Violences sexistes et sexuelles : les facultés de pharmacie entrent en action

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Violences sexistes et sexuelles : les facultés de pharmacie entrent en action

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Publié le 2 décembre 2022
Par Yves Rivoal
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Publiée en début d’année, l’enquête sur les violences sexistes et sexuelles pendant les études de pharmacie réalisée par l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) avait fait du bruit. On y apprenait que 49 % des étudiants interrogés avaient fait l’objet de remarques sexistes au sein du milieu universitaire, que 24 % avaient subi des agressions sexuelles, et que 3,3 % avaient été violés.

Près d’un an plus tard, les choses semblent avoir évolué dans le bon sens d’après Valentine de Sauville, la vice-présidente en charge des affaires sociales de l’Anepf. « J’ai le sentiment que cette publication a permis une prise de conscience sur la réalité d’un phénomène qui touche toutes les facultés, tout en libérant la parole des victimes, estime-t-elle. Cette prise de conscience a d’ailleurs été renforcée par les conférences de sensibilisation que les associations locales de l’Anepf ont organisées à l’occasion des week-ends de bienvenue ou tout au long de l’année sur les campus. Certaines facultés ont également organisé des groupes de travail réunissant enseignants et étudiants. »

Tolérance zéro

La Conférence nationale des doyens des facultés de pharmacie (CNDFP) s’est elle aussi emparée du sujet. « Après la sidération provoquée par les résultats de cette enquête, tous les doyens ont organisé des campagnes d’information et de sensibilisation auprès des enseignants pour leur rappeler qu’une tolérance zéro devait être appliquée en la matière, assure Gaël Grimandi, son président. Autrement dit, dès qu’un événement de cet ordre nous est signalé sur ou dehors du campus, une procédure disciplinaire est engagée. » Toutes les facultés ont par ailleurs organisé des sessions d’information pour les étudiants, et plus particulièrement ceux de deuxième et troisième années. Elles ont également désigné leur référent CNA (Centre national d’appui) qui a pour mission de gérer les incidents, d’accueillir et d’orienter les victimes, de faire remonter les problèmes du terrain, et de mettre en œuvre les mesures de prévention nécessaires.

La CNDFP a enfin rédigé un guide de signalement qui détaille le dispositif de prévention et de prise en charge des violences sexuelles et sexistes pour les étudiants en pharmacie. « Il contient également la charte d’engagement des doyens qui a été rédigée suite à la publication de l’enquête de l’Anepf », ajoute Gaël Grimandi qui observe lui aussi un changement positif dans les comportements. « Au début, tout le monde plaisante. Mais dès que l’on entre dans le vif du sujet, les étudiants de deuxième et troisième années deviennent alors beaucoup plus sérieux. On ne pourra jamais éradiquer les comportements inadaptés, mais ils savent désormais qu’il n’y aura aucune tolérance, et cela peut faire réfléchir certains. Nous avons par ailleurs demandé à l’Anepf de relancer une enquête pour voir si la situation s’est améliorée ou pas », conclut le président de la CNDFP.

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