« En cas de conflit, le pharmacien doit amener le dialogue mais rester ferme »

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Publié le 1 novembre 2010
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Il est le responsable du collectif des aumôniers musulmans des hôpitaux de Paris. Il a étudié trois ans la théologie à la Mosquée de Paris et un an la laïcité à l’Institut catholique de Paris. Il accompagne et réconforte, à leur demande, les malades musulmans et leur famille à la Pitié-Salpêtrière et à Necker. Il est, selon ses dires, « un médiateur entre le monde médical et le monde spirituel ».

D’où peuvent provenir les problèmes avec les patients musulmans ?

• Le culte musulman ne pose pas de problèmes majeurs en tant que tel. Il faut toujours avoir à l’esprit que l’individu prime, que sa santé morale et physique doit toujours être prioritaire. Les prescriptions des médecins doivent être respectées, car mettre sa santé ou sa vie en danger n’est pas permis par le Coran. De manière générale, c’est la vie qui est privilégiée.

Les problèmes rencontrés par les professionnels de santé viennent d’une mauvaise interprétation des textes plutôt que de la religion elle-même. Le manque d’éducation favorise la perpétuation des traditions, les réflexes et le manque de prise de recul par rapport aux rites religieux. Certaines personnes, souvent âgées, ont tendance par excès de piété ou par peur de la mort à adopter des comportements exagérés. Mais certains jeunes également, par influence piétiste du Moyen-Orient et par révolte, tombent dans l’excès. C’est le cas des patients qui refusent de prendre leur insuline pendant le ramadan alors qu’elle leur est indispensable ou ceux qui refusent un traitement car il contient de l’alcool ou de la gélatine de porc.

Quelle attitude adopter en cas de « conflit » à l’officine ?

• Il faut essayer d’amener le dialogue jusqu’où il est possible de le faire. Et puis, en cas de conflit à propos d’un médicament, par exemple, s’il est possible pour le pharmacien d’aménager le traitement, alors il est préférable qu’il le fasse. Sinon, tant pis ! Le pharmacien ne doit pas céder devant des attitudes exagérées. Il doit rester ferme et rappeler au malade qu’il est là pour le soigner. En cas d’impossibilité de communiquer, il faut réorienter le malade vers le médecin, car, pour les musulmans, celui-ci est responsable de ce qu’il prescrit. Si cela est possible, faire appel à un imam modéré, qui jouera alors son rôle de médiateur. De manière générale, les imams et les professionnels de santé ont tout intérêt à travailler ensemble.

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