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Handicapés
Ici et là, des pharmacies devancent l’échéance de 2015 fixée par la loi de 2005, pour être accessibles aux personnes handicapées. Et se forment même à l’accueil des handicapés mentaux.
Confortablement assis au volant de votre voiture, vous vous avancez jusqu’au guichet vitré. Non, vous n’allez pas commander un cheeseburger et des frites, mais du paracétamol et du Spasfon. Bienvenue au « Pharmadrive », un guichet à hauteur de personne assise en voiture, annexé à une officine. Un service proposé par la pharmacie Jean-XXIII, à Saint-Max, près de Nancy, qui est fort apprécié des personnes handicapées moteur. Et ce, parce qu’il leur évite bien des obstacles sur la voirie… Comme nous le disions dans notre enquête précédente (Porphyre n° 451), encore trop de pharmacies françaises ne permettent pas l’accès des personnes à mobilité réduite à leurs locaux. Mais ne restons pas sur ce constat pessimiste : d’autres pharmacies – leur nombre est impossible à chiffrer – sont d’ores et déjà accessibles. Celles qui vendent des fauteuils roulants, tout d’abord, doivent l’être de longue date. Les officines neuves, ensuite, pour lesquelles l’échéance pour la mise en conformité a été fixée en 2007 par la loi sur le handicap de 2005. Enfin, il y a toutes ces pharmacies qui se sont donné les moyens d’accueillir les personnes handicapées, avec six ans d’avance sur la loi, puisque l’échéance ultime est fixée au 1er janvier 2015. Parfois des trucs et astuces peu coûteux suffisent. C’est le cas du « Pharmadrive » qui, bien que non prescrit par la loi, est une solution intéressante. À la pharmacie Jean-XXIII, le service n’est pas seulement plébiscité par les personnes à mobilité réduite. « Nous avons un cabinet de pédiatrie juste à côté, précise Évelyne, préparatrice. Pour les mamans en voiture avec leurs enfants attachés dans le siège auto, le « drive » est très pratique ».
Rampe d’accès. Le principal obstacle reste l’accès à la pharmacie. À la pharmacie des Familles, aux Lilas, en région parisienne, le ressaut s’élève à environ 7 cm. Un mini plan incliné en béton, recouvert de cinq petites dalles, a été posé devant l’entrée. « Ce plan a été réalisé à l’occasion de gros travaux, en 2002, explique un des co-titulaires. Nous avons six ou sept clients en fauteuil roulant qui l’apprécient vivement ! » Le coût ? Difficile à évaluer, car l’opération a été intégrée à des travaux plus globaux. Compenser une marche de 20 cm est moins facile, car il faut rester dans le cadre de la loi qui prescrit une pente de moins de 5 %. Ce qui requiert parfois de construire des rampes qui empiètent sur la rue. Le mieux est de faire appel à un entrepreneneur. Autre solution : une rampe escamotable. La société Myd’l a ainsi conçu un système baptisé « Trait d’union ». Le principe : une encoche d’une hauteur de 4 cm à peine est créée dans le bâti, juste sous la marche. C’est là que va se loger le système rétracté. Lorsqu’une personne handicapée arrive, elle signale sa présence en appuyant sur un bouton d’appel associé au dispositif. Le personnel de la pharmacie va à sa rencontre et déclenche le déploiement de la rampe. « Un produit auquel s’intéressent de plus en plus de pharmaciens et d’aménageurs. », selon Daniel Soulier, co-gérant de la société Myd’l.
De l’espace ! On a réussi à entrer dans l’officine. Très bien. Et maintenant, comment fait-on pour se déplacer ? La règle d’or de l’accessibilité : de l’espace avant tout. La loi prescrit une largeur minimale des locaux de 1,40 m voire 1,20 m… Il faut en effet songer que certains appareils sont encombrants. Ainsi, Jérémie, handicapé moteur qui vit dans le Loiret, se déplace en scooter électrique : « Je vais toujours à la pharmacie Saint-Marceau, à Orléans, car elle est de plain pied et spacieuse. Je peux y entrer et faire le tour sans problème avec mon scooter ». Le besoin d’espace : un constat confirmé par Jean-Jacques Hommel, titulaire à Vandoeuvre-lès-Nancy, d’une pharmacie de 450 m2 entièrement accessible. « Si la mise aux normes a un coût, c’est en termes d’espace, par exemple pour les toilettes adaptées ».
