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Bio ou pas, telle est la question
Le bio a le vent en poupe et de nombreuses marques, notamment cosmétiques, se positionnent sur ce marché. Mais indiquer « bio » sur son emballage ne suffit pas ! Le point pour faire le tri entre les produits naturels, les produits bio et ceux qui ne le sont pas.
Tous les super et hypermarchés développent des rayons dédiés au bio, et même des gammes à leur marque propre. Le bio est devenu incontournable. Dans la cosmétique et le bien-être, les produits bio ou naturels se multiplient aussi. Les compléments alimentaires n’échappent pas à ce phénomène. Si le bio semble une évidence pour les denrées alimentaires, qu’en est-il exactement pour les crèmes de soin, les shampoings ou les huiles essentielles ? Comment s’assurer qu’un cosmétique ou un complément alimentaire est bien bio ? Un label estil une garantie ? Quelle différence avec les produits dits naturels ? Autant de questions que le client et le préparateur peuvent se poser face aux rayons de parapharmacie.
C’est quoi, un produit bio ?
→ Premier point à rappeler : un produit bio, c’est-à-dire biologique, est un produit issu de l’agriculture biologique. Ce secteur est réglementé. Ainsi, la culture des plantes biologiques n’utilise aucun produit chimique de synthèse comme les pesticides, les herbicides chimiques et les fertilisants artificiels. Les semences issues d’organisme génétiquement modifié (OGM) sont aussi interdites.
→ Le bio concerne également l’élevage. Dans ce cas, les animaux sont élevés sans antibiotiques ni hormones de croissance et leur nourriture ne contient pas de farines animales. Ils ne doivent pas non plus être élevés en surnombre dans des endroits fermés. Les produits alimentaires transformés répondent aussi à des règles pour être bio, notamment le traitement des produits bruts ne doit pas être chimique.
→ Pour autant, certaines matières premières naturelles ne sont pas considérées comme bio.
C’est le cas de l’eau, qu’elle entre dans la composition de plats alimentaires ou de produits cosmétiques. Or, elle peut représenter 60 % de la composition d’une crème cosmétique ou 80 % de celle d’un gel douche. C’est aussi le cas de minéraux comme le magnésium, le kaolin ou le sélénium. Quant aux vitamines dans les compléments alimentaires, il s’agit de vitamines de synthèse sauf si elles proviennent de plantes ou de produits d’origine animale bio tels que le miel.
Quelle est la différence entre ingrédients « naturels » et bio ?
→ En France, il n’y a aucune réglementation qui définit ce qu’est un produit naturel et ce qu’est un produit bio. Or, les deux termes, naturel et bio, peuvent prêter à confusion. Et certaines marques jouent d’ailleurs sur cet amalgame. Mais deux certitudes. La première, et c’est une lapalissade, les ingrédients naturels proviennent de la nature, qu’il s’agisse de plantes, de minéraux ou d’animaux. La deuxième est que les ingrédients naturels végétaux ne sont pas forcément issus d’une agriculture bio. Des graines de lin ou de l’huile d’amande sont des ingrédients naturels mais le lin ou les amandes ont pu être cultivés avec des engrais ou des pesticides.
→ Autre distinction à connaître : les ingrédients d’origine naturelle sont des ingrédients qui ont subi une transformation. Et là encore, la transformation peut nécessiter l’utilisation d’un solvant chimique, par exemple.
→ Enfin, comme l’utilisation du terme « naturel » n’est pas réglementée, une marque peut utiliser ce terme alors que son produit contient des ingrédients synthétiques, voire des perturbateurs endocriniens ou des parabènes. En revanche, les produits bio sont forcément naturels.
Les produits dermo-cosmétiques peuvent-ils être vraiment bio ?
→ Les produits cosmétiques peuvent être bio, mais il faut savoir qu’en France, il n’y a pas de réglementation à ce sujet. Par exemple, une marque pourrait afficher que sa crème es t bio alor s qu’elle ne contient qu’un seul ingrédient bio. C’est pour cette raison que des organismes et des fabricants de cosmétiques ont créé des référentiels pour garantir aux consommateurs que les produits sont bio.
