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Mon espace santé s’active
Le 3 février 2022, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a lancé officiellement Mon espace santé. Cet outil numérique vise à remplacer le laborieux dossier médical partagé (DMP). Avec des fonctionnalités supplémentaires.
A quoi sert Mon espace santé ?
Mon espace santé est un espace numérique personnel destiné à chaque assuré d’un régime d’assurance maladie français (Assurance maladie, régime agricole, etc.). Il va remplacer le dossier médical partagé (DMP) et apporter de nouveaux services à chaque usager. Mon espace santé doit ainsi lui permettre de stocker des informations de santé et des documents et de les échanger avec les professionnels de santé qui l’accompagnent et le soignent. Ce partage des données a également pour objectif de favoriser la continuité des soins en ville et à l’hôpital.
Comment vont être créés ces espaces ?
De début février à fin mars, 65 millions d’e-mails et de courriers seront envoyés aux assurés (ce nombre comprend les enfants) afin de les informer de l’ouverture de leur espace personnel. Les assurés ont alors six semaines, à réception de la notification, pour s’opposer à la création de Mon espace santé. Sans action de leur part, l’Assurance maladie l’attribue automatiquement. Les envois seront réalisés progressivement par départements selon leur numérotation, dans un ordre croissant.
Les assurés peuvent aussi créer eux-mêmes leur espace sur le site monespacesante.fr grâce à un code qui leur est envoyé par SMS ou courriel. A tout moment, ils peuvent activer ou clôturer leur profil.
Mon espace santé est accessible sur ordinateur, tablette et smartphone via une application bientôt disponible qu’il faudra télécharger.
Que va contenir Mon espace santé ?
Il comprend quatre fonctionnalités.
– Le dossier médical : dans la rubrique « Documents », l’usager peut ajouter tous les documents qu’il souhaite (ordonnances, résultats d’analyse, etc.). S’il avait ouvert un DMP, il retrouvera son contenu. Les professionnels de santé (médecin traitant, pharmacien, praticiens d’un établissement de santé) peuvent également envoyer des documents, comme le volet médical de synthèse pour le médecin traitant. Les preuves de tests de dépistage du Covid-19 et les attestations de vaccination contre le virus seront versées automatiquement dans la rubrique « Documents ». De la même façon, il est prévu qu’au printemps le carnet de vaccination soit mis à jour à partir des données enregistrées dans le téléservice Vaccin Covid. Le dossier médical est complété d’un « Profil médical » (mesures, allergies, antécédents familiaux, hospitalisations, etc.) que l’assuré peut renseigner. Le système permet de télécharger une synthèse de son profil médical au format PDF et de l’envoyer aux professionnels de santé de son choix. Le « Profil médical » comprend également une rubrique « Vaccinations ».
– La messagerie citoyenne sécurisée garantit la sûreté et la confidentialité des échanges avec les professionnels de santé en ville et à l’hôpital. Les échanges se font uniquement à l’initiative du professionnel de santé. La messagerie permet ainsi d’envoyer un renouvellement d’ordonnance, une lettre d’orientation, une convocation postopératoire. L’adresse e-mail est attribuée automatiquement à l’usager dès l’activation de son espace. Mais pour échanger avec un patient, le professionnel de santé devra retrouver son identité nationale de santé (son INS, soit le numéro de Sécurité sociale) dans le dossier patient de son logiciel métier ou en faisant appel au téléservice INSi via son logiciel. L’e-mail du patient est en effet ins@patient.mssante.fr.
– Un agenda médical permet de centraliser en une seule rubrique les rendez-vous médicaux et de partager de façon sécurisée ce calendrier avec les professionnels de santé. Selon l’Assurance maladie, à terme, l’usager pourra recevoir des rappels personnalisés pour les vaccins et dépistages recommandés.