Comptoir en poste assis. Et pour déposer son ordonnance et recevoir les médicaments ? L’idéal, c’est le « comptoir en poste assis », bien qu’il ne soit pas imposé par la loi de 2005. Aménageur de pharmacies dans la région Centre, Francis Ravaux confie qu’il est encore peu sollicité à ce sujet. « Nous réalisons ces comptoirs sur mesure, à la demande du client. La hauteur est comprise entre 0,75 et 0,80 m. » La pharmacie Rousseau, à Briare, dans le Loiret, dispose d’un comptoir de ce type, de forme arrondie. « Il est situé un peu à l’écart, dans notre espace « Maintien à domicile », témoigne explique Aurélie Le Garrec, préparatrice. Nous pouvons nous asseoir face au client en fauteuil, à la même hauteur que lui. C’est plus commode pour établir un lien de proximité. » La pharmacie Rousseau, qui couvre 250 m2, fait partie de ces officines neuves d’ores et déjà accessibles. « Le local, autrefois occupé par un assureur, a été réouvert fin 2006 après d’importants travaux. Il a fallu abaisser le sol de 50 cm sur la moitié de la superficie pour gommer les différences de niveaux !, explique Lionel Rousseau, le titulaire. Mais pour moi, tout cela allait de soi ! À partir du moment où une officine vend du matériel de maintien à domicile et des fauteuils roulants, elle se doit d’être accessible… » Pour lui aussi, la mise aux normes consomme plus d’espace que de budget : « Afin de réaliser l’aménagement des toilettes pour handicapés, il a fallu compter entre 4 et 8 m2 supplémentaires, ainsi qu’un bout de couloir large de 1,50 m. »
Pharmacie… et ville accessibles. Autre exemple d’officine accessible qui vend des fauteuils roulants : la pharmacie de la Gâtine, située à Parthenay, dans les Deux-Sèvres. « Quand mon mari et moi avons acheté il y a sept ans, la pharmacie était déjà entièrement accessible, nous raconte Isabelle Bournier, co-titulaire. L’ancien propriétaire vendait des fauteuils roulants : il avait donc mis ses locaux en conformité pour avoir l’agrément. De plus, Parthenay est une ville très en avance en termes d’accueil des handicapés moteur. » Cette commune de 10 000 habitants s’est vu remettre le prix spécial des Écharpes d’Or de la Prévention routière, fin 2008, pour son engagement en faveur de l’accessibilité, qui remonte à… 1978. Se trouver dans un environnement accessible, forcément, ça aide…
Et les handicapés mentaux ? Mais rappelons que, selon la loi de 2005, l’accessibilité ne vise pas que les personnes en fauteuil roulant ou avec une canne. Tous les handicaps sont concernés. Mais que signifie l’accessibilité pour les handicapés mentaux ? « Leurs problèmes de compréhension, de repérage dans l’espace et dans le temps nécessitent un accompagnement particulier », indique-t-on à l’Unapei (1), la fédération nationale de parents. Il y a là tout un chantier à mettre en oeuvre, si l’on en croit notre sondage : près de 24 % des préparateurs interrogés aimeraient avoir des informations sur la meilleure attitude à adopter face à ce public particulier. Comme toute l’équipe de la pharmacie Comte, à Digne (Alpes de Haute-Provence), Michel Rio, pharmacien, a participé à une mini-formation, en 2007, pour mieux connaître et comprendre le handicap mental. « Je demande toujours à ces clients s’ils ont bien compris les consignes relatives à leur traitement. S’ils répondent non, ou si je vois leur regard qui s’égare, je réexplique, d’une manière simple. Pour la reconstitution d’un collyre, par exemple, je mime, ou même je reconstitue le mélange sous leurs yeux. » Dispensée par l’Adapei 04(2), cette session a permis à la pharmacie Comte d’afficher le picto « S3A » en vitrine, pour « Symbole d’accueil accompagnement accessibilité ». Deux visages souriants vert et bleu, imbriqués l’un dans l’autre, que l’on aperçoit parfois dans les gares ou les aéroports. Un concept conçu par l’Unapei en 2000, avec pour objectif de signaler les lieux qui font des efforts pour accompagner les handicapés mentaux et ainsi favoriser leur accès