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Du RSI à la SSI
Le Journal officiel du 31 décembre 2017 entérine la fin du régime spécifique de protection sociale des indépendants. Sous le feu des critiques, le destin du RSI a été scellé par une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Ses affiliés sont désormais intégrés au régime général, par l’intermédiaire de la Sécurité sociale des indépendants (SSI).
Qualifié de « catastrophe industrielle » par la Cour des comptes en 2012, le régime social des indépendants n’a pas passé le cap du 31 décembre 2017. La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 intègre le régime social des indépendants (RSI) au régime général. Cette réforme de grande ampleur sera orchestrée sur deux ans. Mais la Cnamts l’assure, si le RSI est mort le 31 décembre 2017, ses spécificités demeurent.
Comment la suppression du RSI va-t-elle prendre forme ?
« L’article 15 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 ne prévoit pas la suppression pure et simple du régime des indépendants mais l’absorption par le régime général des missions du RSI au terme d’un processus de deux ans », explique Stéphane Seiller, directeur général du RSI. En d’autres termes, il s’agit du transfert d’un fichier informatique d’administrés d’une entité publique à une autre. « Pour l’usager tout change mais dans la continuité », résume Aurélie Combas- Richard, directrice du projet à la Cnamts. Depuis le 1er janvier 2018, la protection sociale du pharmacien exerçant en nom propre n’est plus assurée par le RSI mais par la Sécurité sociale des indépendants (SSI) : cette nouvelle structure est rattachée à la Cnamts.
Quelles sont les assurances prises pour le bon fonctionnement de la fusion ?
En 2012, les magistrats de la Cour des comptes ont pointé du doigt la précédente réforme du RSI (2008) qui devait mettre en place un guichet unique. Ils estiment que les dysfonctionnements ont pour cause « des compromis institutionnels laborieux et une mésestimation des contraintes techniques ». Afin de prendre en compte ces remarques, la gestion des systèmes d’information est mutualisée dans un groupement d’intérêt économique associant le régime général et la SSI. Un comité de surveillance composé de personnalités indépendantes est chargé de s’assurer de l’adéquation des ressources humaines et informatiques. Consciente des attentes et du mécontentement des usagers, Aurélie Combas-Richard se veut rassurante : « Nous nous sommes attachés à élaborer un système informatique interopérable entre les différents intervenants. Les deux ans d’entrée en vigueur vont permettre une prise en charge progressive. »
Le pharmacien titulaire a–t-il des démarches à effectuer ?
Ce changement est indolore pour le titulaire qui n’a aucune démarche particulière à effectuer. Le transfert se fait automatiquement. « Une simple mise à jour de la carte Vitale sera éventuellement nécessaire », détaille Aurélie Combas-Richard.
Quels sont les numéros et points de contact de la SSI ?
Les équipes, agences, numéros de contact, adresses mail et références de compte client en ligne restent les mêmes. Seule l’adresse d’accès du site internet est modifiée (secu-independants.fr). Dès à présent, le titulaire rencontrant des difficultés peut s’adresser au bureau de la SSI ou directement à la caisse primaire d’assurance maladie. En 2020, la CPAM du siège social de la pharmacie sera l’interlocuteur unique du titulaire. « Certains sites pourront être fermés et le personnel redéployer, mais il est trop tôt pour en dire plus. Il faudra étudier ce dossier en prenant en compte les particularités de chaque territoire, les envies et contraintes personnelles des agents, les remarques du comité de surveillance », précise Stéphane Seiller.
Un guichet unique sera-t-il mis en place au sein du régime général pour une prise en charge particulière des indépendants ?
« L’essence de la réforme est la fusion, il n’y aura donc pas de guichet unique réservé aux indépendants. L’ensemble du personnel sera formé pour les prendre en charge », précise Aurélie Combas-Richard. Le logiciel de traitement des dossiers signale à l’agent qu’il s’entretient avec un indépendant. Il pourra ainsi adapter son discours aux spécificités du régime.
Le montant des cotisations est-il impacté par cette fusion ?
Les modalités de calcul des cotisations restent identiques. Toutefois, indépendamment de la transformation du RSI, la loi de financement de la Sécurité sociale prévoit une baisse de la cotisation des allocations familiales de 2,15 points et un accroissement de l’exonération des cotisations d’assurances maladie et maternité selon les seuils prévus par le texte (article 8). Ce changement a pour but de compenser l’augmentation de la CSG.
A qui le titulaire devra payer les cotisations ?
Depuis le 1er janvier, l’Urssaf est le seul organisme de recouvrement des cotisations. Les titulaires ne recevront qu’un seul échéancier. Les paiements se feront par le système de l’autoliquidation. Ainsi, les variations de revenus seront prises en compte instantanément. Par ailleurs, l’Urssaf va mettre à disposition une offre de service personnalisé pour répondre au besoin d’accompagnement tant lors de la création que lors de difficultés financières. Par exemple, « l’Urssaf pourra accorder des délais de paiement avant la survenue des difficultés financières », illustre Eric Le Bont, directeur national du recouvrement des travailleurs indépendants.
Qui est responsable du versement des prestations ?
Depuis le 1er janvier, l’Assurance maladie prend la responsabilité de verser les prestations maladie ou maternité aux titulaires. En 2020, elle traitera l’ensemble du dossier de l’indépendant de son inscription à son départ à la retraite, en passant par le versement des prestations.
En revanche, le système de retraite des pharmaciens reste autonome. Les prestations de retraite complémentaire demeurent versées par la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP).
En cas de maladie, les prestations seront-elles les mêmes que celles des salariés ?
L’intégration du RSI au régime général ne modifie pas le montant des prestations. « Depuis de nombreuses années, les autorités paritaires du RSI ont engagé un travail d’alignement des prestations des indépendants sur celles des salariés, dans de nombreux domaines. Aujourd’hui, les prestations sont quasi similaires », déclare Aurélie Combas-Richard. Par ailleurs, les offres d’accompagnement spécifiques contre le cancer ou le burn-out, par exemple, seront reprises.
Au comptoir, que vérifier ?
Par précaution, le pharmacien devra vérifier la mise à jour de la carte Vitale de l’indépendant. L’un des avantages de cette intégration est de mettre fin à des incohérences dans les prises en charge des prestations par certains délégataires. « Les CPAM ont les moyens juridiques d’imposer le respect des règles de prise en charge là où le degré d’autonomie des délégataires du RSI pouvait poser problème », conclut Aurélie Combas-Richard.
• Depuis le 1er janvier 2018 s’ouvre une période transitoire permettant, au 1er janvier 2020, l’absorption du RSI par la Cnamts.
• Pendant cette période transitoire, le RSI devient la SSI.
• Cette réforme n’implique pas un alignement des prestations des indépendants sur celles des salariés.
• La règle de calcul des cotisations reste identique. Elles seront recouvrées par l’Urssaf.
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Par Anne-Charlotte Navarro – Infographie : Franck L’Hermitte
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