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La ministre du Travail a fait la rentrée au CFA d’Avignon
À l’occasion de la promulgation de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, Muriel Pénicaud a visité deux centres de formation des apprentis dans le Vaucluse. Un moyen pour mettre sur le devant de la scène l’excellence de l’apprentissage.
Une ambiance de ruche. Une nuée de blouses blanches pilonnent de concert la poudre au fond de leur mortier. L’ambiance habituelle du CFA de pharmacie de la Chambre de commerce et d’industrie de Vaucluse (CCI). Enfin presque… Ce 7 septembre 2018 est une journée particulière pour les élèves, observés par le préfet, un député, des officiels consulaires, des journalistes, du personnel de sécurité… Il est 11 h 10 quand Muriel Pénicaud, ministre du Travail qui clôture ses visites de CFA par ceux d’Avignon et de Carpentras, entre dans le labo de TP.
– « On fait beaucoup de préparations en pharmacie ?, demande la ministre à Nicolas Leydier, préparateur et enseignant.
– Aujourd’hui il y a beaucoup de pharmacies spécialisées. Dans les officines « pures », il y a de moins en moins de préparations.
La ministre se penche vers une élève assise :
– Le BP se fait en combien d’année ? 2 ans ? Et vous, vous êtes en première ou deuxième année ? Qu’est-ce qui vous a amenée à choisir ce métier ?
– J’ai toujours voulu faire ça depuis que j’ai fait mon stage de découverte en 3e.
Florence Hertel, la directrice du CFA d’Avignon, précise : « C’est une formation qui ne se fait que par l’apprentissage ». Muriel Pénicaud, attentive, acquiesce, puis se tourne vers une autre élève : « Et vous ? »
– Le domaine de la santé m’a toujours intéressée. J’ai travaillé deux saisons en pharmacie pour ranger les rayons et ça m’a beaucoup plu. » La ministre s’arrête près des paillasses, se penche, observe, « à l’écoute », apprécie la directrice du CFA.
La CCI d’Avignon a mis les petits plats dans les grands. Un classique pour ce CFA interprofessionnel réputé pour sa formation en hôtellerie, qui a formé de grands cuisiniers à l’instar de Christian Étienne, le chef avignonnais.
Prise de temps
« C’est important de porter le message que l’apprentissage ouvre à de nombreux métiers et qu’il ne bloque pas les élèves », s’enthousiasme Muriel Pénicaud, qui relève « le paradoxe d’une voie perçue comme un symbole d’échec alors que 7 jeunes sur 10 issus de l’apprentissage ont un CDI dans les 7 mois après leur formation ». Elle souligne que la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel (1) « a déverrouillé tout ce qui empêchait de le développer ».
C’est la directrice du CFA qui a proposé la visite du BP de pharmacie, qui n’était pas prévue lors de la préparation de la venue ministérielle, l’hôtellerie-restauration étant le fer de lance du CFA d’Avignon. « Je souhaitais qu’elle voie la palette de notre offre mais aussi les installations techniques », explique Florence Hertel, qui a aussi « une affection particulière » pour ce BP où elle a enseigné avant de devenir directrice. Muriel Pénicaud a visité les cuisines, les salles, le restaurant, les chambres de l’hôtel dont dispose le CFA pour la formation, mais aussi l’école de commerce, les classes d’orthopédie… « Je souhaitais aussi que la ministre rencontre des jeunes en contrat pro car, si la loi met en avant l’apprentissage, elle concerne aussi la formation continue et l’emploi. Et qu’elle puisse échanger avec des formateurs », ajoute la directrice, qui a profité d’une certaine autonomie pour organiser cette journée, loin du pas de charge de certaines visites ministérielles.
