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Le prélèvement des selles ou la vie
Promouvoir le programme de dépistage du cancer colorectal. Parce que les taux de dépistage restent insuffisants et que les officinaux peuvent contribuer à les améliorer.
C’est quoi ce dépistage ?
Le dépistage du cancer colorectal consiste à repérer des cancers débutants avant l’apparition de symptômes ou de polypes précancéreux avant qu’ils n’évoluent en cancer. En fonction du risque individuel, le médecin proposera un test avec prélèvement de selles ou une coloscopie. Ce test (voir plus loin) est uniquement disponible au cabinet du généraliste.
Pourquoi s’en mêler ?
Les chiffres sont mauvais
• Le taux de participation est faible. En France, sur 18,4 millions de personnes âgées de 50 à 74 ans, seulement 5 millions environ ont réalisé un test entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2014. Le taux de participation de 29,8 % reste inférieur à l’objectif européen minimal acceptable de 45 %, et loin derrière le taux escompté de 65 %. Participer à augmenter ce taux est souhaitable et possible.
• C’est un cancer meurtrier. Le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent en France et le second en termes de mortalité après celui du poumon chez les hommes (21 326 décès) et du sein chez les femmes (11 886 décès). Il est responsable de plus de 17 000 décès par an selon les estimations de 2011 (9 275 hommes et 8 623 femmes).
La prévention, je connais
• C’est de mon ressort. Aucune rémunération n’est prévue pour ce temps officinal alloué à l’information puisque les personnes concernées sont invitées à consulter leur médecin. En revanche, adopter une position active dans une démarche de santé publique qui sauve des vies dope toujours l’estime de soi et la reconnaissance des clients.
• Je suis à l’écoute. Pensez-vous que les patients auront tout retenu de leur visite chez le médecin ? Ils vont se poser des questions, voire rechercher des précisions. Qui de mieux placé que l’officinal pour enfoncer le clou ? Vous pourrez aussi leur indiquer le site pour visionner l’utilisation du test en pratique(1).
Comment est-il organisé ?
Les personnes concernées
• De 50 à 74 ans. Le programme de dépistage organisé du cancer colorectal s’adresse à toutes les personnes de 50 à 74 ans parce que ce type de cancer est diagnostiqué dans 95 % des cas après 50 ans, chez les hommes comme chez les femmes. À dire : « Du seul fait de votre âge, vous êtes considéré à “” de développer un cancer selon les critères de l’Institut national du cancer ». Pour les 75 ans et plus, lire l’encadré ci-dessous.
• En l’absence de symptômes ou d’antécédents. Le test concerne les 50-74 ans qui ne présentent ni symptômes, ni antécédents personnels ou familiaux de maladies touchant le côlon ou le rectum. À dire : « Si vous avez des antécédents ou des symptômes spécifiques, vous êtes considéré comme présentant un niveau de risque élevé ou très élevé. Votre généraliste vous orientera vers un gastro-entérologue afin de réaliser une coloscopie ». Attention, tous les troubles digestifs ne sont pas en lien avec le côlon ou le rectum, « c’est le médecin qui pourra vous orienter ».
• En l’absence d’examen récent ou de suivi spécifique. À dire : « Si vous avez fait une coloscopie qui n’a rien révélé il y a moins de cinq ans ou si vous bénéficiez déjà d’une surveillance spécifique, vous n’êtes pas concerné par le programme de dépistage organisé ».
La démarche
• Tout commence par une invitation. Tous les deux ans, chaque personne entre 50 et 74 ans reçoit un courrier l’invitant à consulter son médecin traitant au sujet du dépistage du cancer colorectal. À dire : « Si le médecin le juge utile, il vous remettra le test de dépistage et vous expliquera comment l’utiliser ».
• Pas de nouvelle, bonne nouvelle ? Certains s’inquiètent de ne pas avoir eu le courrier. À dire : « Vous pouvez quand même consulter votre médecin sans l’invitation ou appeler votre caisse d’Assurance maladie au 3646 pour vous renseigner sur le courrier ».
• Puis vient le rendez-vous chez le médecin. Quand y aller ? Est-ce remboursé ? À dire : « Vous pouvez parler de votre test à votre médecin lors d’une consultation pour un autre motif dans les mois qui suivent la réception du courrier. Si vous n’avez pas l’occasion de consulter, prenez un rendez-vous spécifiquement dédié au dépistage ». Dans ce cas, la consultation est prise en charge dans les conditions habituelles.
Des arguments « pour »
Aider à franchir le pas
À la réception du courrier d’invitation, les personnes peuvent prendre rendez-vous avec leur médecin, jeter le courrier à la poubelle ou se dire « Je me renseignerai lors de mon prochain passage à la pharmacie ». C’est sur cette dernière catégorie que vos explications peuvent être déterminantes. Et peut-être aussi chez les patients qui n’auront pas tout compris chez le médecin ou qui restent hésitants sur l’intérêt du test.
