- Accueil ›
- Préparateurs ›
- Métier ›
- Préparateurs, l’avenir est à vous
Préparateurs, l’avenir est à vous
Comment va évoluer l’officine et son équipe à l’horizon 2010-2015 ? Les perspectives sont prometteuses pour le préparateur avec une montée en puissance de ses responsabilités et de ses compétences. Deuxième volet du contrat d’études prospectives (CEP) de la pharmacie d’officine. r.
Le préparateur n’a plus de raison d’être, faute de préparations. Voici venir le temps de l’assistant technique d’officine. Ou quelque chose s’en approchant… C’est, en tout cas, l’une des conclusions du « Contrat d’études prospectives dans la pharmacie d’officine » (CEP), pavé de 264 pages commandé par la Commission paritaire nationale de l’emploi (CPNE) et l’État au cabinet spécialisé Interface. C’était dans l’air, mais c’est maintenant écrit noir sur blanc : « L’intitulé de fonction « préparateur » ne semble plus adapté dans la plupart des cas d’exercice, la part de la préparation, sauf exception, étant considérablement réduite. Quelques suggestions ont été émises pour renommer cette fonction : technicien pharmaceutique, assistant technique d’officine, assistant technique en pharmacie. »
Certes, il ne s’agit que de suggestions. Comme l’ensemble de cette seconde partie du rapport final du CEP, bâtie cependant sur une minutieuse analyse prospective de l’évolution du monde officinal français dans les dix à quinze prochaines années. Nourries par l’écoute et la réflexion de représentants des pharmaciens employeurs, des salariés d’officine et de l’État, cette analyse et ces préconisations ont vocation à éclairer les débats sur les grandes évolutions nécessaires à un avenir maîtrisé de la pharmacie d’officine en France. Logiquement, elles doivent servir de base à de très attendues négociations pour donner les moyens à l’officine française d’affronter et de gagner les défis qui se présentent à elle. Reste à organiser ces négociations, sans trop tarder, afin d’agir plutôt que subir… En attendant, gros plan sur les principales pistes de réflexion et de réorganisation du monde officinal qu’ouvre ce contrat d’études prospectives.
Plus de responsabilités et de compétences. Changer d’intitulé professionnel ne présenterait pas grand intérêt si cela ne recouvrait pas, surtout, une « montée en responsabilités et en compétences des préparateurs ». Ainsi, il s’agirait avant tout de redéfinir le périmètre de responsabilités du préparateur en le rendant « plus scientifique et adapté aux besoins de l’officine ». Devenant un véritable « technicien du médicament », le préparateur de demain pourrait avoir en charge, notamment, la délivrance de l’ordonnance « sans risque détecté, même délicate, mais qui revient chaque mois » ; mais aussi la délivrance de l’ordonnance et le suivi des patients – en orthopédie, par exemple – à domicile ou en maison de retraite ; le préparateur pourrait également avoir accès au dossier patient quand celui-ci sera en place. Cette plus grande autonomie du préparateur entraînerait la fin du « contrôle effectif » systématique de ses délivrances par un pharmacien. Par ailleurs, une partie des tâches administratives et la gestion des stocks, aujourd’hui très souvent assurées par les préparateurs, pourraient revenir, dans les officines à effectif suffisant, à d’autres salariés tels que secrétaires, rayonnistes et stockistes.