Des questions, quelques réponses
Comme tous les directeurs de CFA, Florence Hertel est très attentive aux mesures qui affectent l’apprentissage. Et la loi en contient plusieurs. « Deux questions me tenaient à cœur, pour lesquelles on n’a pas toutes les réponses. La première concernait le coût apprenti. Comment va-t-il être déterminé puisqu’on change complètement de modèle de gouvernance et de financement ? Que va-t-il comporter et comment va-t-il être harmonisé ? » La mise à disposition d’ateliers techniques et leur entretien occasionne un coût en sus du coût pédagogique, même si la ministre a précisé que l’investissement « reste du domaine de compétence des régions ». Florence Hertel reprend : « Il y a des missions qui incombent au CFA comme l’appariement du jeune à l’entreprise, le suivi après le diplôme, la certification des CFA. Seront-elles prises en compte dans ce coût apprenti ? » La deuxième question qui préoccupe la directrice porte sur le relais de financement. « Le financement de l’apprentissage est assuré par les régions jusqu’au 31 décembre 2019, mais si je prends la rentrée d’un BP1 en septembre, comment cela va se passer au 1er janvier 2020 ? Aurais-je assez de trésorerie ? Comment le coût apprenti va-t-il nous être versé ? Il y a beaucoup d’interrogations et pas beaucoup de réponses », constate la directrice, qui s’interroge aussi sur le contenu du référentiel qualité des CFA. « Nombre de ruptures ? Suivi d’insertion dans l’emploi ? Accompagnement des jeunes, des entreprises ? Peu d’éléments précis aussi… »
Des spécialités régionales
Aujourd’hui, le coût apprenti varie d’une région à l’autre, en raison de critères de calcul différents selon les régions, mais aussi en fonction du nombre et de la taille des sections proposées. « Plus un CFA propose de petites sections, plus le coût apprenti augmente car la charge est répartie sur un groupe moins important d’élèves formés. Sans compter les loyers… Tous ces coûts communiqués aux régions servent à établir la taxe d’apprentissage pour les entreprises », explique Florence Hertel. Bientôt, ce seront des opérateurs de compétences qui définiront en concertation avec les branches ces coûts apprentis. Mais comment ? Le calendrier prévoit des infos au dernier semestre de 2019. Sur ce point aussi la loi manque de précisions ». Muriel Pénicaud répond que « la loi ne change rien, les régions auront les mêmes ressources pour financer les investissements dans les CFA ». Il suffisait de demander…
Des sous, des sous
« Il y a deux leviers pour dynamiser l’apprentissage », relève Florence Hertel. « Le premier revient à changer l’image de l’apprentissage et lui rendre ses lettres de noblesse, même si cela ne se pose pas pour le BP pharmacie puisque c’est la seule voie d’accès au métier. Le deuxième est de convaincre davantage de chefs d’entreprise de prendre des apprentis. » En réponse, la ministre met l’accent sur la lisibilité des aides : « Jusqu’à aujourd’hui, il y avait 4 aides, 1 crédit d’impôt, 3 aides financées par l’état dont 2 distribuées par les régions. Un parcours du combattant. Là, nous simplifions. Pour toutes les entreprises de moins de 250 salariés qui embauchent un apprenti en CAP ou en bac pro, ce sera 6 000 euros la 1re année et 3 000 la 2e. Et cette aide arrivera automatiquement dès le début de l’apprentissage à partir de 2019. » Y compris pour la pharmacie car « le BP est un niveau IV comme le bac pro ».
Il est midi et demi, les élèves de l’école hôtelière attendent la ministre au restaurant. La suite le mois prochain pour une explication de la nouvelle loi.
Le CFA de la CCI Vaucluse
Le CFA accueille 650 apprentis sur 4 banches : hôtellerie-restauration, « une activité importante sur le territoire de Vaucluse », un pôle commerce comptabilité, un pôle agroalimentaire, et le BP de pharmacie depuis 1981. Le CFA développe d’autres compétences en formation continue comme le titre d’orthopédiste-orthésiste-podologue depuis 2013. « À la pharmacie, nous avons une centaine d’élèves dont 90 apprentis et 12 contrats ou périodes de professionnalisation », précise la directrice.
(1) Journal Officiel du 6 septembre 2018.
Les apprentis en France
→ 436 000 jeunes en apprentissage en juin 2018.
→ 7 400 nouveaux contrats d’apprentissage enregistrés en juin 2018, dans les secteurs privé et public (+ 3,8 % versus juin 2017).
→ 307 000 contrats enregistrés entre juin 2017 et mai 2018, dont 292 000 dans le privé, soit une hausse de 5,5 % par rapport à la même période de 2017 (291 000).
Source : http://poem.travailemploi.gouv.fr/
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