens (prélèvements sanguins, consultations, vaccinations…), préparation et distribution des médicaments (voir reportage photo), mise à jour des dossiers médicaux, régulation des consultations selon l’urgence… on ne chôme pas à l’UCSA, qui reçoit en moyenne 80 détenus par jour. Plus qu’un lieu de soins, l’infirmerie est devenu un lieu ressources, une bulle d’extérieur protégée par le secret médical. Ici, la confiance s’installe, les langues se délient. « Il y a des plaintes non médicales, liées à leur vie carcérale, aux soucis avec d’autres détenus, au racket, il faut parfois décoder », précise Monique Santacreu. Dès leur entrée en détention, une plaquette traduite en anglais, espagnol, italien, roumain et arabe expose au détenu les soins qu’il peut recevoir en toute confidentialité. Quand il passe la porte de l’infirmerie, il devient patient et il le sait. Pour le Dr Wajsbrot, c’est une avancée considérable : « La nouvelle génération de détenus sait notre indépendance, on a mis des années à obtenir ça. »
Des soins au diapason du milieu carcéral. Offrir des soins de qualité est un défi d’autant plus ardu qu’ils doivent intégrer les contraintes spécifiques du milieu carcéral. Les obligations réglementaires d’abord. Ici, les détenus ne choisissent pas leurs soignants, mais doivent être vus obligatoirement à leur entrée, pour un bilan au cours duquel sont proposés les dépistages (VIH, hépatites, syphilis, tuberculose…) et recherchés les addictions et troubles mentaux éventuels. Ceux des quartiers disciplinaires et d’isolement doivent aussi être vus systématiquement, deux fois par semaine, même si cette procédure agace le Dr Wajsbrot : « Elle n’est plus fondée et date du temps des cachots, ces détenus peuvent venir à l’UCSA comme les autres. » Il faut aussi planifier les visites en prenant garde que les détenus des diverses unités ne se croisent pas, mineurs et majeurs, en attente de jugement ou condamnés.
D’autres difficultés ont trait à la population carcérale, majoritairement jeune (entre 18 et 40 ans), précarisée, issue de milieux sociaux défavorisés et pour une forte proportion de l’immigration. Beaucoup parlent mal français, les moyens intellectuels sont limités. « Il y a une méconnaissance totale de la santé, les infirmiers passent ici leur temps à éduquer ? », remarque le Dr Wajsbrot. L’état dentaire notamment est catastrophique, les dents « pourries » par le manque d’hygiène et l’alimentation sucrée, souvent avant 25 ans. La pathologie dans ces tranches d’âge est par ailleurs surtout infectieuse – la prévalence de l’hépatite C est 10 fois supérieure à la population générale, le VIH 5 fois –, mais aussi traumatique, ORL et dermatologique. « La prévalence est plus élevée chez les détenus, car beaucoup ne se soignent pas à l’extérieur », précise le chef du service. Et bien sûr les addictions. « C’est énorme, l’alcool et/ou le tabac et/ou d’autres drogues, cannabis, cocaïne, héroïne, tout… ça concerne environ un détenu sur deux. »
Enfin l’enfermement et la promiscuité constituent des facteurs de fragilisation, notamment psychique. Le Dr Durand, psychiatre à l’unité estime que 7 à 10 % des détenus souffrent d’une pathologie psychiatrique. « On fonctionne comme un CMP, on évalue l’état psychique dès l’arrivée, on met un traitement en place, médicamenteux ou non, et on vérifie s’il est suivi. » Difficile cependant de faire la part des choses entre troubles existants, acquis ou aggravés, chaque histoire est unique. « La différence, peut-être, est qu’on prescrit des psychotropes pour permettre de supporter la détention. »