Cette montée en compétences et en responsabilités des préparateurs irait de pair avec celle des pharmaciens. Ceux-ci auraient ainsi en charge « la dispensation dans les cas complexes » et la prescription de certains médicaments remboursables. Si un assez large consensus semble se dessiner du côté des pharmaciens employeurs et de leurs syndicats autour de cette souhaitable montée en compétences et en responsabilités des uns et des autres, les auteurs du CEP ne manquent cependant pas d’identifier quelques réticences : « Il convient de souligner que la position de l’Ordre et de l’Université est plus frileuse quant à la compétence des préparateurs à exercer des responsabilités accrues, l’analyse de l’ordonnance constituant selon eux un tout abstrait, difficile à expliciter, mais qui requiert véritablement des connaissances et un raisonnement méthodologique relevant de l’expertise du pharmacien. »
Formations initiales à revoir. Bien entendu, cette évolution des compétences et des responsabilités des pharmaciens et des préparateurs ne pourrait s’effectuer sans une refonte de leur formation initiale. Le contrat d’études prospectives établit clairement un constat d’inadéquation actuelle entre formation et réalité du travail officinal : « Pour les pharmaciens, leur formation initiale doit se rapprocher de la pratique professionnelle ; aujourd’hui, elle apparaît trop disciplinaire et déconnectée de la réalité […]. Les stages, les contenus sur la relation au patient, le conseil, la gestion et le management sont donc à revoir et/ou à introduire dans la formation des pharmaciens. Mais ce lien avec le terrain passe d’abord par le renforcement du nombre d’intervenants venus de l’officine dans les études de pharmacie. »
Concernant la formation initiale des préparateurs, le CEP prend acte de la volonté des employeurs de maintenir un cursus en alternance : « Les officinaux et les préparateurs semblent attachés à la formation par un apprentissage en alternance. La voie de l’alternance convient aux employeurs – dont beaucoup effectuent de cette façon un prérecrutement – et aux apprenants, malgré des réserves de ces derniers sur la durée actuelle des études, qu’ils estiment insuffisante. » Et de plaider cependant, là aussi, pour une révision du contenu de la formation et des conditions de l’alternance : « Les pharmaciens ne sont pas toujours disposés à assumer la formation de leurs apprentis, a fortiori si les responsabilités du préparateur devaient être accrues, comme cela semble souhaitable. Il convient donc de mieux encadrer l’alternance, afin d’en optimiser les effets. » Cette amélioration de l’encadrement pourrait passer, notamment, par « des séquences de retour sur ce qui se fait en officine et la formation adéquate des formateurs », mais aussi par une rétribution du maître d’apprentissage quand celui-ci n’est pas le pharmacien titulaire ; ou encore par le pouvoir donné au maître d’apprentissage de valider certains apprentissages.
Côté contenu, le CEP prône de centrer la formation initiale du préparateur sur trois grandes missions : délivrer les médicaments avec ou sans ordonnance et conseiller les patients en médication familiale ; contribuer aux programmes de pharmacovigilance, de veille et/ou de surveillance sanitaire ; réaliser des préparations et assurer la gestion administrative du préparatoire.
Vers un diplôme de niveau 3. Autre préconisation et non des moindres : le brevet professionnel de préparateur en pharmacie, diplôme de niveau 4, devrait être remplacé par un diplôme de santé de niveau 3 obtenu après un cursus de deux ou trois années. « L’examen des pratiques européennes a d’ailleurs montré que ce niveau de qualification se généralise progressivement aux côtés des pharmaciens d’officine », est-il relevé. Les représentants des salariés et la FSPF (plus important syndicat de pharmaciens titulaires) voudraient opter pour une durée d’études portée de deux à trois ans, la dernière année étant consacrée à une spécialisation. De son côté, un autre syndicat de titulaires, l’UNPF, serait plutôt favorable au maintien d’un cursus de deux ans « sur la base des mêmes contenus étoffés de formation, mais avec une présence en officine réduite ».
Le baccalauréat constituerait le principal passeport d’accès aux études, mais d’autres possibilités s’ouvriraient aux salariés d’officine non bacheliers : via une procédure de validation des acquis de l’expérience (VAE) par une commission compétente ou après suivi et certification d’une filière de remise à niveau. Le CEP prône également « d’introduire des possibilités d’évolution de carrière (vers l’encadrement, vers une spécialisation) et un accès par VAE aux études de pharmacie pour ceux qui le désirent et le peuvent ».