à la cité. « Au cours de ces formations, nous donnons des définitions : par exemple, « qu’est-ce que la déficience intellectuelle ? », précise Sandrine Paniez, responsable de l’accessibilité à l’Unapei. Il faut souvent dénouer une confusion entre le handicap mental et les maladies mentales, qui font peur. Nous donnons aussi des conseils sur les comportements les plus adaptés. » L’équipe de la pharmacie du centre commercial Saint-Sever, à Rouen, a elle aussi suivi une formation d’une demi-journée en 2007. « Cette séance m’a beaucoup appris sur les difficultés que connaissent les parents. Jusque-là, je n’avais pas été vraiment confrontée au handicap mental, relate Vanessa Boulier, préparatrice. J’ai pris conscience que, trop souvent, quand les handicapés mentaux sont accompagnés, nous parlons à leur accompagnateur et les ignorons. Depuis, j’ai changé d’attitude, je m’adresse toujours à eux. » «Toute l’équipe a suivi la formation et affiche le picto sur sa blouse, ajoute Guillaume Lenormand, le titulaire. Il me semble important que, tous, nous comprenions et respections ces patients. »
Savoir prendre le temps. Une information essentielle est transmise aux commerçants qui suivent ces formations, ajoute Sandrine Paniez : « Les personnes handicapées mentales prennent plus de temps que les autres clients ; il faut le savoir à l’avance. » Un constat déjà intégré par Marie-Armelle Vérité, préparatrice à Retiers, en Bretagne, qui nous a contactés via le forum de Porphyre. Elle pense aussi bien au handicap physique que mental : « Nous allons parfois livrer les médicaments au domicile de personnes handicapées. Mais il faut savoir prendre du temps pour ces personnes. Et cela est valable aussi quand elles viennent à l’officine. Je sens souvent chez elles une envie de communiquer, sans doute parce qu’elles n’ont que de rares occasions de sortir. C’est important, pour moi, de construire un lien humain au-delà du lien commercial… » Mais le plus souvent, aujourd’hui encore, ce sont plutôt des attitudes de surprise ou d’évitement que rencontrent les handicapés. Ancien pharmacien devenu hémiplégique, Patrick Meyer sent les regards peser sur lui lorsqu’il va prendre ses cours à la fac de lettres de Nancy. Lors d’un tour d’Europe en 2002 (3), il a pu constater que le sort réservé aux infirmes n’était pas le même ailleurs, par exemple au Danemark. La voirie étant plus accessible, les personnes à mobilité réduite y sont beaucoup plus nombreuses dans les rues… Au point de passer quasi-inaperçues. Et Patrick Meyer de commenter : « J’ai trouvé les gens plus à l’aise et plus prévenants.»
Un autre regard sur le handicap. Une loi suffira-t-elle à changer notre regard sur le handicap ? « Ma mère boitait, ma fille a des problèmes de mobilité liés à une myasthénie… Je me sens concernée », nous raconte Nicole Legall, préparatrice à Brest, qui nous a aussi contactés via le forum. « Ma mère m’a toujours appris qu’on est tous égaux et qu’on doit se respecter mutuellement. Pour moi, l’éducation est primordiale. » L’éducation à la différence, pourquoi pas ? Là aussi, la ville de Parthenay est en avance : « Un des foyers pour handicapés de la ville, le Club des Jeunets, organise des rencontres avec les écoliers à travers des ateliers de cuisine, de jardinage, de bricolage, témoigne Mathieu Chargelègue, préparateur à la pharmacie de la Gâtine. Il y a un enrichissement dans les deux sens, car les handicapés apprennent à accepter la différence, et les enfants apportent leur joie de vivre. » Il ne s’agit pas seulement de rendre la cité accessible mais de vivre ensemble…
(1) Unapei : Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis.
(2) Adapei 04 : Association départementale des parents et amis de personnes handicapées mentales des Alpes de Haute-Provence.
(3)
Face aux personnes handicapées mentales
Pour savoir quel comportement adopter face aux personnes souffrant d’un handicap mental, voici quelques conseils donnés lors des formations « S3A ».