Blancs-bleus dans le même bateau. Six surveillants se relaient à l’UCSA pour assurer la sécurité, dispatcher les détenus et les accompagner si besoin vers l’hôpital… Trois fois par semaine, la distribution des médicaments en cellule s’effectue en tandem, un bleu (surveillant) avec un blanc (soignant). Leur autonomie ne dispense pas les soignants de travailler en partenariat avec l’administration pénitentiaire. « Le lien bleu-blanc est très bon, il y a une nouvelle génération de bleus qui sont mieux formés et apprennent le sens du soin », assure le chef du service. Même si parfois les bleus se disent exaspérés par certains détenus qui profitent de la situation pour justifier des comportements anormaux, ils comprennent l’enjeu du secret médical. Célia, surveillante à l’UCSA, a parfaitement intégré ce droit : « On n’est pas soumis au secret comme les blancs, mais on sait que certaines informations ici doivent rester confidentielles. » Soucieuse de sa neutralité, l’équipe médicale a fait le choix de ne pas participer aux CPU (commissions pluridisciplinaires uniques) du centre pénitentiaire. Elle se sait pourtant dans le même bateau que l’équipe pénitentiaire et ne manque aucune des réunions de fonctionnement bleus-blancs, toutes les six semaines, où sont abordés les problèmes logistiques du service et les patients en difficulté. « L’ambiance est bonne, car chacun garde sa place, précise Monique Santacreu, un travail énorme de collaboration s’est mis en place. » Les bleus sont formés à faire des observations sur l’état de santé des détenus. Les situations à problème, consignées dans les « fiches problème », sont transmises par mail à l’UCSA. Pour le Dr Durand, psychiatre, c’est un travail « en miroir », particulièrement important lorsqu’ils détectent un risque de suicide. Les suicides en prison sont redoutés, d’un point de vue humain d’abord, mais aussi parce qu’il faut rendre des comptes. « Les bleus alertent, et on peut recevoir le détenu dans le quart d’heure. »
Trafic ou soin, à eux de choisir. « Les fioles préparées en broyant des comprimés dans l’eau trois jours à l’avance et prises devant l’infirmier, j’ai connu, mais heureusement c’est fini ! » s’exclame Brigitte Chagot, infirmière cadre de l’unité psychiatrie. Hormis pour 14 détenus sous méthadone et quelques autres qui n’en ont pas les capacités, la plupart des détenus gèrent leur traitement en cellule. Revers de la médaille, le principe de l’autonomie et de l’ingestion libre est une porte ouverte au trafic en interne. Pour le Dr Durand, le trafic, simple reflet de l’extérieur, est inévitable. « On vit avec, c’est gênant d’un point de vue humain et médical, comme à l’extérieur d’ailleurs, mais ici il y a davantage une notion de subsistance. » À l’UCSA d’Avignon, les médicaments à connotation toxicomane, comme le Rohypnol ou le Tranxène, sont bannis. Mais le trafic s’organise autour de la buprénorphine, des anxiolytiques, des hypnotiques. « C’est un problème qui appartient avant tout à la pénitentiaire, mais les signalements et l’informatisation des traitements nous permet de collaborer », précise la psychiatre. Infirmière somatique, Anne confie que certains deviennent accros par le biais du trafic en interne et finissent par demander une prise en charge médicale. Évidemment, toute prise en charge se fait après vérification de leur consommation réelle par dosage urinaire. « Certains subissent des pressions, d’autres sniffent ou s’injectent n’importe quoi, on préfère distribuer nous-même la “bupré”, au moins on sait ce qu’ils prennent ». Sur ce sujet, le Dr Wajsbrot positionne clairement l’unité en proposition de soin. « Ceux qui veulent du soin viennent en soin, les autres peuvent aller vers le trafic. C’est le détenu qui choisit. » Côté prévention, si personne n’ignore la circulation des seringues, aucun programme d’échange n’est permis en prison. L’UCSA met à disposition un kit d’hygiène contenant de l’eau de javel pour les nettoyer, des préservatifs et mise surtout sur l’information individuelle. À l’entrée, le rendu des résultats de sérologie est l’occasion d’un entretien sur les infections et leur transmission.
