Des honoraires pour améliorer la prise en charge des toxicos ?

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Publié le 7 février 2009
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L’Académie de pharmacie s’est prononcée en faveur d’honoraires de responsabilité des pharmaciens pour la délivrance des médicaments de substitution aux opiacés. Elle souhaite aussi que le nombre de patients suivis dans chaque officine soit limité.

La mortalité par surdose d’héroïne a été globalement divisée par 10 depuis la mise en place de la politique de substitution au milieu des années 1990 […] », se félicite l’Académie de pharmacie dans son rapport « Bilan des politiques publiques en matière de substitution aux opiacés » remis le 28 janvier. Afin d’améliorer encore la prise en charge, l’Académie recommande de détacher la rémunération du pharmacien du montant de l’ordonnance et incite à réfléchir au principe d’honoraires de responsabilité. « Quand on prend en charge un patient et qu’on lui délivre son traitement, parfois à la journée, le prix de ces médicaments est effectivement insuffisant en regard du temps passé », juge Gilles Bonnefond, de l’USPO. « La rémunération de l’acte de délivrance – 0,30 Euro(s) par boîte – a déjà existé mais a été supprimée », indique d’ailleurs Thierry Kin, chef de projet Méthadone chez Bouchara-Recordati.

Pas de primoprescription de méthadone en ville

Par ailleurs, l’Académie se déclare favorable au maintien de la buprénorphine sur la liste I des substances vénéneuses. Favorable aussi « à la mise en place d’un parcours de soins incluant un médecin et un pharmacien référent nominativement désigné sur l’ordonnance ». En l’absence de désignation nominative du pharmacien, la dispensation de Subutex ou de ses génériques « doit être limitée à une seule unité du plus petit conditionnement disponible ». Pour la méthadone, une harmonisation de la durée de prescription et de dispensation avec la buprénorphine est souhaitée, mais pas question d’envisager des primoprescriptions hors d’un centre spécialisé.

Etablir des quotas de malades par pharmacien

Les académiciens sont également pour la mise en place d’un quota limitant le nombre de malades suivis par un praticien ou un pharmacien. Et si on dépasse les quotas ? « Une autorisation ordinale doit l’entériner. » Afin d’assurer « un suivi raisonnable et efficace », les chiffres avancés sont de 20 patients substitués par la buprénorphine et 10 par la méthadone. « Ces quotas me gênent, réagit Thierry Kin. Ils renvoient à trop de représentations négatives. Qui veut-on protéger ? Les usagers ? Les pharmaciens ? L’académie ou d’autres institutions imaginent-elles limiter le nombre de patients diabétiques ou insuffisants cardiaques dans les cabinets médicaux ou dans les pharmacies ? » L’académie est très claire : pas de refus de dispensation, hors ordonnance manifestement non recevable. « Ce qui pourrait être assimilé à une faute professionnelle. »

Enfin, pour l’Académie, « les malades substitués devraient être suivis dans le cadre du dossier pharmaceutique et devraient choisir annuellement leur officine. Il paraît également utile de diffuser une information sur les dérives de la substitution et ses conséquences pour les patients. Et, subsidiairement, sur la place et l’image des pharmaciens dans le système de santé ».

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Les regrets de l’Académie

– Une dispensation trop rapide, liée parfois à des patients violents ou menaçants.

– Des refus trop fréquents de délivrer des TSO.

– Peu de formations dispensées aux étudiants ou aux professionnels.

– L’appât du gain chez certains.