– Le catalogue d’applications et de services : il s’agit d’outils numériques de santé et de bien-être. Certaines applications pourront échanger avec la rubrique « Profil médical » : par exemple un lecteur de glycémie numérique pourra envoyer les mesures à Mon espace santé. Tous les services et applications devront être référencés par les pouvoirs publics avant d’être intégrés au catalogue. L’agenda et le catalogue seront disponibles courant 2022.
Comment sont sécurisées les données de santé ?
Les données personnelles de ces espaces sont hébergées en France sur des serveurs « répondant aux plus hautes normes de sécurité (notamment la certification “hébergeur de données de santé”) », selon le ministère des Solidarités et de la Santé. De fait, celui-ci ainsi que l’Assurance maladie garantissent leur confidentialité et leur sécurité. Les données sont chiffrées, leur traitement est soumis au règlement général sur la protection des données (RGPD) et fait l’objet d’une surveillance de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). L’Etat, l’Assurance maladie, les assurances et mutuelles, les employeurs n’ont aucun accès aux données.
Qui y aura accès ?
C’est l’usager qui autorise les professionnels de santé à accéder aux documents de son dossier médical. En outre, une « matrice d’habilitation » définit le type de documents auquel chaque professionnel de santé peut accéder en fonction des informations qui lui sont utiles pour la prise en charge du patient. Par exemple, un podologue ne peut pas consulter un compte rendu d’hospitalisation. Enfin, l’usager est averti à chaque fois qu’un document est envoyé ou modifié dans son dossier médical ou lorsqu’un professionnel de santé accède à ses informations de santé.
Comment les professionnels de santé vont-ils l’alimenter ?
La réussite de Mon espace santé dépend des documents que vont envoyer les professionnels de santé. De fait, l’échec du DMP est largement dû au fait que les médecins traitants ne l’ont pas alimenté. La plupart des 10 millions de DMP ouverts (l’objectif était de 40 millions de dossiers créés d’ici 2023) sont ainsi restés des « coquilles vides ».
La problématique des médecins, en particulier généralistes, est en effet de ne pas pouvoir « ranger » les documents automatiquement dans le dossier du patient concerné. La solution ? Rendre les logiciels métiers interopérables et compatibles avec Mon espace santé. Pour résoudre ce problème de taille, le gouvernement a lancé en 2020 le Ségur du numérique en santé et investit 2 milliards d’euros afin de moderniser les logiciels métiers des soignants libéraux, hospitaliers et du médicosocial (dont 1,4 milliard d’euros sur trois ans pour le partage des données et 600 millions sur cinq ans pour le secteur médicosocial).
Ces mises à jour, disponibles gratuitement pour tous les professionnels à partir de 2022, vont donc permettre une alimentation quasi automatique, un usage facilité de la messagerie sécurisée et le déploiement de la e-prescription. L’objectif est d’atteindre 250 millions de documents médicaux envoyés annuellement aux patients dans Mon espace santé d’ici 2023, soit 25 fois plus qu’actuellement.
Quels usages pour les pharmaciens ?
Les usagers peuvent par exemple envoyer, via la messagerie sécurisée, le résumé de leur profil médical à leur pharmacien s’ils souhaitent lui communiquer certaines informations, ainsi que des ordonnances en attendant la mise en œuvre de l’e-prescription. La messagerie est utile au pharmacien pour adresser des conseils ou des informations sur les traitements. Mon espace santé doit ainsi permettre le développement de l’usage des messageries sécurisées par les professionnels de santé avec leurs patients, mais également entre eux.
Pour toute question sur l’utilisation du DMP ou de la messagerie santé, les professionnels de santé disposent d’un numéro d’appel, le 36 08.
Quels peuvent être les freins au déploiement de Mon espace santé ?
Deux freins peuvent jouer en défaveur de Mon espace santé : l’adhésion des usagers et la fracture numérique. Pour inciter les Français à utiliser l’outil, une campagne de communication est lancée en février avec le slogan « Mon espace santé – Vous avez la main sur votre santé ». Quant à la fracture numérique, des partenariats ont été noués avec des acteurs du numérique pour accompagner les usagers et « favoriser l’inclusion numérique ».
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