Grands conditionnements : 105 millions d’euros d’économies en 2009
Les grands conditionnements restent une source de conflits d’intérêt. L’assurance maladie mise sur plus d’économies et les représentants de la profession sont, eux, pour le moins dubitatifs.
Les résultats sont conformes aux prévisions. La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2009 tablait sur 107 millions d’euros d’économies. La CNAM vient de faire ses comptes : les boîtes trimestrielles ont permis d’économiser l’an dernier près de 105 millions. Sur ce montant, elle en récupère la plus grosse partie (58 millions). La diminution du ticket modérateur a généré 22 autres millions, partagés entre les complémentaires et les assurés. Ces derniers sont doublement gagnants puisqu’ils récupèrent 25 millions supplémentaires sur la franchise médicale.
Un gain pour la Sécu, mais pas pour l’officine. Le montant facturé est en moyenne 13 % moins cher que celui réalisé avec des boîtes mensuelles, ce qui fait dire à Philippe Gaertner, président de la FSPF, que « la perte de marge pour l’officine est de plus de 100 millions sur 2009 ». Pourtant, les chiffres démontrent le bon état d’esprit des pharmaciens : fin 2009, 79 % des traitements pour les quatre pathologiques chroniques concernées (diabète, HTA, cholestérol et ostéoporose) étaient disponibles en grand conditionnement dans plus de 9 pharmacies sur 10.
Ont été délivrés en formats trimestriels 47 % des antiostéoporotiques, 29,7 % des anticholestérol, 23,2 % des antidiabétiques oraux et 19,8 % des anti-HTA. Toutes classes confondues, la délivrance des grands conditionnements représente 23,2 % des traitements, soit 83,4 millions (correspondant à 27,8 millions de boîtes), sur un total de 409,7 millions de traitements remboursés dans ces quatre affections.
Claude Japhet veut voir abroger la « gabegie »
Plus que les économies réalisées au détriment de l’officine, c’est la façon dont elles ont été réalisées qui agace aujourd’hui Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO : « Certes, les grands conditionnements ont rapporté 105 millions d’un côté, mais ils ont fait perdre 36 millions de l’autre du fait du gaspillage. L’économie n’est en réalité que de 69 millions. » Selon une enquête de l’USPO, près d’un quart des patients chroniques ont changé sur un an au moins une fois de molécule ou de dosage, voire complètement arrêté le traitement en cours. « On ne peut pas promouvoir un mécanisme qui génère autant de perte ! », fulmine Gilles Bonnefond. « Eu égard à la progression de l’activité de l’officine (moins de 1 %), on continuera à être en marge négative, donc je réitère ma demande de réévaluation de la première tranche de marge », tempête Philippe Gaertner. Quant à Claude Japhet, président de l’UNPF, il demande « une abrogation pure et simple de cette gabegie » et défend l’idée d’une « harmonisation de l’ensemble des conditionnements disponibles sur le marché afin d’éviter une distorsion entre les tailles des différentes boîtes utilisées en parallèle par les patients ». Un facteur renforcé de mauvaise observance, selon l’UNPF. Philippe Gaertner, finalement, le rejoint sur ce point : « Le problème d’observance est sur les autres produits de l’ordonnance qui sont de durée différente. Les arrêts liés aux effets secondaires, restent quant à eux ponctuels. »
Frédéric Van Roekeghem, directeur général de la CNAMTS, hermétique à ces critiques, persiste et signe : « Les économies globales s’élèveraient à 390 millions si 60 % des traitements destinés aux quatre affections concernées étaient réalisés avec des grands conditionnements. » Pour approcher cet objectif, la CNAM a annoncé qu’elle renforcera sa communication auprès des assurés et les contrôles dans les officines. « Nous attendions d’avoir une évaluation globale avant d’entreprendre de nouvelles actions pour nous assurer que l’ensemble des pharmacies les délivrent », explique Frédéric Van Roekeghem.
Un facteur d’observance !
Inattendu et incompréhensible : les grands conditionnements favoriseraient l’observance. C’est ce que constate l’Assurance maladie dans une étude réalisée auprès de patients stabilisés. Elle révèle que le taux d’arrêt des traitements est plus faible avec les grands conditionnements. Il est en moyenne de 3 % alors qu’il est 1,5 à 2 fois supérieur avec les traitements mensuels. Ainsi, par exemple, le taux d’arrêt de 3,9 % pour les antidiabétiques oraux avec les boîtes mensuelles tombe à 1,2 % avec les boîtes trimestrielles, il passe respectivement de 5 % à 2,4 % et de 7,2 % à 4,2 % pour les antihypertenseurs et les anti-ostéoporotiques.
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