Le dépistage précoce est vital
Le cancer colorectal est une tumeur maligne de la muqueuse du côlon ou du rectum. Dans 60 à 80 % des cas, il fait suite à une tumeur bénigne appelée polype adénomateux ou adénome. Rappelez bien qu’« un cancer colorectal dépisté tôt se guérit dans 90 % des cas ».
À savoir : dans 1 à 3 % des cas, les cancers colorectaux sont d’origine génétique, particulièrement dans les familles touchées par une polypose adénomateuse familiale ou un syndrome de Lynch, également appelé « cancer colorectal héréditaire sans polypose ». Les membres de ces familles peuvent être adressés à une consultation oncogénétique spécialisée pour déterminer s’ils sont porteurs d’une mutation génétique susceptible de favoriser le développement de ce cancer.
Expliquer
La technique
• C’est plus simple qu’auparavant. C’est le test OC Sensor des laboratoires Eiken Chemical qui a remporté l’appel d’offres dans le cadre du marché public. À dire : « Il est plus simple que le précédent test Hémoccult II que vous connaissez peut-être. Il ne requiert qu’un prélèvement unique au lieu des deux échantillons sur trois selles consécutives pour l’ancien ».
• C’est aussi plus sûr. Ce test est également plus performant et plus fiable. À dire : « Avec une sensibilité supérieure à l’ancien test Hémoccult II, il détecte deux fois plus de cancers et deux fois et demie plus d’adénomes avancés ». Ce test repose sur la détection d’hémoglobine humaine dans les selles grâce à l’emploi d’anticorps spécifiques de l’hémoglobine, ce qui évite les faux positifs en présence d’hémoglobine animale issue de l’alimentation.
On n’est pas dans la m… À dire : « Vous devez prélever juste en surface. Le test est facile à utiliser. Le médecin vous expliquera mais vous pouvez aussi peaufiner votre technique en visualisant le procédé sur le site de l’Institut national du cancer, www.e-cancer.fr, à la rubrique Dépistage du cancer colorectal »(1).
Les résultats
• C’est positif, j’ai un cancer ? À dire : « Cela signifie seulement que du sang a été détecté dans vos selles et cela peut avoir plusieurs causes. Le test n’est positif que dans 4 % des cas (taux attendu pour le dépistage). Le médecin vous adressera à un gastro-entérologue pour la réalisation d’une coloscopie, qui donnera l’origine du sang détecté ».
• Mon test est positif et ma coloscopie, négative. À dire : « Si après un test positif le résultat de la coloscopie est négatif, vous bénéficierez d’un suivi spécifique assuré par un gastro-entérologue durant cinq ans avant d’être réintégré, le cas échéant, dans le programme organisé ».
• La coloscopie est positive. Dans environ 30 % des cas de tests positifs, la coloscopie détecte un polype ou adénome, et dans 8 à 10 % des cas, un cancer. À dire : « Le gastro-entérologue vous expliquera la marche à suivre, mais la coloscopie peut suffire à enlever d’éventuels polypes qui produisent du sang dans les selles ».
(1) Taper : http://petitlien.fr/83a3
Que faire après 75 ans ?
Les 75 ans et plus peuvent s’étonner de ne pas être invités à se faire dépister. Selon la Haute autorité de santé, c’est « parce que les causes de décès autres que le cancer colorectal présentent des taux relativement élevés, si bien que le bénéfice/risque du dépistage est défavorable ». Une position de plus en plus contestée par les oncogériatres car le risque de cancer colorectal est sept fois plus important chez les 75-79 ans et huit fois plus chez les 80-84 ans(1) que chez les 50-74 ans, et que l’espérance de vie en bonne santé progresse. Il n’est donc plus opportun de les exonérer systématiquement du traitement existant sous prétexte de « ne pas les ennuyer avec ça à leur âge ». D’autant qu’un défaut ou retard de diagnostic génère un pourcentage plus élevé de cancers diagnostiqués à des stades avancés. Les plus de 75 ans inquiets par leur éviction de la campagne peuvent en parler à leur médecin, à même de prendre en charge leur situation personnelle vis-à-vis de ce cancer, si ce n’est déjà fait.
(1) « Estimation Francim » pour 2005 sur www.invs.sante.fr
Les chiffres du dépistage en 2014
→ Plus de femmes : elles adhèrent davantage au programme que les hommes (31,5 % contre 27,9 %).
→ Le taux de participation augmente avec l’âge : de 23,8 % entre 55-59 ans à 36,1 % à 70-74 ans pour les hommes ; de 27,8 % entre 50-54 ans à 37,1 % entre 70-74 ans chez les femmes.
→ Un peu plus de 103 700 des tests réalisés se sont révélés positifs, soit un taux de positivité de 2,2 % ; plus élevé chez les hommes (2,5 %) que chez les femmes (1,9 %) et en progression avec l’âge.
→ Le taux de tests positifs est particulièrement élevé en Guyane (3,9 %), dans le Calvados (4,2 %) et dans le Var (4,5 %).
→ La fraction de la population éligible dépistée a baissé : 35 % entre 2005 et 2011 à 32,1 % entre 2013 et 2014, soit un recul de 8,3 %.
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