Les BP1 d’Avignon font leur rentrée avec Porphyre

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Publié le 23 septembre 2019
Par Thierry Pennable
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Le CFA d’Avignon a décidé d’innover en invitant des intervenants extérieurs pour parler métier. Cette année, Porphyre a fait partie des sollicités. Historique de la profession, comportement avec les équipes et gestion de la frontière entre vie privée et vie publique, les élèves sont restés attentifs pendant les 3 heures qu’a duré l’intervention.

Le 5 septembre 2019, les 80 BP1 ont assité à leurs premiers cours au CFA Sud formation santé de la chambre de commerce et d’industrie d’Avignon (84). Pour l’occasion, le CFA a souhaité développer les échanges avec des intervenants extérieurs. Il a invité, le 6 septembre, la rédactrice en chef de Porphyre à venir exposer son point de vue sur le métier de préparateur en pharmacie. Christine Julien a saisi cette opportunité pour revenir sur quelques thématiques bien connues des abonnés de Porphyre. La journaliste, qui a aussi une expérience de formatrice en CFA pharmacie, « a réussi à mobiliser son auditoire en faisant preuve de pédagogie », estime Pascal Leclerc. Pour l’ex-formateur et futur préparateur inscrit en BP1, « Christine Julien a su développer le savoir-être et le savoir-faire du métier en illustrant ses propos par des exemples concrets ». Son intervention a débuté par un historique de la profession, dans la lignée de la célèbre formule : « Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va car il ne sait pas où il est. »(1)

Retour vers le futur

« Il nous paraît essentiel que les élèves préparateurs en pharmacie sachent où ils vont en s’engageant dans une profession en pleine mutation », souligne Sylvie Guillot, enseignante en sciences-pharmacien au CFA d’Avignon. « Le fait que Christine Julien débute son intervention par un historique de la profession est en parfaite cohérence avec cet objectif », ajoute la professeure principale des BP. Ce rappel historique a beaucoup retenu l’attention des élèves et de leurs enseignants. « Savoir que les préparateurs sont apparus à l’époque où les pharmaciens sont partis à la fac pour suivre leur formation est très significatif, à l’heure où les titulaires sont de plus en plus accaparés par leur fonction de chef d’entreprise », estime Sylvie Guillot.

Un commerce éthique

Les BP1 ont bien compris que leurs futurs employeurs attendront d’eux qu’ils soient des professionnels de santé exerçant dans une entreprise à but commercial. « Tout en insistant sur la rigueur scientifique inhérente aux métiers de la santé, la rédactrice en chef de Porphyre a précisé que la pharmacie est aussi un commerce, une dimension qui doit être intégrée dans la relation avec le client, tout en respectant la déontologie », retient Pascal Leclerc. « Ce double aspect, professionnel de santé et commercial, me convient très bien », note Tiffany Morice, déjà habituée à « conseiller une clientèle à partir d’une bonne connaissance des produits » de par sa précédente activité dans l’oenologie. Du haut de ses 22 ans, elle s’enthousiasme à l’idée de s’orienter « vers le domaine médical, un secteur dans lequel exercent plusieurs membres de ma famille ». Ce goût du conseil et de la vente a même été un atout pour Alexandra Lamnabhi qui a déjà travaillé avec une marque de cosmétiques et de nutri-cosmétiques dans son activité précédente d’esthéticienne. Son maître d’apprentissage l’a recrutée avec le projet de s’agrandir en développant notamment la parapharmacie.

Savoir-être et confiance en soi

« Christine Julien a fait remarquer aux nouveaux élèves qu’ils n’ont peut-être pas spontanément l’idée de demander ce qu’ils peuvent faire et ne pas faire à l’officine en tant qu’apprentis de 1re année, remarque Sylvie Guillot. Elle a pointé le risque qu’ils se retrouvent à se demander ce qu’ils font là, à finir par ne plus rien faire et à se le voir reprocher. » Des avertissements qui rejoignent les préoccupations de leurs formateurs. « Ces rencontres avec des intervenants extérieurs ont pour premier objectif d’aider les nouveaux élèves à développer un savoir-être à l’officine et une confiance en soi, poursuit l’enseignante. C’est indispensable, surtout pour des jeunes bacheliers qui découvrent en même temps les études postbac, un milieu professionnel et un exercice dans le champ de la santé. » D’ailleurs, l’intervention d’un professeur de communication, la veille, visait également à tirer parti d’échanges actifs. « Nous avons nous-mêmes développé l’exercice du commentaire technique écrit d’ordonnance sous la forme de scénettes. Cet exercice ludique permet de voir ce qu’il est opportun de dire et de ne pas dire au comptoir. » Autant d’éléments de communication qui, une fois acquis, favorisent la confiance en soi.

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Devenir acteur de sa formation

In fine, l’objectif des formateurs du CFA est d’« amener le plus possible les élèves à être les propres acteurs de leur formation, explique Sylvie Guillot. C’est un point que nous voulons travailler avec eux. Ils doivent comprendre qu’ils ont leur place dans l’officine, qu’ils peuvent poser des questions pour arriver à mieux exister dans l’entreprise ». Pour la formatrice, cela revient à prendre les rênes de leur avenir professionnel. « Ils doivent planifier leur temps de travail et celui pour leur vie privée. Savoir comment se donner les moyens de réussir dans leur profession en anticipant aussi de futures formations complémentaires après le BP. » Tout cela nécessiterait de « disposer de plus de temps de présence à l’école, car il s’agit de pouvoir former au-delà d’un référentiel déjà conséquent », concède la formatrice qui voit dans la lecture de Porphyre « une source d’informations très complémentaire ».

Un bon départ

Les apprentis que nous avons interrogés sont partis sur de bonnes bases grâce à l’accueil attentionné des équipes. « Mon apprentissage se passe bien, rapporte Emanuelle Raffa. Les premiers jours étaient un peu difficiles parce que c’était tout nouveau pour moi, mais j’ai été bien accueillie. L’équipe m’a bien expliqué le fonctionnement de l’officine. » Comme ses collègues débutants, Emanuelle s’est vue confier la réception des commandes. « Quand j’ai rencontré des difficultés avec les génériques, au début, les préparatrices m’ont tout expliqué à l’aide de tableaux, en précisant que je pouvais poser des questions », souligne, rassurée, la future professionnelle. « Les préparatrices de la pharmacie m’ont parlé de Porphyre qu’elles connaissaient pour y avoir été abonnées. Nous avons envisagé de prendre un abonnement en commun car il leur semblait intéressant de l’avoir à disposition à la pharmacie », ajoute la jeune apprentie, confortée dans son choix professionnel par l’intervention de Christine Julien. Bien entourés à l’officine comme au CFA, voilà les nouveaux apprentis du CFA d’Avignon déjà engagés sur le chemin de la professionnalisation…

(1) Formule attribuée à Otto von Bismarck (1815-1898), homme d’État prussien puis allemand.