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Publié le 2 mai 2017
Par Christine Julien
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La branche pharmacie a demandé deux études à l’Observatoire des métiers des professions libérales (OMPL). L’une, statistique et prospective, dressera un état des lieux des métiers à l’officine. L’autre évaluera l’application des grilles de classification sur le terrain. Les résultats sont attendus à l’automne.

Ce n’est pas une, mais deux études que la branche officine a « commandées » à l’Observatoire des métiers dans les professions libérales (OMPL). Comme en 2012(1), l’OMPL va dresser un portrait global de la pharmacie, avec une étude statistique et prospective. Nouveauté 2017, cette analyse sera complétée par une enquête sur l’application de la grille de classification à l’officine. Ce deuxième volet a débuté le 15 avril et s’achèvera le 1er juin 2017. Certains d’entre vous seront peut-être sollicités…

9 mois pour tirer le portrait

Premier volet du portrait de la branche, l’étude « classique » statistique et prospective a débuté en janvier 2017 et sera finalisée à l’automne. Structuration de l’emploi, rémunération, formation ou mobilité professionnelle sont analysées. « Nous faisons un cadrage en utilisant différentes sources statistiques pour établir un portrait des entreprises et des salariés », explique Carole Marie, consultante du cabinet Quadrat-Études, chargé de l’étude pour l’OMPL. Cette partie « statistique » est quasi finalisée. Elle sera complétée par une « enquête de terrain » qui commencera en septembre. « Nous interrogerons une vingtaine de personnes, organismes de formation, pharmaciens, cabinets de recrutement ou comptables, qui connaissent bien la branche pour démarrer la démarche prospective. Nous allons identifier les facteurs de changement de la profession, et différentes problématiques », précise la consultante. L’objectif étant d’envisager le futur pour s’adapter… Les résultats complets seront publiés à l’automne. Ils seront sans doute accompagnés des conclusions de l’étude sur la grille de classification qui vient de débuter.

Il est beau mon coeff, il est beau…

100, 125, 240 ou 500…, la grille de classification, prévue par la convention collective, détermine les salaires minimaux en fonction de la situation des salariés : diplôme, ancienneté, responsabilités (voir encadré à gauche)… « L’objet de la deuxième enquête sur l’application des grilles dans la branche est bien de mesurer les écarts entre la grille existante et la réalité », pointe Carole Marie. Pour sa part, Noémia Marques, déléguée générale de l’OMPL, reste prudente : « Il ne faut pas partir avec des idées préconçues. Attendons de voir ce que cela donne ». Et de préciser : « Il ne s’agit pas de contrôler les pharmaciens, mais de faire une mise à plat ».

Quadrat-Études, via le prestataire spécialisé Telpro, va questionner par téléphone des employeurs et leurs salariés. « Nous demandons aux titulaires s’il veulent bien communiquer les informations figurant sur les fiches de paie de leurs salariés : date d’entrée dans la pharmacie, type de contrat, rémunération de base, prime. On les interroge aussi sur le coefficient », explique la consultante. Les mêmes informations sont sollicitées auprès des salariés, qui sont appelés à la pharmacie ou chez eux, afin de croiser les informations, qui ne sont que déclaratives. Et de vérifier que la date d’obtention du diplôme et les années de pratique professionnelle sont en adéquation avec le coefficient. D’ici le 1er juin, le cabinet d’études vise 250 réponses pour 100 officines.

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Les syndicats salariés n’ont pas attendu pour se faire entendre. « Il s’agit clairement d’une manière de gagner du temps pour les organisations patronales », s’exaspère Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral de Force ouvrière. Il redoute que les syndicats patronaux ne tiennent pas compte des résultats lors des prochaines négociations sur les classifications pour les préparateurs, dont la grille a déjà été ajustée, avec le remplacement des deux premiers coefficients et l’introduction du 320. « “On’’ nous a dit [ndlr : les organisations patronales] que nous n’y reviendrons pas ». En revanche, « nous allons essayer d’obtenir quelque chose pour les employés et les adjoints, dont la classification reste problématique », souligne Olivier Clarhaut, qui ne baisse pas les bras.

Des désirs pour des réalités

Pour Christelle Degrelle, une éventuelle révision des coefficients pour les préparateurs se fera… « aux calendes grecques. Les titulaires vont encore sortir les mouchoirs », plaisante la préparatrice représentante CFE-CGC et vice-présidente de la CPNE-FP. Si elle reste méfiante quant à la portée des résultats de cette étude sur la fiche de paie, elle la juge intéressante pour « connaître les salaires réels en officine par rapport à la grille, voir si la progression chez les adjoints est bien appliquée et s’il existe des disparités régionales ».

Naissance et mort de métiers

« On a déjà travaillé sur la classification des préparateurs », confirme Philippe Denry, président de la CPNE-FP et représentant de la FSPF, syndicat patronal. L’enquête va, selon lui, permettre de toiletter la classification en mettant en évidence de nouveaux métiers et l’obsolescence d’autres. « Les pharmaciens classent peut-être différemment les préparateurs selon qu’ils s’occupent des robots ou font de la PDA ». Pour lui, l’enquête ne sert pas seulement à travailler sur les rémunérations ou à vérifier le respect de la progression des coefficients selon la pratique professionnelle. « Ce n’est pas forcément par mauvaise volonté si la grille n’est pas toujours respectée. Certains titulaires zappent la progression automatique des coefficients » en oubliant la date d’obtention du BP ou le changement de coefficient. La faute au comptable peut-être… Les préparateurs peuvent « découper la grille avec les coefficients publiée dans Porphyre », plaisante le représentant de la FSPF. Pour la montrer à leur titulaire ? Vivement les résultats quand même…

(1) Portrait de branche, mars 2012, OMPL, à télécharger sur le site de l’OMPL : http://bit.ly/2otBJDF

Trois grilles

À l’officine, les emplois sont classés selon trois grilles :

→ les employés, avec quatorze coefficients du 100 au 200 ;

→ les préparateurs, avec neuf échelons ;

→ les pharmaciens, avec six coefficients, du 400 au 800.

En 2016, deux autres coefficients sont apparus (250 et 320) et le 230 a disparu, mais la dernière révision des qualifications date de 2008.

Zoom sur l’OMPL

→ L’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les professions libérales a été créé en 2005 par l’Union nationale des professions libérales (UNAPL) et les cinq syndicats de salariés alors représentatifs au plan national (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT et FO). La pharmacie d’officine est l’une des treize branches participant à l’OMPL, avec notamment les dentistes, les architectes, les experts auto, les cabinets médicaux…

Cette association loi 1901 répond aux demandes spécifiques de la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle (CPNE-FP) sur les questions de l’emploi et de la formation, dresse un état général de l’emploi et des qualifications dans les entreprises libérales et réalise des études prospectives sur leur évolution.