Quels métiers après le BP ?

Réservé aux abonnés
Publié le 1 avril 2005
Par Christine Julien
Mettre en favori

Le BP en poche, vous voilà parti avec l’idée d’acquérir de nouvelles compétences, voire un nouveau métier. « Porphyre » a débusqué des métiers accessibles à tous les préparateurs désireux de donner un nouveau tournant à leur carrière.

À priori, le BP n’ouvre guère les horizons. C’est le constat sans appel de Gérard Berg, directeur du centre d’information et d’orientation de Saint-Ferréol/Marseille-II, dans les Bouches-du-Rhône. « Derrière le BP de préparateur en pharmacie, il n’y a pas de possibilité d’évolution de carrière, hormis l’ancienneté. Comme son nom l’indique, le BP est un brevet professionnel qui n’est pas fait pour aller voir ailleurs. » Un brevet professionnel est un diplôme de métier, une sorte de fin en soi. « Pour une reconversion, continue Gérard Berg, la seule possibilité consiste à utiliser le BP comme diplôme de niveau IV – équivalent au niveau bac – qui ouvre la possibilité de se lancer dans des études supérieures. En sachant toutefois que le BP n’étant pas un diplôme d’enseignement général, son détenteur risque d’avoir des difficultés pour envisager des études supérieures dont la base est l’enseignement général. » Alors, point de salut avec le BP ? N’allons pas jusque-là. Porphyre a tenté de lister les voies les plus accessibles aux titulaires du BP. Deux formations en particulier trouvent un vivier de candidats chez les préparateurs parce qu’elles permettent d’optimiser ses acquis dans le domaine de la santé. Il s’agit du diplôme de conseiller en dermocosmétique et du certificat de technicien orthopédiste-orthésiste.

Se spécialiser en dermocosmétique.

« Je voulais une formation me permettant de me démarquer des autres et que je puisse mettre en avant. Une qualification supplémentaire, un “plus” », explique Myriam Deflaoui, préparatrice de 26 ans. Pour ce faire, elle poussera les portes du Centre Botticelli pour s’inscrire à la formation conduisant au titre de conseillère en dermocosmétique. Pendant dix-huit mois, les élèves découvrent les produits cosmétiques de A à Z. « Grâce à cette formation, on devient plus critique face à l’information délivrée par les laboratoires », estime Myriam, qui reconnaît que ce diplôme, dont elle vient de passer la dernière épreuve le 11 mars, lui a également permis de découvrir un autre univers, celui de la beauté.

Mère célibataire de deux enfants de deux ans et demi et huit ans, Myriam n’a pas lésiné sur les efforts. Armée de courage, elle a aussi affronté le manque de motivation de son employeur et les refus du Fongecif pour la prise en charge de cette formation. « Mon titulaire me considérait comme une bonne employée, consciencieuse. J’ai mis en avant les atouts de cette formation pour l’officine, laquelle avait un potentiel pour développer le secteur parapharmacie », se souvient Myriam. Après deux semaines de réflexion, conquis par la détermination de Myriam, le titulaire appuyera sa deuxième demande au Fongecif avant d’accepter qu’elle fasse cette formation dans le cadre du plan de formation avec un financement OPCA-PL, moins avantageux pour lui. En contrepartie, Myriam est venue plus souvent travailler à l’officine. Ses projets ? « À court terme, j’aimerais développer le secteur parapharmacie de l’officine, avoir plus de responsabilités, organiser les rayons et gérer l’équipe. À moyen terme, j’aimerais devenir formatrice sur le terrain pour les laboratoires. Je suis d’ailleurs en train de préparer le permis de conduire. Enfin, dans quelques années, j’aimerais mettre en place l’idée d’un nouveau concept de magasin. »

Diplôme homologué de niveau IV de conseiller(ère) en dermocosmétique Diplôme de visite médicale

Et Hassina Chabaraka, directrice du Centre Botticelli, de souligner : « On apporte des solutions pratiques à mettre en œuvre à l’officine, ainsi qu’une culture professionnelle ». Reconnu dans la convention collective, ce diplôme de dermocosmétique apporte aux préparateurs une augmentation de 10 % du salaire. Depuis 1996, 312 conseiller(ères) en dermocosmétique sont sortis de Botticelli dont près de 75 % étaient préparateurs. Si l’origine première de cette formation est d’acquérir une spécialisation en dermocosmétique pour l’officine, elle permet également d’envisager de travailler dans un autre réseau comme une parapharmacie ou de devenir formatrice soit pour des laboratoires, soit pour des organismes de formation. C’est ce que fait Rachel Durquetty, ancienne élève de Botticelli, préparatrice et formatrice pour Conseils & Performances et l’IFPC auprès des équipes officinales.