• S’adresser à la personne handicapée et non à son accompagnateur.
• Ne pas parler trop fort ni trop lentement.
• Ne pas manifester de pitié.
• Ne pas avoir peur.
• Pas d’infantilisation ; utiliser le vouvoiement.
• Laisser à la personne le temps de s’exprimer.
• Être à l’écoute, disponible, chaleureux.
• Recourir à un langage simple : sujet-verbecomplément.
• En cas de problèmes d’élocution : faire répéter, reformuler ce qui a été dit calmement. Être le plus à l’aise possible.
• Ne pas tout accepter de la personne handicapée pour autant. Exemple : ne pas se laisser embrasser ; on ne fait pas la bise à ses clients, qu’ils soient handicapés ou non.
• Si la personne ne parvient pas à communiquer, lui demander : « Avez-vous un document, un papier à me donner ? » Parfois la personne oublie qu’elle a une ordonnance avec elle.
• En cas de difficulté, lui demander si elle a le numéro de téléphone d’une personne à contacter (parent, éducateur…).
Repère : L’accessibilité en pratique
La loi du 11 février 2005
La loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, du 11 février 2005, impose à tous les établissements recevant du public (ERP) des normes visant à les rendre accessibles à tous.
Les normes à respecter
Parking privé : tout parking dépendant d’un ERP doit comporter plusieurs places de stationnement adaptées aux personnes en fauteuil, proches de l’entrée et reliées à l’établissement par un cheminement accessible.
Accès à l’établissement : il doit se faire de plain pied ou, à défaut, être compensé par un plan incliné d’une pente inférieure à 5 %. A noter : un ressaut allant jusqu’à 2 cm de hauteur est toléré.
Largeur de la porte d’entrée : au minimum 1,40 m pour les ERP recevant 100 personnes ou plus par jour, 0,90 m pour les autres ; 0,80 m pour les locaux de moins de 30 m2.
Circulation intérieure : largeur de 1,40 minimum, qui peut être ramenée à 1,20 m sur certaines parties.
Sols : ils doivent être non meubles, non glissants et dépourvus d’obstacle, avec des pentes inférieures ou égales à 5 % et leurs dévers à 2 %. Les obstacles doivent être de couleur contrastée et pouvoir être détectés avec la canne des personnes malvoyantes.
Toilettes : s’il existe des toilettes ouvertes au public, elles doivent être accessibles aux personnes handicapées.
Combien ça coûte ?
• Un « Pharmadrive » : de l’ordre de 3 000 e pour l’achat de la cage et la pose avec le percement du mur.
• Une rampe escamotable « Trait d’union » : compter 2 800 e avec la pose.
• Une rampe pour compenser une marche de 20 cm, il est indispensable de creuser une chape de béton dans le sol afin d’assurer sa stabilité. Selon l’entreprise de bâtiment SMS basée en Seine-Saint-Denis, il faut bien compter une journée et demie à deux journées de travail, soit un coût variant entre 1 500 et 2 000 e.
• Un comptoir en poste assis : Francis Ravaux, agenceur, déclare en avoir réalisé un avec tiroirs, rangements et plateau en verre pour 1 513 e. Mais il existe des modèles moins chers.
À qui s’adresser pour obtenir des conseils ?
• Les architectes et aménageurs, qui connaissent les détails de la loi de 2005.
• La commission communale d’accessibilité de votre ville. La loi de 2005 impose la création d’une telle commission dans toute commune de plus de 5 000 habitants.
• La commission consultative départementale de sécurité et d’accessibilité (CCDSA), chargée de donner des avis aux préfets et aux maires. Demander ses coordonnées à la préfecture.
• L’Association des paralysés de France (APF). Les coordonnées de la délégation la plus proche de chez vous se trouvent sur .
Qui peut vendre des fauteuils roulants ?
Jusque dans les années 2000, les pharmacies devaient disposer d’un agrément attribué par la Caisse régionale d’assurance-maladie (Cram) pour pouvoir vendre des fauteuils roulants. En contrepartie de cet agrément, des aménagements devaient être réalisés : entrée accessible, largeur de minimale de 2 m, surface d’évolution de 16 m2 au moins, local annexe pour recevoir le patient en toute confidentialité. L’agrément imposait aussi le suivi d’une formation au Centre d’études et de recherche sur l’appareillage des handicapés (CERAH), situé à Woippy, près de Metz.
