Antipoux : la grande bataille des produits

Les poux de tête sont un problème de santé publique avec une large gamme de traitements commercialisée en France. Pour faire le tri, quatre chercheurs français (Berthine Toubate, Aniss Louchez, Françoise Debierre et Thomas Morgenroth) ont évalué l’efficacité de 27 produits antipoux en vente libre dans les pharmacies françaises. Leurs résultats apportent un éclairage aussi scientifique qu’économique. Au-delà du côté biologique, le marché français antipoux est estimé à plus de 70 millions d’euros, un coût non négligeable pour les familles.

Étude française

Les chercheurs ont utilisé la sous-espèce Pediculus humanus humanus, présentant des réactions similaires dans des conditions in vitro aux poux de tête face aux traitements.

Pour chaque produit, 55 poux ont été testés, sur cheveux secs pour les lotions, mouillés pour les shampoings. Concernant les lentes, 51 à 145 œufs ont été déposés sur tissu la veille afin de garantir leur viabilité. Les conditions de test respectaient les consignes d’utilisation de chacun des fabricants.

À la recherche de l’efficacité

Les résultats révèlent une grande disparité d’efficacité parmi les 27 traitements testés :

• Seuls 5 produits affichent une efficacité totale (100 % sur poux et lentes), donc capables d’éradiquer complètement l’infestation en une seule application. Ils appartiennent à des catégories variées : huiles minérales, végétales, silicones ou agent cristallisant, preuve que ce n’est pas l’ingrédient principal qui fait tout, mais la formulation globale.
• 4 autres produits ont été efficaces contre les poux mais pas les lentes, un traitement incomplet donc.
• 4 ont bien agi sur les lentes mais pas sur les poux.
• Plus de la moitié des produits, 14 sur 27, se sont révélés peu ou pas efficaces.

© Moniteur des Pharmacies

Le poids économique

La majorité des ventes en pharmacie concerne des produits inefficaces ou partiellement efficaces. Les 5 produits réellement efficaces ne représentent que 27 % des ventes. À l’inverse, les produits les moins efficaces totalisent 55 % des ventes.

Cette situation est souvent liée à des allégations marketing trompeuses ou à un manque de conseil en pharmacie.

À retenir

• La majorité des traitements vendus ne garantissent pas une guérison complète.
• Une régulation plus stricte et des réévaluations régulières sont nécessaires (résistances,…).
• Une meilleure information permettrait d’améliorer l’efficacité des traitements et réduire le coût global.
• Certains ingrédients comme les silicones (diméthicone, …) s’accumulent dans les milieux aquatiques et pourraient avoir un impact sur la fertilité humaine.