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Des solutions existent, mais à long terme
Les pénuries de médicaments ont été l’un des thèmes des 13es Rencontres de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo), le 8 février à Paris. Les origines des ruptures sont multiples et les recettes, panachées.
C’est le sujet qui empoisonne la vie des officines. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a reçu plus de 3 000 signalements de ruptures ou de risques de rupture en 2022. Celles de paracétamol et d’amoxicilline pédiatrique ont été largement médiatisées. Lors d’une table ronde organisée durant les 13es Rencontres de l’USPO, syndicat de titulaires, Ilaria Passarani, secrétaire générale du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE)
Augmenter les prix et relocaliser
Dans l’urgence, les pouvoirs publics français et l’ANSM ont pris des mesures, avec le contingentement des stocks, l’interdiction temporaire de la vente en ligne de paracétamol et l’autorisation des préparations d’amoxicilline (lire Décryptage p. 11). Le 2 février, lors d’une réunion regroupant pharmaciens, industriels et patients, François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, ont annoncé la mise à disposition d’un million de flacons d’amoxicilline, soit un mois de consommation.
Ces mesures à court terme sont insuffisantes. Les industriels pointent la faiblesse des prix des médicaments anciens, due aux économies réalisées sur les produits de santé chaque année, soit 800 millions d’euros en 2023. Les entreprises pharmaceutiques, dont les fabricants de génériques, réclament depuis 2019 un moratoire sur les diminutions de prix. D’autant que les coûts de production ont grimpé de 20 à 30 %, inflation oblige. Elles ont réitéré cette demande le 26 janvier avec les pharmaciens, en annonçant leur boycott du Comité de suivi des génériques. Le gouvernement les a enfin entendues et annoncé, le 2 février, un moratoire sur les baisses de prix des génériques stratégiques sur le plan industriel et sanitaire, ainsi qu’à terme, des augmentations de prix ciblées sur des génériques stratégiques produits en Europe. L’Allemagne, également confrontée aux pénuries, a opté pour une hausse des prix de certaines molécules.
Définir les médicaments dits critiques
Une mission interministérielle sur la régulation et le financement des produits de santé a été lancée le 25 janvier. Son but ? Proposer des solutions d’ici l’été, en conciliant la lutte contre les pénuries et la soutenabilité des dépenses de santé. Enfin, le gouvernement mise sur la relocalisation en France de la fabrication de médicaments et de principes actifs. Des projets, soutenus par l’État, ont été lancés, comme la construction d’un site de production de paracétamol par Seqens, un leader de la synthèse pharmaceutique, mais il ne sera achevé qu’en 2025. Le temps industriel est long et une politique de réindustrialisation nécessite d’établir des priorités. Quelles molécules indispensables faudrait-il élaborer en France pour ne pas dépendre de pays tiers, comme la Chine et l’Inde ? Les industriels évoquent depuis la crise sanitaire de mars 2020 la nécessité d’en avoir la liste. C’est aux pouvoirs publics de l’élaborer. Bonne nouvelle, une liste de médicaments dits critiques, définie sur la base des recommandations des autorités scientifiques, devrait éclore fin mai. Un simple préalable avant que ces médicaments soient réellement produits en France ou en Europe. En attendant, les pénuries risquent de perdurer.
(1) Association européenne représentant les pharmaciens d’officine. Ses membres sont les associations nationales et Ordres de pharmaciens d’officine dans trentedeux pays européens.
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