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L’hyperémèse gravidique
Les nausées et vomissements pendant la grossesse concernent 50 à 90 % des femmes avec, le plus souvent, une cessation après 20 semaines d’aménorrhée. Dans de rares cas, des patientes présentent des formes prolongées et sévères de vomissements pouvant causer des complications potentiellement graves : c’est l’hyperémèse gravidique.
De quoi s’agit-il ?
L’hyperémèse gravidique est une forme sévère de nausées et de vomissements de la grossesse. Il est estimé qu’elle touche entre 0,3 et 2 % des femmes enceintes. Elle peut durer toute la grossesse et se traduit par des nausées et des vomissements incessants survenant plusieurs fois par jour, y compris la nuit, comparables à ce que peuvent vivre les patients sous chimiothérapie anticancéreuse émétisante.
L’origine de cette maladie n’est pas encore connue, elle est probablement multifactorielle.
Quels sont les symptômes ?
Une hyperémèse gravidique se distingue des autres stades de nausées et vomissements de la grossesse (léger, modéré ou sévère) par la présence de signes de gravité non spécifiques et une altération de l’état général. Sont observées le plus souvent : – une perte d’au moins 5 % du poids pré-grossesse ; – une impossibilité d’avoir des apports alimentaires et hydriques suffisants, entraînant une déshydratation chronique, des troubles hydro-électrolytiques, une cétose et des carences nutritionnelles ; – des complications digestives : ulcères gastriques, saignements œsophagiens, etc.
Elle peut aussi s’accompagner d’une fatigue extrême, d’une faiblesse musculaire, d’une impossibilité de s’occuper de soi ou des autres et d’une dépression.
Quelles sont les conséquences ?
L’hyperémèse gravidique conduit à de nombreuses hospitalisations voire des interruptions de grossesse à la demande de la femme elle–même ou de l’équipe médicale face à un risque élevé pour la mère. S’ajoutent une présence accrue d’accouchements prématurés et des retards de croissance intra-utérins, ainsi que des fausses couches.
En quoi consiste la prise en charge ?
La prise en charge dépend de la sévérité du tableau clinique. Une forte acétonurie ou une impossibilité pour la patiente de boire impose une hospitalisation afin d’éviter une déshydratation.
Mesures hygiénodiététiques : prévoir des apports fractionnés en eau et en nourriture.
Psychothérapie de soutien : très utile, elle peut inclure le conjoint.
Recours aux associations de patientes : il en existe 2 en France. Elles permettent notamment de mettre en relation les patientes qui peuvent ainsi échanger et se soutenir : – « 9 mois avec ma bassine » (groupe de discussion, forum, blog, page Facebook) ;
– Association de lutte contre l’hyperémèse gravidique (site internet, associationhg.fr).
Médicaments : il n’y a pas en France à ce jour de spécialité ayant une AMM dans cette indication spécifique. Le Centre de référence sur les agents tératogènes (Crat) conseille la doxylamine en première intention (hors AMM), très bien documentée dans le monde entier, ainsi que le métoclopramide. Ces 2 molécules semblent efficaces essentiellement dans les stades de nausées et vomissements de la grossesse légers à modérés. L’ondansétron est proposé en seconde intention. Il est difficile d’accès aux patientes en ville car prescrit ici hors AMM (l’obtention d’une ATU est un objectif des associations). Les corticoïdes peuvent être prescrits en dernier recours après échec des antiémétiques.
Sources : « Elective pregnancy termination in a large cohort of women with hyperemesis gravidarum », Contraception , décembre 2007 ; « L’hyperémèse gravidique : quelles conséquences sur la grossesse », Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction , vol. 44, n° 2, février 2015 ; « Placenta and appetite genes GDF15 and IGFBP7 are associated with hyperemesis gravidarum », Nature communications , mars 2018 ; Centre de référence des agents tératogènes (Crat), www.lecrat.fr ; « Guide de prise en charge des nausées et vomissements gravidiques et de l’hyperémèse gravidique en soins premiers : une méta-revue systématique », Imane Ibtissem Bencherif, thèse de médecine générale, université Toulouse III, décembre 2017.
EN PRATIQUE À L’OFFICINE
– Pour limiter la progression vers l’hyperémèse gravidique, mais aussi pour améliorer la qualité de vie des femmes enceintes, il faut prendre précocement en charge les nausées et vomissements de la grossesse.
– Face à une patiente enceinte souffrant de violentes nausées et de vomissements, écouter, croire la patiente et ne pas minimiser les symptômes décrits. Orienter vers le médecin pour évaluer la sévérité des symptômes.
– Conseiller de manger « ce qui passe », de façon très fractionnée. Peu importe la diététique ! Boire frais, sucer des glaçons peut aider certaines patientes.
– Proposer des aides techniques à la maison : tabouret de douche, etc.
– Il n’existe actuellement pas de recommandations officielles de prise en charge de l’hyperémèse gravidique.
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