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La pénurie d’alcool limite la production en officine
En raison du Covid-19, les pharmacies d’officine et à usage intérieur peuvent préparer une solution hydroalcoolique (SHA) jusqu’au 31 mai 2020 à partir d’une formule de l’Organisation mondiale de la santé(1) (voir document). Cette préparation avec éthanol, glycérol, peroxyde d’hydrogène et eau purifiée (voir encadré) « n’est ni une préparation officinale, ni une magistrale. C’est la fabrication d’un biocide, donc soumis à une TVA de 20 %. Elle n’a pas forcément besoin d’être enregistrée dans un ordonnancier », explique Gurvan Helary, titulaire de la pharmacie Kerangal à Rennes (35) et sous-traitant. L’Ordre des pharmaciens indique que ce biocide « n’est pas soumis aux bonnes pratiques de préparation (BPP), même s’il est recommandé de les respecter » et « de tracer la fabrication en l’enregistrant dans le registre des préparations de l’officine prévu dans les BPP ». Gurvan Helary explique qu’il « faut quand même créer un dossier de lot, et toute matière première doit être enregistrée, mais on n’a pas besoin de demander le nom du patient quand on délivre. » Les prix de vente maximum de ces SHA ont été majorés(2) par rapport aux tarifs des produits manufacturés.
Oui, mais la pénurie d’alcool a freiné l’ardeur des officinaux. « Si chaque pharmacie fabriquait un litre par jour, il faudrait près de 18 000 litres, soit 18 tonnes d’alcool par jour ! », calcule Gurvan Helary. Cooper ou Gilbert peuvent-ils fournir de l’alcool à 96, voire 95 ou 90 pour réaliser la formule, sachant que les sous-traitants consomment 500 à 1 500 litres d’alcool par jour ? La réponse est non pour Franck Paillard, responsable des unités Matières premières industrie et préparatoire chez Cooper, qui fournit aussi hôpitaux et cliniques. « On n’a pas de problèmes d’approvisionnement par nos fournisseurs d’alcool absolu mais, malgré une unité de fabrication performante, on n’a pas assez de lignes de production pour répondre à la demande, ni les conditionnements nécessaires (bidon 25 litres) suite à une rupture d’approvisionnement. Et aujourd’hui, nous avons 15 % d’effectifs en moins. Nos stocks, qui étaient en moyenne de trois mois, ont été siphonnés en trois jours ! Avec l’arrêté sorti le vendredi soir (1), le lundi nous avons démarré à zéro. Et pour sortir 50 à 80 tonnes, il faut cinq jours, plus 48 heures de libération. » Il faut aussi arriver à livrer ! « Ou le pharmacien attend sa commande et il l’a en quinze jours ouvrés, ou il vient la chercher au chaland et on met tout en œuvre pour qu’il l’ait. » C’est ce que font certains sous-traitants avec un transporteur spécialisé en matières dangereuses.
Maintenant, Cooper ne fait plus que du 96 en 5 et 10 litres. « Depuis le 6 mars, on a transformé informatiquement toutes les commandes des pharmaciens et des hôpitaux, qui sont passées en 96, en 5 ou 10 litres. C’est plus facile à gérer. » Avec plus d’équipements productifs et de personnel, Cooper fournirait plus. « On n’est pas sur un problème de betterave, à partir duquel l’alcool absolu est préparé! Ni sur ceux qui la transforment. »
(1) Journal officiel du 6 mars 2020.
(2) J.O. du 15 mars 2020.
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