Le cytomégalovirus

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Publié le 1 juin 2019 | modifié le 16 septembre 2025
Par Agathe Legrand
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Très souvent asymptomatique chez le sujet sain, l’infection au cytomégalovirus (CMV) peut être responsable de graves complications chez le fœtus et chez les personnes immunodéprimées.

Qu’est-ce que le CMV ?

Le cytomégalovirus (CMV) est un virus de la famille des herpesviridae avec une contagiosité forte. Son réservoir principal est l’homme. La séroprévalence mondiale varie entre 40 et 100 % à l’âge adulte.

Très fragile à l’extérieur du corps humain, il se transmet par contacts directs via la salive, l’urine, le sang, les tissus infectés et aussi les objets fraîchement souillés. Après la primo-infection, le virus est excrété pendant des mois voire des années, puis peut persister sous forme latente. Il peut se réactiver en cas de déficience immunitaire.

Deux pics d’acquisition sont constatés : à la petite enfance (transmission par le lait et au contact d’autres enfants en collectivité) et à l’adolescence (rapports sexuels). La contamination au cours de la grossesse est plus rare. En cas de primo-infection, le risque de transmission au fœtus est élevé (30 à 50 %).

De quoi est-il responsable ?

Chez le sujet immunocompétent, l’infection à CMV passe souvent inaperçue (60 à 90 % des cas). Dans sa forme symptomatique, il est responsable de syndromes mononucléosiques (fièvre et parfois adénopathie, splénomégalie). La résolution est spontanément favorable en 15 jours à 3 semaines. Elle est très rarement grave (2 à 5 %).

En revanche, c’est une maladie dite opportuniste parfois fatale chez les sujets immunodéficients qui peut entraîner une atteinte multiviscérale, avec plus particulièrement un tropisme pour les cellules rétiniennes (choriorétinite).

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C’est également la première cause de maladie congénitale virale et la première cause non héréditaire de perte auditive qui concerne 0,65 % des naissances dans les pays développés. Environ 12 % des enfants exposés in utero, nés asymptomatiques, développent un déficit auditif entre la naissance et l’âge de 5 ans. Le CMV chez le fœtus est également responsable d’atteintes neurologiques, hépatiques et digestives, de thrombopénie et d’un retard de croissance in utero.

Quels sont les traitements et mesures de prévention ?

Chez l’immunocompétent, le traitement est symptomatique (repos et antipyrétique).

Les traitements antirétroviraux sont indiqués uniquement chez les immunodéprimés. Tous sont des inhibiteurs de l’ADN polymérase virale (ganciclovir, cidofovir, foscavir). Ces molécules présentent une toxicité importante (notamment rénale et hématologique). L’arsenal thérapeutique limité favorise également l’émergence de souches résistantes et rend la prise en charge de ces patients difficiles.

De nouvelles molécules sont en cours d’obtention d’AMM en France (letermovir) et en essai clinique de phase III (maribavir).

Les nouveau-nés symptomatiques peuvent être traités par ganciclovir IV ou valganciclovir per os (hors AMM).

Aucun traitement n’est recommandé actuellement chez la femme enceinte et il n’y a pas de dépistage systématique en France.

Aucun vaccin n’est disponible à ce jour. Les mesures d’hygiène divisent par 2 le risque de primo-infection chez la femme enceinte et restent les seuls moyens possibles de limiter la transmission au fœtus. 

Sources : Infection grave à cytomégalovirus (CMV) : pas seulement chez les patients immunosupprimés, Rev Med Suisse , volume 6. 1918-1921, 2010 ; L’infection à cytomégalovirus : où en est-on ?, Références de santé au travail , INRS, n° 150, juin 2017 ; La prévention de l’infection au cytomégalovirus chez la femme enceinte et chez le nouveau-né, rapport du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), décembre 2018.