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QUATRE CONSEILS POUR EVITER LES IMPAIRS
L’image d’une pharmacie passe aussi par celle de ses collaborateurs.
Le titulaire n’a pourtant pas toute latitude pour imposer ses choix en matière de tenue vestimentaire.
En matière de santé, le professionnalisme doit se percevoir en un coup d’œil. Cela peut passer, notamment, par les choix vestimentaires de l’équipe. Quatre conseils pour soigner son apparence.
Respecter le cadre juridique
« Un salarié est-il libre de choisir sa tenue vestimentaire ? A l’évidence oui, car il s’agit d’une liberté individuelle, ce que prévoit l’article L. 1121-1 du Code du travail, rappelle Annie Cohen-Wacrenier, associée au cabinet ACW Conseil. Pour autant, ce droit ne relève pas d’une liberté fondamentale. D’après la jurisprudence dominante, des restrictions vestimentaires sont justifiées par la nature de la tâche à accomplir et proportionnées au but recherché, circonstances que les juges doivent impérativement vérifier, la décision de l’employeur ne se justifiant que par sa finalité, à savoir la bonne marche de l’entreprise. »
Quant aux motifs qui peuvent conduire à ces limitations, ils concernent l’hygiène, la sécurité ou encore l’image de marque de l’entreprise. « L’employeur est en droit d’exiger une tenue propre et décente », souligne Annie Cohen-Wacrenier. Mais gare à ne pas franchir la ligne rouge : « Le licenciement d’un serveur portant des boucles d’oreilles pendant son service a ainsi été annulé parce qu’il reposait sur une discrimination liée à l’apparence du salarié rapportée à son sexe. L’employeur énonçait, en effet, expressément dans la lettre de licenciement qu’il ne pouvait tolérer le port de boucles d’oreilles sur l’homme qu’était le salarié. »
Faire bon usage de la blouse
Plus que jamais signe de ralliement d’une profession soucieuse de défendre ses spécificités, la blouse blanche ne relève en rien d’une obligation réglementaire : « Dans la convention collective, la seule référence, au demeurant implicite, peut être trouvée dans la disposition qui prévoit la prise en charge par l’employeur de frais d’équipement, lesquels se résument à une prime de blouse. A partir du moment où l’employeur règle cette prime au salarié, celui-ci est tenu de la porter », indique l’avocate. En revanche, le port d’un insigne indiquant la fonction du pharmacien et de ses collaborateurs au comptoir est prescrit par l’article L. 5125-29 du Code de la santé publique.
Alors, blouse ou pas blouse ? « C’est une question d’image, répond Brigitte Defoulny, dirigeante du cabinet de conseil Héliotrope. La blouse est aux yeux du client un gage de sérieux, de professionnalisme. De manière générale, imposer le port d’une tenue à l’ensemble de l’équipe donne une unité visuelle et participe de la communication globale de l’officine. ». D’autant que dans les structures les plus importantes, il est important de pouvoir identifier les vendeurs qui circulent dans les rayons. Autre avantage de la blouse : « Elle permet à chacun de s’habiller comme il le souhaite en dessous. » Enfin, elle n’est pas forcément synonyme d’austérité, en témoigne l’offre toujours plus diversifiée des fabricants en matière de coloris, de coupes et de possibilités de personnalisation. « Pour que l’équipe vive bien le port de cette tenue, il est d’ailleurs recommandé de l’impliquer dans le choix du modèle », ajoute la consultante.
