La mission de pharmacien correspondant est effective

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Publié le 30 juin 2021
Par Magali Clausener
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Le 31 mai, le pharmacien correspondant est devenu une réalité. Après des années d’attente, le décret consacrant cette nouvelle mission, actée en 2009, est paru au Journal officiel le 28 mai 2021.

Douze ans après sa mention dans la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) en 2009, le pharmacien correspondant voit enfin le jour. Tous les patients adultes, en particulier les malades chroniques, peuvent désormais choisir un titulaire d’officine, ou gérant d’une pharmacie mutualiste ou de secours minière, comme pharmacien correspondant. La personne ainsi désignée doit en informer le médecin traitant du patient. Les adjoints ne peuvent pas assurer ce rôle, sauf si le titulaire demande à être suppléé par un pharmacien exerçant au même endroit, et après accord du patient.

Exercice coordonné et accord du médecin

Le pharmacien correspondant peut renouveler périodiquement des traitements chroniques et ajuster, si besoin, leur posologie, mais pas dans n’importe quelles conditions. Au préalable, le pharmacien et le médecin traitant du patient doivent appartenir à un même dispositif d’exercice coordonné, telle une maison de santé pluriprofessionnelle, et le médecin traitant doit donner son accord pour permettre au pharmacien d’exercer cette mission. Ce dernier doit notifier sur la prescription une mention autorisant le renouvellement par le pharmacien correspondant de tout ou partie des traitements prescrits ainsi que, le cas échéant, l’ajustement de la posologie. À noter que le ministre de la Santé peut fixer par arrêté, pour des motifs de santé publique, une liste de traitements non éligibles.

Le pharmacien doit indiquer sur l’ordonnance le renouvellement et/ou l’adaptation de posologie réalisée, ou bien sur le dossier pharmaceutique ou le DMP. De plus, la durée totale de la prescription et de tous les renouvellements réalisés par le pharmacien correspondant ne peut pas excéder douze mois. Enfin, dernier détail et non des moindres, l’officine doit disposer d’un espace de confidentialité permettant « un accueil individualisé des patients ». Quant à la rémunération, les syndicats des pharmaciens souhaitent un paiement à l’acte, mais rien n’était encore négocié au 18 juin.

Les médecins vivement opposés

Cependant, la mise en œuvre du pharmacien correspondant sur le terrain risque d’être compliquée. Les syndicats de médecins et leur ordre professionnel sont montés au créneau après la parution du texte. La cause ? La modification du périmètre métier des deux professions. « En réalité, prétextant l’exercice coordonné, le gouvernement transfère au pharmacien la prise en charge des patients chroniques. Il limite ainsi l’accès des patients concernés au médecin traitant », explique le Syndicat des médecins libéraux (SML) dans un communiqué du 2 juin. « Les mots ont un sens : il n’y a pas de “renouvellement” d’ordonnance en pratique médicale, mais des réévaluations de traitements entrant dans le cadre d’un suivi chronique des patients », déclare le 7 juin le syndicat de l’Union française pour une médecine libre (UFML). Tous deux appellent les médecins à entrer en résistance et à ne pas accepter qu’un pharmacien devienne pharmacien correspondant. MG France est pour sa part plus nuancé mais note dans un communiqué en date du 8 juin : « Nous veillerons à ce que ce dispositif ne dérape pas. Coopérer, oui, bien entendu. Mais chacun doit rester dans son rôle ! » Enfin, pour Luc Duquesnel, le président de Généralistes, de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le décret ne va pas faire avancer l’exercice coordonné. Surtout pour les patients.

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