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Don du sang : bientôt une autorisation d’absence sur le temps de travail ?
L’Assemblée nationale se penche cette semaine sur un texte transpartisan qui pourrait changer la donne en matière de don du sang. Portée par Pierre Cordier, député apparenté Les Républicains, la proposition de loi permettrait aux salariés de s’absenter pendant leur journée de travail – pour une durée d’une heure à 1 h 30 – afin de se rendre dans un centre de l’Établissement français du sang (EFS) ou à une collecte mobile. Le tout, sans retenue sur salaire.
« Aujourd’hui, concilier vie professionnelle, personnelle et engagement citoyen est souvent un casse-tête », souligne l’élu des Ardennes. Pour lui, cette autorisation d’absence pourrait lever l’un des freins majeurs au don régulier : le manque de temps.
400 millions d’euros d’importations de plasma
L’enjeu est aussi économique que sanitaire. En 2023, 65 % du plasma transfusé en France provenait des États-Unis. Cette dépendance coûte chaque année environ 400 millions d’euros au système de santé français, selon Pierre Cordier. Et les tensions d’approvisionnement se multiplient : selon les dernières données de l’EFS, les réserves de plasma sont particulièrement préoccupantes.
L’objectif du texte est clair : encourager les dons volontaires en facilitant l’accès aux sites de collecte, tout en intégrant ce geste dans le quotidien professionnel.
Un dispositif strictement balisé
Pour éviter les abus et garantir la continuité des activités économiques, le texte prévoit plusieurs garde-fous. Le salarié devra prévenir son employeur au moins trois jours à l’avance. Le nombre d’absences sera limité à un certain nombre de dons par an (non précisé à ce stade). L’employeur pourra par ailleurs refuser l’absence si celle-ci compromet gravement le bon fonctionnement du service.
Des exemples concrets sont évoqués par le député : un professeur ne pourrait s’absenter au moment d’un cours, ni un boulanger en pleine période des fêtes. « Ce sera au cas par cas, mais avec une logique de service rendu à la collectivité », résume Pierre Cordier.
Un signal politique en faveur du don éthique
Ce texte, débattu les 3 ou 4 juin selon l’ordre du jour parlementaire, pourrait marquer un tournant dans la politique française du don du sang. Il s’inscrit dans un contexte d’alerte de l’EFS, qui peine à renouveler ses stocks face à une démobilisation progressive des donneurs réguliers.
Pour mémoire, un homme peut donner son sang jusqu’à six fois par an, une femme jusqu’à quatre fois, et un don de plasma peut être réalisé toutes les deux semaines, dans la limite de 24 dons annuels.
L’enjeu dépasse donc l’ajustement des agendas individuels. Il s’agit, à travers ce geste encadré mais reconnu sur le temps de travail, de renforcer un modèle éthique du don fondé sur le volontariat, face aux logiques de rémunération en vigueur dans d’autres pays.
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