Orthopédie : un autre métier.

Plus qu’une spécialisation, le certificat de technicien supérieur orthopédiste-orthésiste ouvre les portes d’un autre métier et d’un autre univers. Encore faut-il accepter de rempiler pour une année d’études avec matières scientifiques et activités manuelles ! « Je reste persuadé que ce qui pousse en premier les préparateurs à suivre cette formation, c’est de quitter l’officine », avance Serge Maximin. Cet ancien préparateur est responsable de la formation conduisant au certificat de technicien supérieur d’orthopédiste-orthésiste à l’ACPPAV de Poissy. Depuis 1999, date de son entrée en fonction, 32 préparateurs sont sortis, certificat d’orthopédiste-orthésiste en poche, et 10 sont en formation cette année. « Ils ont en moyenne une dizaine d’années d’expérience en officine ou à l’hôpital. Mais il y a aussi des préparateurs qui finissent l’école en juin et s’inscrivent chez nous pour septembre. Eux ont déjà fait le tour du métier avant d’avoir eu le diplôme ! », constate sans rire Serge Maximin. Pourtant, quand ce dernier reçoit les aspirants au diplôme en entretien, il entend des phrases du style : « J’en ai assez, il faut que je fasse autre chose. »

La plupart des préparateurs candidats au certificat espèrent retrouver le contact avec le patient et une spécificité qu’ils ont perdue : les préparations. Le certificat de technicien supérieur orthopédiste-orthésiste est un titre homologué de niveau III accessible aux préparateurs en pharmacie, entre autres. S’il permet de développer l’activité orthopédie-orthésie dans une pharmacie, avec le risque de passer plus de temps à délivrer des ordonnances qu’à façonner un corset sur mesure, il permet aussi de développer la libre entreprise. Autrement dit : s’installer à son compte. C’est ce qu’ont fait quatre préparateurs sur les trente-deux sortis de Poissy. Sylvie Guillant, préparatrice de 42 ans à la Pharmacie des Gratte-Ciel à Villeurbanne (Rhône), technicienne supérieure orthopédiste-orthésiste, est diplômée de l’ECOTEV de Lyon. « Mes titulaires Jean-Éric Galle et Denis Rochefort m’ont fait confiance et m’ont donné les moyens d’évoluer, confie-t-elle. Ils m’ont poussé à m’intéresser à l’orthopédie en me désignant co-responsable de ce rayon avec une pharmacienne. » La jeune femme apprendra ensuite l’existence d’une formation spécifique, qu’elle suivra en accord avec ses employeurs. À l’issue de la formation, elle devient responsable du rayon orthopédie. Et l’aventure ne s’arrête pas là. Jean-Éric Galle et Denis Rochefort lui proposent de devenir gérante d’un magasin d’orthopédie, dont l’activité offre de bonnes opportunités de développement grâce à la publicité et la prospection autorisées pour ce type de structure.

Publicité

Aujourd’hui, Sylvie, associée des titulaires, gère un magasin d’orthopédie dans un local distinct de la pharmacie. Elle est impliquée dans toutes les décisions, et même si pour l’instant ses parts de la SARL sont de 10 %, il est prévu de les augmenter. Elle a passé son agrément « fauteuil roulant » (voir ci-contre) et s’occupe également du matériel médical. Son salaire est de 1 465 € net. Passionnée, la jeune femme n’hésite pas à transmettre son savoir : elle dispense des cours sur les orthèses en formation continue au SEPR de Lyon, en binôme avec un pharmacien.

Passer de l’autre côté du comptoir.

Émilie Donzet, 25 ans, a préféré quitter l’officine. « Délivrer les ordonnances, c’était répétitif », avoue Émilie qui avait soif d’autonomie et désirait une activité moins sédentaire. Pendant son apprentissage, elle rencontre de nombreux visiteurs médicaux dont le métier la séduit. Dès l’obtention de son BP, Émilie se renseigne pour préparer le diplôme de visiteur médical, indispensable pour exercer cette activité. Mais son contrat d’apprentissage terminé, Émilie se retrouve au chômage. La formation qui l’intéresse est onéreuse (environ 3 500 €). Elle la décrochera grâce au financement partiel des Assedic et de l’Industrie. Diplôme en poche, Émilie obtient rapidement un poste chez un prestataire où elle présente trois médicaments pour le compte de deux laboratoires. Aujourd’hui, son salaire est de 1 626 € brut, elle possède une voiture de fonction et ses repas sont défrayés. Émilie a optimisé les connaissances du BP en abordant ce nouveau métier qui reste dans le domaine de la santé.