Mieux qu’à l’extérieur ? « Si pour une fois on peut dire quelque chose de positif, c’est qu’on a atteint ici un très bon niveau de soin », estime le Dr Wajsbrot, pour qui l’accès aux soins est énorme pour ces populations. « Les associations pleurent toujours sur la prise en charge du VIH en prison, pour moi c’est une chance de se soigner qu’ils n’ont pas forcément dehors, leur meilleure chance de se soigner. » Un sentiment d’opportunité de soins d’ailleurs partagé par les détenus (voir témoignages). De là à considérer que la prise en charge peut être meilleure qu’à l’extérieur, il n’y a qu’un pas que Brigitte Chagot n’hésite pas à franchir. « Les détenus ont la possibilité de venir en soin tous les jours a l’UCSA, et d’avoir un rendez-vous rapidement avec le psychiatre, sous 48 heures, voire immédiatement, alors qu’en CMP il faut parfois attendre un mois… » L’éducation thérapeutique aussi est plus aisée. Chaque consultation médicale est assistée d’un infirmier qui connaît bien l’histoire médicale et pénitentiaire du patient, et suivie de la délivrance souvent immédiate du traitement et des conseils adéquats. « On pratique le partenariat direct médecin, éducation thérapeutique et remise du médicament, on est en avance sur cette organisation qu’on voudrait à l’extérieur », remarque le chef du service. Enfin, côté soignants, ne leur demandez pas de changer leur place pour une autre ! Plus de liberté, d’initiatives, moins de hiérarchie, meilleure qualité de travail… « Ici, je ne passe pas mon temps à gérer les pénuries, on est beaucoup dans l’éducatif, on a le temps de remplir pleinement notre rôle », apprécie Monique Santacreu. Et puis, au fil des jours, voire des années, des liens se créent avec les détenus. « En psychiatrie, on parle de transfert », explique Brigitte Chagot, qui souligne que certains détenus s’impliquent dans leur soins et/ou dans leur psychothérapie. « Il y a de belles rencontres. Je suis persuadée des possibilités de remettre des détenus dans le bon chemin. Pas toujours, mais quelquefois. » Propos tempérés par Monique Santacreu, qui souligne que ça n’est pas toujours facile non plus, certains détenus n’ont que des droits et savent en jouer. Avant de conclure : « Malgré tout quand on vient travailler ici, on n’a plus envie d’en repartir. D’être enfermé, ça ouvre… »
* Les centrales sont des établissements pénitentiaires qui accueillent les détenus les plus difficiles et/ou condamnés à de longues peines.
Évolution de l’organisation des soins en prison
Avant 1994, la prise en charge sanitaire des détenus, est à la charge de l’administration pénitentiaireet se fait par le personnel médical vacataire, recruté par le ministère de la Justice.
1986 : création de 24 services médico-psychologiques régionaux (SMPR) en maisons d’arrêt.
1989 : montée en puissance du VIH. Conventions avec les services hospitaliers et les Cisih (centres d’information et de soins de l’immunodéficience humaine) pour tenir des consultations au sein des prisons.
1994* : transfert de la prise en charge sanitaire des détenus vers le service public hospitalier.
Dès lors :
• les soins sont dispensés par des unités de consultations et de soins ambulatoires (UCSA), unités hospitalières délocalisées qui organiseront le recours à l’hôpital chaque fois qu’il sera nécessaire.
• les soins psychiatriques courants sont assurés par les secteurs de psychiatrie au sein des UCSA, les soins plus spécialisés par les SMPR.
2000 : création de huit unités hospitalières sécurisées interrégionales (UHSI) au sein de CHU (170 lits).
2002 : création d’unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) pour les hospitalisations psychiatriques des personnes détenues (705 lits).
2010-2014 : Un plan d’action stratégique** propose de renforcer la prise en charge sanitaire selon divers axes (prévention renforcée des suicides, éducation à la santé, accessibilité aux soins en santé mentale, amélioration des structures…).
* Loi n° 94-43 du 18 janvier 1994 relative à la santé publique et à la protection sociale.
** Politique de santé pour les personnes placées sous main de justice, émanant des ministères de la Santé et de la Justice.
Les chiffres de l’incarcération en France (au 1er janvier 2011)
60 544 personnes incarcérées, dont 15 702 personnes prévenues (en attente de jugement) et 44 842 condamnées. 688 sont mineures (1,1 %).
Parmi les condamnés, 8 467 personnes (16,5 %) bénéficient d’un aménagement de peine (placement à l’extérieur, semi-liberté ou surveillance électronique).
Le parc pénitentiaire compte 56 358 places opérationnelles, réparties dans 199 établissements pénitentiaires, dont :
– 106 maisons d’arrêt : détenus en attente de jugement (dits « en préventive ») ou condamnés à de courtes peines (reliquat de peine après jugement inférieur à un an).
– 87 « établissements pour peine », comprenant :
• 24 centres de détention (détenus condamnés à des peines de durée moyenne supérieure à un an, et qui présentent un bon profil de réinsertion).
• 6 maisons centrales (détenus condamnés à des peines longues et/ou difficiles, pour qui les perspectives de réinsertion sont incertaines).
• 37 établissements pénitentiaires mixtes (au moins deux quartiers différents).
• 6 établissements pour mineurs (EPM) pour les détenus de 13 à 17 ans.
• 12 centres de semi-liberté (CSL) : les détenus peuvent travailler, se former ou avoir un suivi médical à l’extérieur. 86 % des condamnés purgent une peine inférieure à 3 ans.
Monsieur F., 42 ans. Détenu depuis 17 mois.