Savoir formuler ses attentes
Coiffure extravagante, piercings ou tatouages apparents, maquillage appuyé… Le titulaire peut-il, sans enfreindre le droit, poser des limites en matière de « look » ? « On ne saurait que trop recommander aux employeurs qui souhaitent restreindre cette liberté de le prévoir expressément dans le règlement intérieur, par des notes de service, voire dans le contrat de travail », estime Annie Cohen-Wacrenier. Pour Brigitte Defoulny, il est également essentiel d’anticiper, mais aussi de faire preuve de pédagogie : « Si le titulaire a des desiderata en matière vestimentaire, il doit réunir en bonne et due forme ses collaborateurs et justifier ses partis pris. A défaut, il sera plus compliqué d’interdire a posteriori un écart. » La consultante invite également à faire preuve d’une certaine ouverture d’esprit : « Des cheveux teints en rouge ne sont pas un problème si la personne en question remplit pleinement ses fonctions professionnelles » estime-t-elle. En revanche, « les problèmes d’hygiène, de type cheveux gras ou odeurs corporelles sont réellement rédhibitoires et doivent faire l’objet d’un rappel à l’ordre », insiste l’avocate.
Faire preuve de réactivité
Les titulaires ont parfois du mal à recadrer leurs collaborateurs, notamment sur un sujet sensible comme celui de la propreté. Il est pourtant essentiel de réagir aussi vite que possible, tout en faisant preuve de tact. « S’il s’agit d’une simple excentricité, sachez reconnaître qu’elle fait partie de l’identité de la personne tout en réexpliquant pourquoi à vos yeux ce n’est pas compatible avec le profil de votre clientèle par exemple », explique Brigitte Defoulny. Elle appelle également à la vigilance vis-à-vis d’un salarié dont l’apparence est plus négligée qu’à l’accoutumée : « Cela peut cacher un mal-être et, là encore, il faut engager la discussion avec l’intéressé, lequel ne se sera pas forcément rendu compte de la manière dont ses soucis personnels affectent son apparence. »
Gérard Branlant, titulaire de la Pharmacie du Vimeu à Friville-Escarbotin (Somme)
« En tant que titulaire, je ne porte plus de blouse depuis une dizaine d’années, mais j’y reste attaché en ce qui concerne mon équipe. Du blanc, nous sommes passés à la couleur afin de renforcer l’image jeune et dynamique de l’officine tout en nous différenciant. Les blouses sont aujourd’hui bleues après avoir été vert anis, et d’ici un an ou deux, nous changerons à nouveau, parce que la pharmacie elle-même évolue sans cesse ! Mes collaboratrices sont d’autant plus enclines à adopter ces tenues que je les consulte systématiquement à ce sujet. La coupe elle-même est choisie pour s’adapter à toutes les morphologies.
Quant aux clients,ils remarquent et apprécient le renouvellement des tenues. »
AVIS D’EXPERTFatima Achouri, CONSULTANTE EN MANAGEMENT MULTICULTUREL « Le port du voile n’est pas incompatible avec une mission officinale »
Que dit la loi vis-à-vis des signes religieux dans l’entreprise ?
Le Code du travail proscrit toute discrimination fondée sur les convictions religieuses d’un salarié (article L. 1132-1). Les seules restrictions qui peuvent être opposées au port d’un vêtement ou d’un signe liés à une appartenance religieuse dans une entreprise privée ont trait à l’hygiène, à la sécurité ou au trouble à l’ordre public, caractérisé en l’occurrence par une attitude ou des propos prosélytes. Elles doivent être en tout état de cause proportionnées au but recherché, et liées à la nature d’une tâche à effectuer.
Ces réserves peuvent-elles s’appliquer au contexte officinal ?
Le port d’un voile n’est en rien incompatible avec les missions officinales. Seul un voile couvrant tout le corps – hors visage – pourrait être considéré comme susceptible d’entraver les mouvements : c’est alors au pharmacien d’en apprécier l’incidence. Dans le cas où un uniforme est imposé à l’équipe, il peut être demandé à une salariée voilée d’adopter un foulard discret et assorti à la tenue.
Que diriez-vous à un pharmacien qui craint les réactions de sa clientèle ?
Il ne doit pas se laisser influencer par un contexte médiatique ou des préjugés.Il doit s’en tenir à la loi et aux compétences professionnelles de ses collaboratrices. En cantonnant les salariées voilées dans des pharmacies situées dans des quartiers où la patientèle leur ressemble, on favorise le communautarisme. L’équipe officinale doit refléter la diversité de la société.
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