De la pharmacie à l’alimentation.

D’autres préparateurs font des choix encore plus radicaux, s’orientant vers des métiers qui n’ont rien à voir avec la santé. Magali Leroux, de La Ciotat (Bouches-du-Rhône), est devenue traiteur. Pour elle, pas de formation préalable, juste l’envie de « ne plus avoir de patron ». Magali, qui était entrée en apprentissage à l’âge de 14 ans, a travaillé chez le même employeur pendant dix ans. En 1989, cette préparatrice, estimée pour son sérieux et sa gentillesse, est tentée de suivre son mari, cuisinier, qui désire s’installer à son compte et qui a besoin d’elle. « Mon mari et moi avions une opportunité et je pensais que ce serait un gage de liberté pour moi », se souvient Magali. Elle en fait part à son employeur qui lui propose une augmentation tout en lui déconseillant de s’engager dans cette voie. « J’avais déjà un bon salaire, 7 000 francs à l’époque », reconnaît-elle.

Magali et son époux tiendront durant deux ans un restaurant à Bandol (Var). En 1992, c’est le grand saut avec la création de la société Magali Traiteur. Mariages, baptêmes et autres réceptions s’enchaînent. Magali découvrent les vicissitudes de son nouveau métier : faire les devis et la comptabilité, vendre des prestations, mais aussi donner un coup de main les week-ends à l’équipe des six salarié… « Être à son compte, c’est dur. Ce métier de traiteur est stressant. Les journées sont très longues, contrairement à l’officine où les horaires sont fixes – quand tu tires la grille, tu as fini ton travail… Ce boulot mange la vie personnelle. Tu n’es pas spécialement bien rétribué porportionnellement aux heures effectuées », déplore Magali. Sans compter le stress lié à l’exigence des clients. Il est arrivé à son époux de devoir se réveiller à 3 h 00 du matin pour refaire une pièce montée. L’officine lui manquerait-elle ? « Il y a quatre ans, nous comptions cesser notre activité. J’ai donc repris mon métier de préparatrice durant un an. Cela m’a fait du bien, même si ce n’est pas évident de redevenir employée. Le métier à l’officine a changé. Les gens sont devenus “usants”, il y a beaucoup de paperasses. J’ai finalement rejoint mon mari qui ne s’en sortait pas tout seul. »

Magali ne regrette rien, reconnaît un train de vie satisfaisant. À la veille de fêter ses 40 ans, elle s’exclame en riant : « J’aimerais bien apprendre un nouveau métier. Pourquoi pas fonctionnaire ! » Elle n’a pas tort, la fonction publique est un vivier à concours.

Du côté de l’administration.

La liste des concours administratifs accessibles au niveau IV est longue. Ainsi, les préparateurs peuvent devenir agent spécialisé de police technique et scientifique ou préparer le concours d’aide soignante qui est une voie d’accès à celui d’infirmier. De même, il est possible de faire en formation continue un BTS sur un an. Certains organismes (voir encadré) peuvent aider chaque salarié et l’accompagner dans son parcours. On peut également envisager de faire un bilan de compétences pour mieux préciser ce qu’on attend de son parcours professionnel et découvrir les aptitudes que l’on souhaite optimiser.

Les solutions ne se cachent pas toujours derrière le mot diplôme. Beaucoup de bac + 4 n’ont pas d’emploi. Des titulaires de diplômes de niveau plus élevé qu’un niveau IV ne sont pas forcément plus épanouis dans leur profession. Comme le souligne Serge Maximin, « on voit beaucoup de gens bardés de diplômes de niveau supérieur à celui du BP sans travail. À l’heure actuelle, le préparateur, avec son diplôme de niveau IV, est plutôt recherché. C’est ça aussi qu’il faut mettre en balance ».

Reportage photo réalisé par Philippe Matsas

Repères

Bénéficier de la formation continue

Dans le cadre du plan de formation de l’entreprise :

Il regroupe l’ensemble des actions de formation qui sont à l’initiative de l’employeur. Le salarié en formation est en mission professionnelle, il est rémunéré par l’entreprise. C’est le cas des formations recensées dans la brochure de l’OPCA-PL, notamment la formation de conseiller en dermocosmétique du Centre Botticelli.

