Valérie Siranyan PROFESSEUR EN DROIT PHARMACEUTIQUE À LA FACULTÉ DE LA PHARMACIE DE LYON

Réservé aux abonnés
Publié le 1 octobre 2018
Par Fabienne Rizos-Vignal
Mettre en favori

Un prétendu père de famille a essuyé un refus alors qu’il demandait la pilule du lendemain pour sa fille mineure. La scène, relatée sur Twitter, soulève des questions de fond.

Pharmacien Manager. Est-ce possible de dispenser à distance la pilule du lendemain ?

Valérie Siranyan. Même si la dispensation n’est pas conditionnée par la présentation d’une ordonnance, la pilule du lendemain n’est pas en vente libre. Le pharmacien doit notamment vérifier que la situation de la jeune fille correspond bien aux critères d’urgence et aux conditions d’utilisation de cette contraception. Si l’entretien en face à face avec la jeune fille est impossible en raison de sa détresse, on peut tolérer un contact téléphonique. Le critère d’urgence pourrait éventuellement justifier la dispensation à distance.

P.M. Quel motif peut justifier le refus de délivrance ?

V.S. La seule raison valable, c’est l’intérêt de la patiente. Si le pharmacien a le moindre doute sur l’opportunité de la dispensation et s’il estime qu’il existe un danger pour la santé de la jeune fille, son refus constitue une obligation. Cela ne l’exonère pas d’un devoir d’informations. Par exemple, faciliter un rendez-vous avec un médecin. Selon l’article R. 4235-48 du Code de la santé publique, « le pharmacien doit, par des conseils appropriés et dans le domaine de ses compétences, participer au soutien apporté au patient ».

C’est une obligation déontologique.

Publicité