2005-2015 : 10 ans de casse pour l’industrie française ?

Réservé aux abonnés
Publié le 31 mai 2008
Mettre en favori

Selon le cabinet Arthur D.Little, la France va perdre de nombreux emplois si elle ne relève pas en urgence le défi de la bioproduction. Et si les laboratoires ne changent pas de « business model ».

En France, les 32 000 emplois en production se répartissent sur 232 sites, soit un effectif moyen de 131 personnes par site.

Depuis plus de 15 ans, les effectifs déclarés par les adhérents au Leem n’ont cessé de croître, ce qui a pu laisser penser que cette tendance était immuable », constate le cabinet Arthur D.Little*. Sur un total de 101 501 emplois (chiffres 2005), les deux secteurs qui regroupent le plus d’effectifs sont la commercialisation (marketing et ventes) et la production. Ils représentent chacun environ 35 000 emplois. Depuis 1990, leur progression a été constante et régulière (respectivement + 1,3 % et + 1,5 % par an). La recherche-développement, avec plus de 12 000 emplois, a connu la plus forte croissance (+ 3,9 % par an).

La recherche de plus en plus délocalisée

Mais la France n’est pas à l’abri des évolutions que connaît la pharmacie mondiale (pression sur les coûts du médicament, émergences de nouvelles zones de croissance, recours à l’externalisation et essor des biotechnologies, internationalisation de la compétition) et qui pourraient bien affecter l’emploi d’ici 2015. C’est le cas notamment de la recherche, dont les effectifs, hors biotechs, sont évalués à 4 000 emplois.

La situation devrait évoluer avec le rééquilibrage géographique de leur effectif (entre l’Asie et les Etats-Unis) et l’essor des biotechnologies. Le transfert des postes au bénéfice de nouveaux pays pourrait, dans le meilleur des cas, être limité par le renforcement de l’attractivité de l’Hexagone due aux récentes mesures gouvernementales (mise en place des pôles de compétitivité, statut de la jeune entreprise innovante…).

La France absente de la bioproduction

Premier producteur européen de médicaments, la France est, à l’exception des vaccins, largement absente de la bioproduction. Le risque, si rien n’est fait, est donc la perte des volumes croissants de biothérapies aussi bien pour le marché domestique que pour l’export. Un risque qui pourrait aboutir à une chute des effectifs de 30 %. Le maintien de productions sur le territoire passe notamment par le soutien aux façonniers locaux, mais aussi par le regroupement par pôles (« clusters ») visibles internationalement du fait de leur taille. Le premier pôle regrouperait les vallées de la Seine, de la Loire, du Drouais pour la production de médicaments. Le deuxième, pour les vaccins et produits biologiques, concernerait la vallée du Rhône et une partie de l’Auvergne. Le troisième, totalement tourné vers les produits biologiques, s’appuierait par exemple sur le site de Lilly et le pôle de compétitivité de BioValley.

Visite médicale : la réduction est programmée

Pour la promotion et les ventes, la décroissance des effectifs est bien programmée. D’ici 2015, les diminutions seront de 25 % pour la fourchette basse à 38 % pour la fourchette haute. Une évolution inéluctable due notamment à la montée des génériques, le renforcement de la régulation sur la visite médicale et à l’évolution des portefeuilles des laboratoires vers des spécialités hospitalières, entraînant une promotion plus ciblée. « Un certain nombre des mesures d’accompagnement devront être mises en place », conclut sur ce chapitre le cabinet d’études.

Publicité

* « L’emploi dans l’industrie pharmaceutique en France. Facteurs d’évolution et impact à 10 ans », avril 2008 ». En consultation sur le site du Leem.