Dans le cadre de congés individuels reconnus à tous les salariés :

• Le congé individuel de formation (CIF) permet aux salariés de suivre en tout ou partie pendant leur temps de travail une formation de leur choix.

• Le congé de bilan de compétences (CBC) permet aux salariés d’analyser leurs compétences personnelles et professionnelles afin de définir un projet professionnel ou de formation.

• Le congé validation des acquis de l’expérience (CVAE) en vue de l’acquisition partielle ou totale d’un diplôme, d’un titre à finalité professionnelle ou d’un certificat de qualification professionnelle.

Dans le cadre du droit individuel à la formation (DIF) :

Ce droit permet de capitalise 20 heures de formation, cumulables pendant 6 ans, dans la limite de 120 heures. Le choix de la formation est arrêté avec l’accord de l’employeur. Le DIF se déroule en principe en dehors du temps de travail et donne droit à une allocation de formation égale à 50 % du salaire net. Si le DIF est organisé sur le temps de travail, le salarié est rémunéré au taux normal.

Où se renseigner ?

Les CIO (centres d’information et d’orientation), structures d’accueil de l’Éducation nationale, accueillent tout adulte en quête d’informations sur l’évolution des formations et des métiers. Annuaire électronique des CIO :

L’ONISEP (Office national d’information sur les enseignements et les professions) est un établissement public sous tutelle du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement et de la Recherche avec un réseau de 30 délégations régionales (une par académie). Pour avoir les adresses, consultez le site sur

Les organismes de formations consulaires (chambres de commerce, de métiers et d’agriculture). Les écoles et centres de formation dépendant des établissements consulaires proposent de nombreuses formations et stages dont certains reçoivent des agréments et permettre de bénéficier d’une rémunération. Site des chambres de commerce :

Se faire aider

Pour faire un bilan de compétences, avoir un accompagnement pas à pas, contacter :

Les Fongecif : fonds de gestion du congé individuel de formation, ils assurent conseil, information et suivi du financement grâce à des conseillers en mobilité professionnelle. Site :

Les ANPE (adresse sur annuaire).

Les Greta (groupements d’établissements scolaires de l’Éducation nationale) : on peut y préparer des diplômes d’État (CAP, BP, BTS…), acquérir des qualifications ou se perfectionner. S’informer auprès du DAFCO (délégué académique à la formation continue) qui coordonne l’activité des Greta d’une Région donnée. Pour avoir les coordonnées : .

Zoom

Agrément « fauteuils roulants »

Accessible sans restriction de diplôme, cette formation permet d’acquérir le minimum indispensable pour conseiller, vendre ou louer des fauteuils roulants et d’obtenir un numéro d’agrément indispensable pour ces activités (sous réserve d’avoir également demandé un agrément des locaux). Par exemple, le titulaire de l’officine peut demander l’agrément du local et le préparateur peut conseiller et tarifer un fauteuil roulant sous son numéro d’agrément. De même, cet agrément peut s’avérer utile lorsqu’un orthopédiste-orthésiste souhaite ouvrir un magasin de matériel médical pour vendre ou louer des fauteuils roulants.

• Formation : 40 heures dont 24 heures par enseignement assisté par ordinateur avec CD-ROM « Cerahfor » avant de suivre 16 heures (sur deux jours) d’enseignement théorique et pratique au siège du CERAH (Centre d’études et de recherche sur l’appareillage des handicapés).

• Financement possible par l’OPCA-PL à hauteur de 320 €, et participation aux frais annexes, sans subrogation de paiement (on doit faire l’avance des frais).

• Coordonnées : CERAH

Bellevue, route de Rombas,

BP 179, 57147 Woippy Cedex.

Tél. : 03 87 51 38 13.

Contact : Hélène Lenhof.

Les concours de la fonction publique sur Internet*

Fonction publique d’État : ministère de la Fonction publique, de la Réforme de l’État et de l’Aménagement du territoire : Service public, le portail de l’Administration française : Assemblée nationale : Sénat :

Fonction publique territoriale : CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) : . Centres départementaux de gestion de la fonction publique territoriale : . Les concours de la Ville de Paris : .

Fonction publique hospitalière : Le ministère de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées : Assistance publique-Hôpitaux de Paris : . Hospices civils de Lyon : . Assistance publique-Hôpitaux de Marseille : .

* Liste non exhaustive – Se renseigner auprès des CIO, de l’ONISEP et de chaque ministère.