En matière de formation continue, le CEP préconise des formations visant l’acquisition de nouvelles compétences pour l’ensemble du personnel officinal. Il est envisagé « deux niveaux de formation différents permettant de mettre en oeuvre un plan de carrière pour le personnel de l’officine » : le premier, avec des modules de base sur les fondamentaux indispensables dans une spécialité et des modules d’approfondissement et de perfectionnement sur une thématique spécifique ; un second niveau s’inscrirait dans la perspective de la prescription pharmaceutique et du suivi des maladies chroniques. Il pourrait donner lieu à des formations de dix à vingt jours reconnues par la profession ou à une certification portant sur des spécialisations « accessibles sur prérequis en fonction de leur qualification initiale au pharmacien, au préparateur, voire à d’autres profils » : gérontologie, pédiatrie, phytothérapie, aromathérapie ; dermocosmétique…
Montée en compétences, en responsabilités, perspectives de carrière : voilà qui pourrait permettre à l’officine de devenir plus attractive et aux pharmaciens titulaires de remporter l’un des sept défis majeurs (lire aussi page 21) lancé par ce contrat d’études prospectives : « Retenir ses salariés par une meilleure gestion des ressources humaines et une meilleure rétribution. » À vos marques ?… •
Sept défis majeurs pour les titulaires
Assumer la double nature de la profession – spécialistes du médicament et commerçant – pour mieux faire face à un contexte moins prometteur.
(Re)conquérir la légitimité comme acteur de santé, notamment par l’obligation de formation continue pour les pharmaciens et les préparateurs.
Intégrer un nouveau rôle et de nouvelles missions dans le système de soins.
Installer la démarche qualité.
Adapter les profils de spécialisation et de responsabilisation à un niveau d’exigence plus élevé.
Repenser l’espace officinal en prévoyant notamment un espace de confidentialité.
Retenir ses salariés, les préparateurs surtout, par une meilleure gestion des ressources humaines et une meilleure rétribution.
Passons à l’action
Actions à réaliser, moyens à mettre en oeuvre, acteurs impliqués, conditions de réussite, ordre de priorité : si ce n’est pas le cas de tous les contrats d’études prospectives, celui de la pharmacie d’officine va jusqu’à proposer un véritable mode d’emploi sous forme de fiches opérationnelles. Objectif ? Engager chacune des parties prenantes sur la voie de la concrétisation des préconisations avancées par ce CEP.
Ces fiches sont au nombre de 9, une par acteur incontournable. Ainsi, deux sont destinées aux acteurs de la branche officinale que sont la Commission paritaire nationale de l’emploi et les pharmaciens « du terrain ». Quatre autres aux pouvoirs publics : ministère de la Santé, Caisse nationale d’assurance maladie, ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle. Les trois dernières sont destinées aux acteurs de la formation : organismes de formation initiale, universités ; organismes de formation initiale des préparateurs ; organismes de formation continue publics et privés.
Chaque fiche a pour point de départ une ou plusieurs préconisations du CEP, décrit les démarches à engager pour les mettre en oeuvre et, pour la plupart, donne un ordre de priorité. La « précision réglementaire de la notion de contrôle effectif » est, par exemple, estimée comme une action à prévoir à moyen terme (dans les cinq ans), tandis que l’identification des domaines d’activités du pharmacien et du préparateur serait à engager immédiatement.
Deux préparateurs et une enseignante en CFA (ancienne préparatrice en officine puis en milieu hospitalier) donnent ici leur avis sur ce CEP, pour lequel ils ont été consultés au sein d’un « groupe experts ».
Ana Dimitrijevic, préparatrice à Drancy (93)
« Je suis en train de suivre une formation de 18 mois en dermocosmétique avec l’idée d’ouvrir plus tard une parapharmacie. Mais si certaines recommandations de ce CEP se concrétisent, je changerais peut-être d’avis : je pourrais rester en officine si, en premier lieu, on nous offre plus de responsabilités et des perspectives d’évolution de carrière. Et si la paie suit… »
Christophe Magnoux, préparateur à Neuilly-sur-Marne (93)
« Ce contrat d’études prospectives me semble dresser un très bon état des lieux et bien cibler les problèmes des pharmaciens. Par contre, je reste un peu sur ma faim pour les préparateurs : je n’y vois pas trop de nouveautés qui permettraient une montée en puissance par rapport à maintenant en matière de responsabilités et de compétences. »
Danièle Eberlin, enseignante au CFA de Strasbourg (67)
« Il serait bien que ce CEP débouche sur du concret, notamment que le diplôme de préparateur passe en niveau 3. Cela permettrait non seulement de réviser le contenu des études pour mieux former à l’accompagnement de l’ordonnance et au conseil, mais aussi de revoir la grille des salaires pour que les préparateurs soient mieux payés. »
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis
