L’Ordre des pharmaciens veille aux pratiques

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Publié le 27 juin 2022
Par Anne-Charlotte Navarro
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Prudence sur les produits contenant du cannabidiol (CBD) ! Leur présence se multiplie dans les rayons officinaux, mais leur vente est encadrée par des règles régulièrement remises en cause. La commercialisation de produits comprenant « des fleurs et des feuilles brutes sous toutes leurs formes, seules ou en mélange avec d’autres ingrédients, leur détention par les consommateurs et leur consommation » est interdite par un arrêté de 2021. Le CBD est l’un des cannabinoïdes de la plante de chanvre, avec le THC ou delta 9-tétrahydro-cannabidiol, présent surtout au niveau de la fleur et des feuilles adjacentes.

Aujourd’hui, à l’officine, seuls les produits cosmétiques à teneur en THC inférieure à 0,3 % et les compléments alimentaires composés de fibres ou de graines de chanvre sont autorisés. Ceux avec plus de 0,3 % de THC sont considérés comme des stupéfiants, et interdits. Si le pharmacien commercialise un article qui ne répond pas ces règles, il peut, entre autres, subir des sanctions disciplinaires. « Les produits dont peut faire commerce une officine sont strictement limités. S’il ne respecte pas les règles, le titulaire s’expose à des sanctions », prévient l’Ordre des pharmaciens. Sans oublier que le CBD est à risque d’interactions médicamenteuses (lire Porphyre n° 587 de juin 2022). L’instance ordinale n’hésite pas à agir non plus contre les non-pharmaciens qui commercialiseraient des produits spécifiques aux officines. Ainsi, dans les affaires initiées par un tiers, l’Ordre se porte partie civile quand il le juge nécessaire. « L’objectif est de démontrer la reconnaissance et l’indemnisation d’un préjudice subi par la profession pharmaceutique, défendre l’intérêt collectif de la profession dans un but de protection de la santé publique », détaille un responsable de l’Ordre.

Par exemple, dans une affaire jugée par la cour d’appel d’Aix-en-Provence (13), le 14 février 2022, le gérant d’une boutique de CBD a été condamné pour exercice illégal de la pharmacie. En l’espèce, il vendait plusieurs produits qui répondaient à la définition légale du médicament par présentation puisqu’ils adoptaient une forme galénique et des dénominations ou des allégations faisant état d’une lutte contre les varices, l’arthrose, la douleur ou encore le psoriasis. Le gérant avait d’ailleurs admis les conseiller dans le cadre d’états pathologiques, comme la maladie de Crohn.

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