Traitement : 1 injection de Haldol une fois par mois, 2 cp de Xanax 3 fois par jour, 1 cp d’Atarax 3 fois par jour, 1 cp d’Imovane le soir, 1 cp d’Akineton LP par jour.
Pour Monsieur F., c’est « le jour de bascule ». Après avoir pris chaque jour durant 17 mois son traitement à l’UCSA, dès demain il le recevra et le gérera en cellule.
« J’ai pris l’habitude de venir tous les jours, ça permet de dialoguer, de transmettre ce qui ne va pas et d’obtenir une réponse adéquate. À mon arrivée, c’était impossible de gérer mon traitement autrement, j’étais trop replié sur moi-même, j’aurais pu mal le prendre et mettre ma vie en danger. Je n’avais pas de repères, les clés, les barreaux, la vie avec un codétenu… C’est très difficile quand on ne connaît pas ce milieu, l’enfermement a aggravé mon état de santé. Heureusement, l’équipe médicale permet de dédramatiser la situation. Au début, je venais deux fois par jour, 10 minutes, une demi-heure, plus s’il le fallait. Avant d’être en prison, je voyais un psychiatre deux fois par mois… Ici l’équipe est plus à l’écoute, elle sait que ça peut-être dangereux l’incarcération, les soins sont de qualité, à l’extérieur aussi, mais ici ça prend tout son sens. Paradoxalement, c’est la privation de liberté qui nous apprend qu’il faut prendre soin de nous, et si ce travail se fait, c’est qu’on est aidé. J’ai commencé un travail psychologique, je vois l’alcoologue aussi. Ça me fait peur de ne plus venir tous les jours, même si je sais que je peux revenir discuter quand je veux. Sans ce suivi, j’aurais peut-être fait une bêtise… »
Distribution quotidienne de la méthadone à l’UCSA
– La distribution de la méthadone se fait systématiquement de manière quotidienne à l’UCSA.
– Méthadone : 12 traitements au centre du Pontet (contre 45-50 sous BHD).
– Une armoire sécurisée dédiée, un bac par patient.
– Prise orale sur place.
– Dosage moyen autour de 80 mg. Peut être mis en place au Pontet, généralement augmenté rapidement par paliers de 10 mg, puis diminué très progressivement.
Pour Anne, infirmière qui s’occupe plus particulièrement de la délivrance, « la méthadone marche mieux au niveau stabilisation, psychologique. Ceux qui sont bien avec la méthadone sont vraiment bien physiquement. Souvent ils continuent leur suivi dehors, car ils sont plus encadrés, ils voient un médecin et le pharmacien tous les 14 jours ».
Monsieur K., 33 ans. Détenu depuis 19 mois.
Traitement : Glucophage 1000 (1/jour), Pravastatine 20 (1/jour).
« Dehors j’avais un traitement pour le diabète depuis 2007, mais je le suivais mal, je n’y pensais pas. On m’avait sans doute expliqué, mais je n’étais pas à l’écoute. Ici, ils ont persisté jusqu’à ce que j’entende. Pour être franc, c’est parce qu’ils étaient là que je me suis préoccupé de mon diabète. Ils font plus que répondre, ils vont au-delà des questions. Mais ce n’est pas comme ça dans toutes les prisons… Ce n’est pas facile de faire attention parce que je cuisine pas mal de pâtes dans ma cellule, et on a seulement 1 h 30 de stade par semaine. Mais tous les 3 mois, je fais ma prise de sang pour l’hémoglobine glyquée, et tout va bien. Venir à l’infirmerie permet de sortir de ma cellule, l’équipe médicale est joyeuse, ce sont des braves gens attentionnés. Je sais déjà que dehors je ne serai pas aussi sérieux, j’irai voir le docteur une fois par an, peut-être… Ici, c’est une aide sur un plateau. Ce ne sont pas des je-m’en-foutistes les gens de l’infirmerie, ils sont toujours là pour me dire “attention à la cigarette” ou “tu regrossis”. Qui en ferait autant dehors, à part ma mère peut-être ? »
Une consultation à l’UCSA
• Demande de rendez-vous ou convocation des soignants (suivi, renouvellement, prise de sang…).
• Régulation des priorités par les infirmiers de l’UCSA.
• Convocation des détenus par créneaux horaires selon leur lieu d’incarcération (centre de détention, mineurs, maison d’arrêt, quartiers d’isolement ne doivent pas se croiser).