Aujourd’hui, l’agrément n’est plus délivré. C’est une convention nationale signée entre les Caisses primaires d’assurance-maladie (CPAM) et les pharmacies qui impose les critères d’aménagement des locaux (annexe 2 de la convention de juillet 2006). La formation au CERAH n’est plus obligatoire mais vivement recommandée, dans la mesure où la convention parle d’une « obligation de compétences ».
Entre 600 et 800 personnes sont formées chaque année au CERAH, dont la moitié est constituée de personnel des officines. Cette formation comprend 24 heures à distance et 16 heures sur le site de Woippy.
Interview : « Il faut un accès à tout pour tous ! »
Jean-François Chossy, ancien préparateur,député UMP de la Loire, a été rapporteur de la loi de 2005 en faveur de l’égalité des droits et des chances des personnes handicapées.
Pourquoi vous intéressez-vous au handicap ?
En 1993, un couple est venu me voir à ma permanence parlementaire avec sa fille autiste de 4 ans. Il craignait une prise en charge exclusivement psychiatrique. À la suite de cette rencontre, nous avons créé une loi, en 1996, qui reconnaît l’autisme comme un handicap et propose donc une prise en charge éducative et médicosociale. À partir de là, comme peu de parlementaires s’intéressent au handicap, dès qu’un dossier sur ce thème se présentait, il m’était attribué.
En 2003, vous avez passé une semaine dans un centre pour autistes. Pourquoi ?
J’étais chargé par le Premier ministre d’alors, Jean-Pierre Raffarin, de rédiger un rapport sur l’autisme*. Pour bien appréhender le sujet, j’ai décidé de m’immerger dans un établissement spécialisé, sans téléphone portable… J’ai constaté l’efficacité des méthodes pédagogiques importées des pays anglosaxons. J’ai aussi vu les difficultés des éducateurs, et la galère des parents qui doivent parfois garder leur enfant au domicile, par manque de places dans les établissements…
La loi de 2005 a fixé 2015 comme échéance pour l’accessibilité. N’est-ce pas trop éloigné ?
Ce délai de dix ans peut paraître long pour ceux qui attendent. Mais il est raisonnable pour ceux qui doivent effectuer des travaux. Je sais que ce n’est pas facile pour certains lieux publics et petits commerces. Mais les difficultés techniques sont surmontables. Je rappelle que la loi de 1975 sur le handicap ne comprenait pas de date butoir… Et elle n’a pas été suivie d’effets. Il est très important d’avoir inscrit une échéance dans le marbre de la loi.
Quelle est votre expérience en tant qu’ancien préparateur ?
L’officine dans laquelle j’exerçais était de plain pied, mais n’avait pas de portes coulissantes. Il y a trente ans, ce n’était pas dans les habitudes de conception. Celles-ci ont évolué, mais il y a encore beaucoup à faire. Les architectes, les urbanistes doivent être informés au mieux. Il y a une obligation de formation à la loi de 2005 dans les écoles d’architecture, mais tous les cursus ne sont pas encore opérationnels…
Qu’en est-il de l’accessibilité des pharmacies actuelles ?
Je connais bon nombre de pharmacies qui ont des portes coulissantes, des accès facilités pour les personnes handicapées en fauteuil, mais aussi pour les parents avec enfants en poussettes, les livreurs… On ne doit pas raisonner en termes d’accessibilité aux seuls handicapés mais d’accès à tout pour tous. Un exemple : le tramway de Paris a des portes qui s’ouvrent entièrement. On s’est rendu compte que cela servait à tous les voyageurs, qui rentrent plus rapidement, au point que cela permet une à deux rotations supplémentaires par jour !
Les lieux de soins ne devraient-ils pas être accessibles en priorité ?
Bien entendu. Si les propriétaires de ces lieux qui accueillent des personnes en souffrance ne font pas des efforts rapidement, ils seront hors la loi en 2015. Et aujourd’hui, ils sont déjà « hors relation humaine »…
* « La situation des personnes autistes en France : besoins et perspectives », La Documentation française, 76 pages, novembre 2003.
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