→ Un référentiel est un cahier des charges auquel doivent répondre les sociétés. Il couvre tous les aspects de la fabrication du cosmétique : l’approvisionnement en matières premières, la fabrication, le marketing et le contrôle des produits cosmétiques. Le référentiel décrit toutes les étapes de fabrication du produit auxquel les doivent se conformer les sociétés. Il prend en compte l’origine et le traitement des ingrédients, la composition totale du produit, le stockage, la fabrication et l’emballage, la gestion environnementale (il s’agit notamment de la préservation de l’environnement), l’étiquetage et la communication. Le référentiel traite aussi de l’inspection, de la certification et du contrôle.
→ Dès 2002, Ecocert, créé en 1991 en France, élabore un référentiel « Cosmétique écologique et biologique ». La même année, les cinq principales organisations impliquées dans les référentiels en cosmétique biologique et naturelle (Ecocert Greenlife SAS en France, Cosmebio, une association française de la cosmétique bio, BDIH en Allemagne, Soi l Associat ion au Royaume-Uni et ICEA en Italie) conviennent de développer une norme unique et harmonisée. Ce projet aboutit en 2010 avec Cosmos Standard, un référentiel qui permet d’obtenir le label Cosmos Organic pour les produits cosmétiques bio et le label Cosmos Natural pour les produits cosmétiques naturels.
Que prévoit le label Cosmos Organic ?
→ Ce label a évolué et, depuis le 1er janvier 2017, sa mention est obligatoire pour tous les nouveaux produits cosmétiques bio. Il impose des quantités d’ingrédients dans la composition des produits : plus de 20 % d’ingrédients bio dans les crèmes et produits non moussants et plus de 10 % dans les produits rincés comme les shampoings.
→ Plusieurs autres règles sont à respecter dans le cadre du label Cosmos : l’eau doit être potable, de source, obtenue par osmose, distillée ou de mer ; les minéraux doivent être obtenus sans modification chimique et être extraits via des processus respectueux de l’environnement. Au niveau des aut res ingrédients, un cosmétique bio doit contenir des agro-ingrédients, c’est-à-dire les ingrédients d’origine végétale, animale et microbienne qui peuvent être transformés physiquement, par des procédés mécaniques, ou chimiquement. Mais le label liste les procédés de transformation physiques et chimiques autorisés et ceux qui sont interdits.
→ Il répertorie également les agro-ingrédients qui doivent être obligatoirement bio. « Le label comporte aussi une liste d’ingrédients chimiques autorisés, car certains n’ont pas d’équivalent biologique, souligne Marine Pentecôte, chargée de communication de Cosmébio. Les fabricants ne peuvent pas utiliser de perturbateurs endocriniens ou de parabènes. Et dès qu’un ingrédient de synthèse se révèle nocif pour la santé, il n’est plus autorisé. » Il est donc normal que l’on puisse trouver des ingrédients chimiques, par exemple des conservateurs, dans des cosmétiques bio.
→ À partir de la composition du produit, les pourcentages d’ingrédients naturels, bio et de synthèse sont calculés. La composition finale doit comprendre au moins 95 % d’ingrédients naturels sur tout le produit pour les cosmétiques naturels et bio, et pour les cosmétiques bio, au moins 95 % d’ingrédients bio parmi ceux qui peuvent l’être. Un cosmétique bio ou naturel peut donc comprendre 5 % maximum d’ingrédients chimiques.
→ Au total, on doit retrouver au moins 20 % d’ingrédients bio sur tout le produit, qui est le critère de base du label, ou plus de 10 % pour les produits rincés. Ce pourcentage peut paraître faible, mais ce résultat final est obtenu en prenant en compte l’eau et les minéraux contenus dans le produit.
→ Le label porte aussi sur les emballages, qui doivent être recyclables au maximum, et les matériaux utilisés, ainsi que sur les gaz propulseurs autorisés. Enfin, les tests sur animaux sont interdits dans la communauté européenne.
Comment une marque peut-elle obtenir le label Cosmos Organic ?