Une pharmacie interne à l’UCSA
– L’UCSA dispose d’une pharmacie interne. Un stock tampon (antibiotiques, sérums physiologiques, pansements, antalgiques, Previscan, Lasilix…) permet de faire face :
• aux demandes urgentes ;
• aux dépannages (week-end, patients entrants…) pour lancer un traitement aigu ou chronique le temps d’obtenir une consultation puis une ordonnance délivrée par le CHA ;
• aux affections courantes (blessures, gastro-entérites, douleurs dentaires, rhinopharyngites, coup d’arc pour l’atelier de soudure, sevrage alcoolique…), pour lesquelles des protocoles validés par l’UCSA sont mis en place par les infirmiers qui piochent dans la dotation selon leurs besoins.
– La liste des produits disponibles est établie par le CHA et réactualisée chaque année. La dotation est renouvelée selon les besoins chaque semaine par Mme Assaad, qui se déplace à l’UCSA pour faire le point avec les infirmiers.
Dans la pharmacie se trouvent également les traitements psychotropes et somatiques qui sont pris quotidiennement sur place.
– Les contraintes galéniques. Sont privilégiées les formes orales et les formes liquides sans alcool. Sont évités les flacons de verre, les gouttes (délivrées à l’UCSA, jamais en cellules), les gommes nicotiniques (qui sont mâchées puis servent à obturer les serrures des cellules…).
Centre pénitentiaire du Pontet
– Mise en service en mars 2003.
– Capacité d’accueil théorique actuelle : 605 places.
Plusieurs unités d’incarcération :
– Une maison d’arrêt. Détenus en attente de jugement (préventive) ou qui purgent une peine < 1 an. Capacité habituelle : 360 détenus. Actuellement : 550 détenus, 2 bâtiments.
– Un centre de détention. Détenus condamnés avec un reliquat de peine < 5 ans, en attente d’une place en centrale ou en fin de peine longue. Capacité fixe : 180 places.
– Un quartier de mineurs. Pour les 13 à 17 ans. 20 places.
– Un quartier arrivant. Accueil des détenus majeurs pendant une semaine. 23 places.
– Un quartier disciplinaire. Détenus qui commettent une petite infraction. 9 places. Maximum 20 jours.
– Un quartier d’isolement. Détenus violents ou dont la sécurité est menacée. Pas de délai maximal.10 places.
L’UCSA (unité de consultations et de soins ambulatoires).
Un secteur somatique dépendant du centre hospitalier d’Avignon et un secteur psychiatrique rattaché au centre hospitalier de Montfavet.
Chef de service somatique responsable de l’UCSA : Dr Alain Wajsbrot, praticien hospitalier, médecin généraliste, spécialisé en addictologie.
Chef de service psychiatrique : Dr Di-Manno.
L’équipe somatique : 7 infirmiers(ières) + 1 cadre de santé à temps plein ; 3 généralistes, qui se relaient pour au total 1,5 temps plein ; 1 dentiste un après-midi par semaine assisté d’un aide-soignant ; 1manipulateur en radiologie tous les matins, 1 kinésithérapeute 2 matinées par semaine, 1 infirmière et 1 médecin tabacologue.
Des spécialistes hospitaliers vacataires 1 ou 2 fois par mois : ORL, orthopédiste, tabacologue, gastro-entérologue, manipulateur en radiologie, kinésithérapeute, dermatologue (libéral)…
L’équipe psychiatrique : une infirmière cadre à mi-temps ; 2 psychiatres ; 5 infirmiers(ières); 3 psychologues.
Ouverture de 8 h à 18 h du lundi au vendredi, 2 infirmiers de 9 h à 17 h le week-end, continuité des soins assurée par le centre 15.
Quelques Chiffres en 2009
– 8 584 ordonnances délivrées (+ 22 % par rapport à 2008, hausse principalement due à l’augmentation des traitements : + 88 % pour le VIH et les hépatites).
– 356 557 euros de dépenses médicamenteuses, soit + 53 % par rapport à 2008. En cause principalement : + 99 % des dépenses en traitement psychiatriques (avènement des antipsychotiques onéreux, type Zyprexa ou Risperdal) et + 98 % des dépenses concernant le VIH et les hépatites.
À noter : – 17 % pour les traitements substitutifs aux opiacés.
– 1 316 patients vus en psychiatrie, 2 128 consultations par un psychiatre, 2 382 par un psychologue, 13 346 entretiens avec un infirmier spécialisé.
– 95 689 psychotropes reconditionnés en dose unitaire.
– 29 381 sachets nominatifs préparés.
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