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« Il faut instaurer un véritable dialogue entre le personnel soignant et les autorités religieuses »
Formatrice en milieu hospitalier et en institution, conférencière sur les thèmes des rites, cultures et religions.
Auteur de « Pour comprendre les pratiques religieuses des juifs, des chrétiens et des musulmans » et « Français et musulman : est-ce possible ? », publiés aux Presses de la Renaissance ; « Croyances et Laïcité » et « Soins, cultures et croyances » aux Éditions Estem.
Les autorités religieuses pensent que la religion musulmane interfère peu avec les soins. Qu’en pensez-vous ?
• Les autorités religieuses musulmanes tendent à minimiser les problèmes posés dans le domaine de la santé et à soutenir qu’il s’agit d’une question minoritaire. Dans la grande majorité des cas, les imams sont des personnes modérées et érudites. Ils tiennent un discours en parfaite conformité avec les textes coraniques. Sur le terrain, la réalité est difficile. Il n’est pas juste de dire que les problèmes liés aux convictions religieuses qui entravent les soins concernent une minorité de musulmans et une certaine génération de ces musulmans. Je constate dans ma pratique quotidienne que ces problèmes sont particulièrement marqués dans l’islam et concernent des personnes de plus en plus jeunes, nées musulmanes ou converties.
Y a-t-il un réel problème avec les femmes musulmanes ?
• Incontestablement. Et, paradoxalement, le problème est beaucoup plus marqué en Europe. Prenez les pays du Maghreb : les femmes y sont beaucoup moins réticentes à se faire ausculter par un médecin homme. Mais le fait de vivre à l’étranger, et le phénomène de « ghettoïsation » (involontaire, le plus souvent) favorise le repli et la crispation sur ses croyances. Il ne faut pas croire que les problèmes se limitent à la question de la gynécologie ou à l’obstétrique. Je vois même des hommes qui refusent de laisser leur femme aller voir seule une assistante sociale. Les hommes se considèrent trop souvent comme propriétaires du corps de leur femme et de leurs enfants. Cela a trait directement à la culture maghrébine, pas à l’islam.
Les professionnels de santé peuvent-ils avoir un poids face à ces problèmes ?
• Les médecins, les pharmaciens, les infirmiers et même les assistantes sociales ont un vrai rôle d’éducation à jouer, c’est certain. Cependant, je reste dubitative et plutôt pessimiste. Je ne suis pas sûre que la « blouse blanche » puisse avoir suffisamment de poids face aux croyances religieuses.
Quelles solutions peut-on envisager ?
• L’idéal est l’organisation par les mosquées de rencontres ou de débats qui réuniraient soignants, imams et fidèles. Il faut instaurer un véritable dialogue pour que le travail d’éducation puisse se faire dans les meilleures conditions possibles. Le comptoir, en officine, n’est pas l’endroit idéal pour débattre des croyances. L’hôpital non plus. La discussion, pour être la plus constructive possible, doit se faire au calme et en dehors de toute situation d’urgence.
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