→ Pour obtenir le label Cosmos Organic, la société doit non seulement se conformer au référentiel mais aussi prouver qu’elle le fait. Elle doit s’adresser à un organisme certificateur comme Ecocert ou le Bureau Ve
ritas, qui va alors procéder à un audit complet de ses procédés afin de s’assurer que toutes les exigences du cahier des charges sont respectées. Si c’est le cas, la société obtient la certification qui est valable un an.
Chaque année, un ou deux audits sont menés par l’organisme certificateur pour vérifier la continuité de la conformité, y compris lorsque de nouveaux ingrédients sont utilisés. « Les audits sont très complets. La société doit fournir tous les documents. Nous contrôlons tout : les matières premières, la traçabilité, la composition, le respect de la réglementation… Après la vérification des documents, l’audit est complété par une visite sur site », détaille Marine Pentecôte.
Lorsque la certification est délivrée par l’organisme, la société peut apposer le logo du label Cosmos Organic sur les produits bio. « Le logo du label Cosmos Bio est accompagné du logo du certificateur. Parfois, l’étiquette ne comprend que le logo du certificateur. Mais dans les deux cas, c’est ce qui fait foi de la certification des produits. L’étiquette affiche aussi les pourcentages », observe Valérie Lemaire, directrice d’Ecocert Greenlife. Les procédures sont identiques pour le label Cosmos Natural.
Pourquoi peut-on trouver différents labels sur les produits bio ?
→ Différents labels existent en cosmétique. Tous sont privés, comme Cosmos. Cosmébio est l’un des plus connus. Ce label, fondé par l’association Cosmébio, reprend le cahier des charges de Cosmos et son obtention dépend également de la délivrance de la certification. Il est réservé aux membres de l’association.
Nature & Progrès est une marque indépendante privée créée par l’association qui porte le même nom. Comme un label, elle est conditionnée au respect d’un cahier des charges et d’une charte.
Il y a également le label Natrue, d’origine allemande, que l’on retrouve sur les produits Weleda.
Dans tous les cas, un label apporte des garanties sur la composition des produits et sa fabrication, mais son obtention dépend de la volonté de l’entreprise de s’engager dans un processus de certification qui a un coût. Des petites sociétés mettent en avant ce coût pour expliquer qu’elles n’ont pas de certification et de label. Un faux argument pour Valérie Lemaire : « Pour les petits fabricants, un audit pour la certification revient à 400 ou 500 €. Ce n’est pas rédhibitoire. Cet argument est plus valable pour les fabricants de savon, dont les prix des produits sont faibles. » Le premier conseil est donc de se fier en premier aux produits certifiés et labellisés. Le deuxième est d’être attentif aux « auto-allégations », notamment pour les marques qui proclament leurs produits « naturels ». Regarder leur composition est impératif. En cas de doute, on peut aussi vérifier sur les sites de Cosmébio et d’Ecocert. Celui-là indique d’ailleurs les références non autorisées en agriculture bio pour les cosmétiques.
Les huiles essentielles sont-elles forcément bio ?
La problématique est identique à celle des produits cosmétiques. Les huiles essentielles sont d’origine naturelle mais ne sont pas forcément bio si la culture et la transformation des plantes sont « traditionnelles ». Les huiles essentielles bio peuvent être certifiées et labellisées comme les parfums d’ambiance. Le pourcentage d’ingrédients bio peut d’ailleurs atteindre 100 % s’il s’agit de formules huileuses sans eau. C’est notamment vrai pour les huiles de massage.
Une nouvelle norme ISO sur les cosmétiques naturels et bio a vu le jour. Est-ce aussi une garantie ?
→ Cette nouvelle norme ISO 16128 publiée en 2017 vise à harmoniser les pratiques des industriels. Elle suscite des polémiques dans les milieux bio. Cosmébio et Ecocert, qui participaient à son élaboration, se sont retirés des groupes de travail car des dispositions posent problème. Ainsi, la norme n’interdit pas les OGM, elle qualifie d’« ingrédients naturels » des ingrédients dérivés d’OGM. Elle autorise des substances pétrochimiques, tels parabènes ou solvants pétrochimiques, dans la composition de tous les produits, y compris bio. Enfin, son calcul d’indices de naturalité et d’origine biologique peut « entraîner la confusion quant à la teneur en ingrédients bio et/ou naturels d’un produit », selon Ecocert. Cependant, jusqu’à présent, les normes ISO ne figurent pas sur l’étiquetage. En revanche, les industriels peuvent indiquer qu’ils répondent aux exigences de cette nouvelle norme. La vigilance est donc de mise.
