Les indemnités de congés payés sont dues

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Publié le 12 mars 2016
Par Stéphanie Bérard
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Jusqu’ici, un salarié licencié pour faute lourde ne perçoit aucune indemnité de licenciement ni de congés payés. Le Conseil constitutionnel vient de déclarer cette disposition non constitutionnelle dans une décision (n° 2015-523, QPC) publiée le 2 mars 2016. Les hauts magistrats reposent leur décision sur deux arguments :

• Un droit au repos bafoué

Ils considèrent qu’« en privant le salarié licencié pour faute lourde de l’octroi de l’indemnité compensatrice de congé payé, les dispositions contestées portent atteinte […] au droit de repos et au droit de la protection de la santé qui découlent des exigences du onzième alinéa du Préambule de la Constitution ».

• L’égalité de tous devant la loi

Le Code du travail précise que la privation des indemnités de congés payés ne s’applique pas lorsque l’employeur doit adhérer à une caisse de congés (ce qui n’est pas le cas pour l’officine). Le législateur a donc traité différemment les salariés licenciés pour faute lourde selon que leur employeur adhère ou non à une caisse de congés, ce qui est contraire à l’égalité de tous devant la loi.

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Par conséquent, les mots « dès lors que la rupture du contrat de travail n’a pas été provoquée par la faute lourde du salarié », qui figure dans l’article L. 3141-26 du Code du travail, sont déclarés contraires à la Constitution. Les salariés licenciés pour faute lourde à compter du 3 mars 2016 – date de la parution de la décision au JO – percevront leurs indemnités compensatrices de congés payés. Pour Dan Nahum, avocat, « priver un salarié de son droit à repos déjà acquis […] s’apparente à une sanction pécuniaire contraire à tous les principes du droit du travail. La conséquence, en revanche, est qu’il n’existe plus de différence entre la faute grave et la faute lourde ».

Qu’est-ce qu’une faute lourde ?

Motif le plus grave des licenciements disciplinaires, il est invoqué lorsque la faute est commise avec une intention de nuire (comportements violents à l’encontre de l’employeur, concurrence déloyale…). Cette intention de nuire doit avoir été prouvée. Les salariés licenciés pour faute lourde sont privés de leurs indemnités légales de licenciement et de préavis.