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Testés et approuvés
La semaine de quatre jours payés cinq apporte une solution pour redonner de l’attractivité aux métiers de l’officine, séduire les candidats dans un contexte de pénurie de personnel et fidéliser les équipes en place. Si l’idée crispe plus d’un titulaire, les pharmacies qui ont fait ce choix ne le regrettent pourtant pas.
Vous êtes bien le premier à me parler de la semaine de quatre jours payés cinq ! », s’étonne Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmacies d’officine (Uspo). Pourtant, des entreprises la testent en Angleterre et en Espagne et on commence à en parler en France. « Lors du tour de France de l’Uspo, les titulaires ont beaucoup évoqué la réorganisation du temps de travail, reconnaît Pierre-Olivier Variot. Mais de là à envisager un passage aux 32 heures payées 35, il n’en a jamais été question ! » Même scepticisme du côté de Philippe Denry, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) : « Cette piste n’a jamais été discutée, ni en interne au sein de notre chambre patronale, ni lors des négociations avec les syndicats de salariés. Et dans le contexte actuel d’augmentation des charges salariales, je ne suis pas sûr que les officines soient en mesure de supporter économiquement une baisse du temps de travail sans réduction des salaires. Si le sujet mérite réflexion, chaque entreprise doit être libre de prendre sa décision individuellement. » Pour Laurent Filoche, le président de l’Union des groupements de pharmacies d’officine (UDGPO), la semaine de quatre jours payés cinq a tout de la fausse bonne idée. « Si les officines veulent rester ouvertes six jours sur sept, elles devront recruter de nouveaux préparateurs et pharmaciens pour compenser le temps perdu. Or, il n’y a actuellement pas de candidats sur le marché. Nous risquons donc d’aggraver une situation déjà très tendue », soutient-il. Alain Grollaud, le président de la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacie Federgy, craint lui que la semaine de quatre jours soit un argument de plus qui joue en défaveur des officines de petite et moyenne taille : « Dans les pharmacies où vous avez plus d’une vingtaine d’employés, cela peut effectivement permettre de satisfaire les aspirations des uns et des autres. Mais l’écrasante majorité des officines emploient trois ou quatre salariés. Et dans ce cas, cela supposerait de recruter de nouveaux collaborateurs. »
Attirer des candidats.
Pour justement remédier à la pénurie de personnel, « beaucoup de titulaires sont passés à la semaine de quatre jours, mais en conservant le rythme de 35 heures », explique Pascale Hauet, pharmacienne, coach et formatrice au sein de Pragmatic RH, un cabinet spécialisé dans le management officinal. Tel est le cas de Bruno Compeyron, titulaire de la pharmacie Foch Lafayette à Rodez (Aveyron), qui a adopté il y a une quinzaine d’années, la semaine de quatre jours mais sur la base de 40 heures hebdomadaires : « Grâce à la semaine de quatre jours nous avons attiré des éléments de qualité, alors que nous étions dans une zone où il était déjà compliqué de trouver des candidats. » À la pharmacie de la Croix Blanche à Bourg-en-Bresse (Ain), on s’apprête à passer à la semaine de trois jours et demi. « Comme je n’arrivais pas à recruter un pharmacien adjoint depuis un an et demi, j’ai proposé un planning construit sur sept demi-journées de cinq heures, avec trois jours fixes en semaine, et une demi-journée à effectuer soit le samedi matin, soit dans la semaine. Grâce à ce système, tous les salariés alterneront entre un week-end de deux jours et un d’un jour et demi », détaille Brice Lefèvre, cotitulaire avec Martin Paré et adhérents Hello Pharmacie.
Fidéliser les équipes.
La quasi-totalité de la vingtaine de collaborateurs de la pharmacie Foch Lafayette a choisi d’opter pour la semaine de quatre jours. « Nous fonctionnons avec trois équipes et trois plannings qui changent toutes les trois semaines, avec des journées de travail de dix heures, précise le titulaire. Grâce à la semaine de quatre jours, tout le monde bénéficie d’un mercredi et d’un week-end de trois et quatre jours toutes les trois semaines, auxquels viennent s’ajouter trois à quatre jours de repos compensateurs par an. Et comme les cinq heures supplémentaires hebdomadaires sont payées 25 % en plus, cela a aussi une incidence non négligeable sur le salaire », explique Bruno Compeyron qui ne regrette absolument pas son choix. « Cela peut sembler une hérésie sur le plan économique. Il a fallu accepter de payer davantage les salariés. Mais, j’ai aujourd’hui une équipe hyper impliquée, qui aime son travail, le turnover étant chez nous quasi inexistant », se réjouit-il. Quant à Brice Lefèvre, il avoue que c’est la période Covid qui a l’a poussé à passer à la semaine de trois jours et demi, après quinze ans passés à travailler quatre jours sur 35 heures et avec un week-end sur deux de libre. « Mes 25 collaborateurs souhaitaient clairement disposer de davantage de temps libre », poursuit-il. En proposant à son équipe de revoir le système il y a quelques mois, Bruno Compeyron a fait un constat éloquent : « 90 % des salariés m’ont dit que si l’on repassait aux 35 heures, ils s’en iraient. »
RÉDUIRE SON AMPLITUDE HORAIRE, C’EST SEXY
Pour Alain Grollaud, le président de Federgy, la réduction des amplitudes horaires constitue la première des solutions à explorer. « La pénurie de personnel incite de plus en plus de pharmacies à fermer le samedi, l’après-midi ou toute la journée, et/ou à 19 heures au lieu de 20 heures en semaine. » En plus du passage à la semaine de trois jours et demi, Brice Lefèvre, titulaire à Bourg-en-Bresse (Ain), a, lui, opté pour la fermeture le samedi après-midi.
« Cela représente un gros sacrifice sur le chiffre d’affaires (CA), que nous allons essayer de compenser en augmentant l’amplitude horaire en semaine, tout en finissant plus tôt le soir », avoue-t-il. Pour Pierre-Olivier Variot, cette stratégie peut s’avérer payante. « Lors de mon tour de France, j’ai croisé un pharmacien qui n’avait reçu aucune candidature depuis le départ de ses deux adjointes, raconte le président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo). Il travaillait six jours sur sept et effectuait toutes les gardes. Jusqu’au jour où il a décidé de fermer le samedi. Il a alors eu trois candidats prêts à venir travailler dans son officine… »
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