L’hamamélis

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Publié le 5 septembre 2020
Par Chantal Ollier
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Selon la légende, les sorciers utilisaient l’hamamélis pour trouver des sources et des métaux précieux dans le sol, d’où le nom anglo-saxon de witch hazel, noisetier des sorcières, qui lui est donné.

Principaux constituants

• Feuille

– Tanins (minimum 3 %) : mélange de tanins galliques dont une petite quantité d’hamamélitanin, de catéchiques et de proanthocyanes dimères et oligomères.

– Flavonoïdes : hétérosides du kaempférol, de la quercétine et de flavonols.

– Acides organiques : acides galliques, caféique, quinique.

– Huile essentielle ou fraction volatile (0,01 à 0,5 %), dont á et â-ionone.

• Ecorce

– Tanins (minimum 4 %) identiques à ceux de la feuille, mais avec une proportion plus importante d’hamamélitanin.

– Flavonoïdes en petite quantité.

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– Acide gallique.

– Fraction volatile (0,1 % environ).

Principal mécanisme d’action

• L’effet veinotonique, vérifié par des travaux anciens pour la feuille et l’eau d’hamamélis, s’accompagne d’un effet vasoconstricteur (tanins condensés).

• L’effet astringent s’explique par la présence de tanins et de proanthocyanes et justifie l’action protectrice et cicatrisante de l’hamamélis. Appliqués sur la peau ou les muqueuses, les tanins se lient aux protéines provoquant ainsi leur précipitation, l’imperméabilisation des couches cutanées externes, le resserrement des structures colloïdales et la vasoconstriction des petits vaisseaux. Les couches sous-jacentes sont ainsi protégées et la perte en fluide diminuée.

• L’action anti-inflammatoire s’accompagne d’une inhibition de diverses enzymes dont la 5-lipoxygénase et l’élastase (proanthocyanes et hamamélitanin).

• Sa puissante activité antiradicalaire, supérieure pour l’écorce par rapport à la feuille, explique en partie sa capacité à protéger la peau du stress oxydatif à l’origine du vieillissement (tanins galliques, proanthocyanes, acide gallique). L’hamamélitanin inhibe de plus la dépolymérisation de l’acide hyaluronique.

Posologie

• Voie orale

– Feuille en infusion 10 à 15 minutes, à 10 g/l (1 càc = 0,5 g), 250 à 500 ml par jour.

– En compléments alimentaires : EPS Hamamélis, 1 càc 2 fois par jour, Arkogélules Hamamélis 1 gélule 3 fois par jour, Circulation Hamamélis Boiron 2,5 ml 1 à 3 fois par jour…

• Usage local, selon les indications

– Inflammations mineures de la peau et sécheresse cutanée :

→ feuille, à partir de 6 ans : extrait fluide (éthanol 30 à 45 %) dilué à 5 à 10 % sous forme de crème ou de solution en application plusieurs fois par jour, durant 1 semaine ;

→ écorce, à partir de 12 ans : teinture au 1/10 (éthanol 45 %) diluée à 5 à 10 % sous forme de crème ou de solution en application plusieurs fois par jour durant 1 semaine maximum ;

→ eau d’hamamelis, à partir de 6 ans : crème ou solution à 5 à 30 % d’eau d’hamamélis en application plusieurs fois par jour durant 2 semaines maximum.

– Symptomatologie hémorroïdaire (prurit, brûlure) :

→ feuille, chez l’adulte : décoction 10 à 15 minutes, 5 à 10 g/250 ml (1 càc = 0,5 g) en application jusqu’à 3 fois par jour en compresses imprégnées durant 2 semaines maximum ;

→ écorce, chez l’adulte : décoction 15 minutes, 5 à 10 g/250 ml d’eau, (1 càc = 2,5 g) en application jusqu’à 3 fois par jour en compresses imprégnées, durant 2 semaines maximum.

– Inflammations mineures des muqueuses buccales :

→ feuille, à partir de 12 ans : décoction 10 à 15 minutes, 2 à 3 g par tasse en gargarisme jusqu’à 3 fois par jour durant 1 semaine maximum ;

→ écorce, à partir de 12 ans : décoction 15 minutes, 2 à 3 g par tasse en gargarisme jusqu’à 3 fois par jour durant 1 semaine maximum.

Précautions d’emploi, contre-indications

• L’hamamélis est déconseillé en cas de grossesse ou d’allaitement, faute de données de sécurité suffisantes et chez les moins de 18, 12 ou 6 ans selon l’indication.

• Voie orale : son emploi prolongé est déconseillé en raison d’un risque possible d’atteinte hépatique dû à certains tanins de l’hamamélis.

Effets indésirables

• Application cutanée : possibilité de dermatite allergique de contact chez les personnes sensibles. Des cas de conjonctivite allergique ont été rapportés pour l’eau d’hamamélis sous forme de préparations oculaires.

• Voie orale : possibilité d’irritations stomacales dues à la présence de tanins chez les personnes sensibles. Rarement ces tanins peuvent provoquer des atteintes hépatiques.

Interactions médicamenteuses

• Voie orale : les tanins diminuent l’absorption des minéraux et des vitamines du groupe B.

Sources : EMA, Final community herbal monograph on Hamamelis virginiana L. folium (novembre 2009), cortex (septembre 2019), folium et cortex aut ramunculus destillatum (novembre 2009) et Assessment report on Hamamelis virginiana L. folium, cortex and folium et cortex aut ramunculus destillatum (novembre 2009) ; J. Fleurentin et J. C. Hayon, Plantes médicinales – Traditions et thérapeutique, Editions Ouest-France, Rennes, 2008 ; Pharmacopée française, liste des plantes médicinales ; WHO monographs on selected medicinal plants, Folium et Cortex Hamamelidis, Vol. 2, 2004 ; M. Wichtl et R. Anton. Plantes thérapeutiques, Paris, Tec & Doc, 2003.

FICHE TECHNIQUE

Nom latin : Hamamelis virginiana L.

Famille : Hamamelidaceae

Partie utilisée : feuille fraîche ou sèche, écorce de branche, de tige récoltée au printemps.

Monographies de contrôle : Pharmacopée européenne.

Un extrait fluide de feuilles d’hamamélis est décrit à la Pharmacopée française.

Propriétés

Astringentes, anti-inflammatoires, vasoconstrictrices etveinotoniques, antioxydantes, antibactériennes et antivirales.

Indications

– Usage local : inflammations mineures de la peau et des muqueuses buccales, sècheresse cutanée, pour réduire la symptomatologie hémorroïdaire en soulageant le prurit et la sensation de brûlure (feuille, écorce), irritation ou gêne oculaire due au vent, au soleil (eau d’hamamélis).

– Également en France, par voie orale (feuille) : pour diminuer les sensations de jambes lourdes ou les troubles émorroïdaires.