Cosmétiques bio, un marché qui progresse
La demande de produits sains, naturels et bio est de plus en plus forte. Il est difficile de chiffrer l’évolution du marché de cosmétiques naturels et bio, mais le phénomène prend de l’ampleur. Plus de 400 marques et de 9 000 produits sont labellisés Cosmébio. Ecocert a, lui, enregistré une augmentation du nombre de demandes de certifications en cosmétologie de + 17 % en 2018, contre + 14 % en 2017. « De grands groupes cosmétiques et de grande distribution s’engagent dans la certification bio, constate Valérie Lemaire, directrice d’Ecocert Greenlife. Nous sommes à un virage, car les produits deviennent plus abordables pour le plus grand nombre. Par ailleurs, nous assistons à des évolutions en termes de produits plus naturels et biologiques, même si, pour certains, le bio est plus difficile, comme pour les après-shampoings. » L’apparition de gammes bio au sein de grandes marques, telle Bio de Nuxe, booste aussi le marché. Tous les voyants sont au vert !
Les compléments alimentaires bio
→ La problématique du bio pour les compléments alimentaires diffère des cosmétiques. Ils sont soumis à la réglementation alimentaire et à des textes spécifiques. Les compléments alimentaires bio doivent aussi respecter deux réglementations européennes. Celles-ci imposent notamment de ne pas utiliser d’OGM, de procédés de transformation chimiques de synthèse et de ne pas mélanger dans un même produit un même ingrédient bio et non bio. Les additifs autorisés sont aussi listés. Enfin, les vitamines de synthèse et les minéraux sont interdits sauf s’ils proviennent de plantes titrées. Pour être bio, les compléments alimentaires doivent être composés de plus de 50 % d’ingrédients agricoles dont 95 % doivent être bio.
→ De plus, une nouvelle réglementation européenne sera en application au 1er janvier 2021 afin d’harmoniser certaines pratiques. Ce texte interdira nanomatériaux et techniques de culture hors sol et renforcera les contrôles. « Nous n’avons pas ressenti le besoin de créer un label bio comme en cosmétique, puisqu’il existe déjà une réglementation européenne bio très claire en alimentaire. Pour pouvoir mettre en avant son caractère bio, un complément alimentaire doit répondre à cette réglementation et à toutes ses exigences, et faire l’objet d’une certification par un organisme certificateur tel Bureau Véritas ou Ecocert, explique Delphine Dupont, directrice générale de Synadiet, syndicat national des compléments alimentaires. En outre, une note de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) cadre l’emploi du terme “naturel” ou “100 % naturel” en alimentaire, ce qui est une spécificité française. »
→ Les compléments alimentaires n’échappent pas à cette demande de plus de naturalité. Ils représentent 5 % du marché total en pharmacie et parapharmacie, mais leur progression atteint plus de 10 %. En 2017, le chiffre d’affaires du bio s’est élevé à 52,927 M€ contre 48,161 M€ en 2016. « Les produits à base de plantes et ceux à base de produits de la ruche boostent le marché. Les grandes indications des produits bio concernent la vitalité et l’immunité, la digestion, la minceur, la circulation et les voies respiratoires. » Delphine Dupont préconise, comme pour tout complément alimentaire, d’éviter les allégations thérapeutiques et de vérifier les mentions figurant sur l’étiquetage.
En savoir plus
→ www.cosmebio.org : articles sur les cosmétiques bio, Cosmos, le cahier des charges… et permet de savoir quelles marques et produits sont labellisés.
→ www.ecocert.com : infos sur la certification. Dans « Actualités », « Références non autorisées » liste marques et produits affichant une fausse certification Ecocert.
→ www.synadiet.org : infos sur les compléments alimentaires, y compris bio, et la réglementation.
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