Sachez demander une augmentation de salaire

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Publié le 6 octobre 2016 | modifié le 25 septembre 2025
Par Chloé Devis
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Dans la conjoncture actuelle, le titulaire n’est pas forcément enclin à des largesses vis-à-vis de ses salariés. Mais des arguments solides assortis d’une dose de diplomatie, voire de persévérance, peuvent aider le collaborateur méritant à voir ses efforts récompensés.

Avant de demander une augmentation, « il faut savoir si l’on a les moyens de le justifier et jusqu’où l’on est prêt à aller, dans la mesure où cette négociation suppose un rapport de forces », prévient Sophie Cavaliero, consultante. Certains salariés craignent que l’initiative soit mal vue : « Si cela dépend de la culture de l’entreprise, ce n’est pas une bonne raison pour renoncer, poursuit l’experte. En revanche, sachez anticiper les conséquences d’un refus : parviendrez-vous à gérer votre frustration, ou serez-vous décidé à partir ? ».

Mettre en avant ses réussites

Hors du cadre conventionnel, « une revalorisation de la rémunération peut être fondée sur le mérite du salarié c’est-à-dire la reconnaissance de ses performances , sur sa montée en compétences, ou encore sur une distorsion vis-à-vis du marché », énonce Sophie Cavaliero. Dans le dernier cas, il faudra pouvoir disposer d’un référentiel fiable. Dans les deux premiers cas, l’enjeu est de démontrer qu’on a fait mieux ou plus que ce qui est prévu dans la description de son poste. Vous avez dépassé vos objectifs sur les ventes de telle gamme de parapharmacie ? Ou appliqué avec succès les acquis d’une formation ? Ou encore lancé le site de vente en ligne de l’officine ? « N’attendez pas !, conseille Daniel Porot, consultant en gestion de carrières. Idéalement, la demande d’augmentation doit être effectuée dans les deux à trois semaines qui suivent une réalisation dépassant son cahier des charges. » Dans l’intervalle, bétonnez votre dossier : dressez par écrit le bilan des missions menées à bien et valorisez la contribution apportée, en termes de gain, de diminution de coûts ou d’erreurs évitées. Plus le chiffrage sera précis, plus vous serez convaincant face à l’employeur qui ne manquera pas d’invoquer ses coûts et charges. Sachez également mettre en avant une compétence rare ou stratégique, comme la maîtrise de plusieurs langues en zone touristique ou une expertise technologique dans la perspective d’une digitalisation de l’officine.

Savoir rebondir

Si votre employeur ne souhaite pas ou n’est pas en capacité de vous donner gain de cause, ne baissez pas les bras : si vos besoins sont financiers, vous pouvez négocier d’autres formes de rémunération, par exemple le financement de vos trajets domicile-travail. Dans d’autres cas, ce sont des avantages en nature qui peuvent être obtenus : aménagement du temps de travail, formations… Autre voie, «   vous pouvez demander à vous voir confier des tâches supplémentaires, sources de nouvelles responsabilités : de quoi apporter de l’eau à votre moulin lors d’une future demande d’augmentation ». 

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Mentionner une augmentation accordée à un collègue est un faux pas typique. « Seuls des faits reposant sur une base juridique ou managériale, comme l’existence d’une discrimination hommes/femmes ou la revalorisation de l’ensemble des salaires, sauf du vôtre, peuvent être valablement avancés », précise Sophie Cavaliero. Mieux vaut également s’abstenir de préciser le montant de l’augmentation réclamée, si l’on ne dispose pas d’une base de calcul argumentée et crédible. Autres attitudes à proscrire : le chantage affectif, les remarques vexatoires, la menace de démissionner, « Ce qui vous obligerait à le faire en cas d’échec de la négociation ! », met en garde Daniel Porot. Enfin, évitez la fin de l’année pour négocier, car « c’est traditionnellement le moment où les augmentations sont distribuées entre tous les salariés, et les tranches du gâteau sont très fines ! », précise-t-il.

Si la demande d’augmentation n’aboutit pas, on peut proposer des avantages en nature : remboursement de ses transports, aménagement de son temps de travail, une formation, de nouvelles responsabilités, etc.
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